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Dossier de l’été 2019 : environnement, un tournant dans le tourisme ?

Des actions concrètes, et bien sûr encore beaucoup de questions : face à l’urgence écologique, le secteur du tourisme a en tout cas plus que jamais mis le sujet de l’environnement sur la table ces derniers mois.

Si 2017 était l’année du tourisme durable pour l’OMT, c’est sans doute en 2019 que les mots écologie, environnement ou surtourisme ou compensation sont revenus le plus souvent dans les colonnes de L’Echo. Le signe d’une prise de conscience du secteur, qui s’est traduite au cours des derniers mois par de multiples engagements. Certes, la tâche est ardue, mais les  signaux du changement sont émis par de nombreux acteurs du secteur. Le discours engagé du fondateur de BlaBlaCar Frédéric Mazzella, lors des derniers Travel d’Or, rappelait en ce sens qu’il n’y a pas de « planète B ».

Courant 2018, plusieurs groupes hôteliers annonçaient déjà la fin des pailles en plastique dans leur établissement. Ce n’est pas qu’un détail : mises bout à bout, les pailles économisées chaque année par Hilton dans la zone EMEA dépasseraient la longueur de la Seine. Hurtigruten, qui multiplie les initiatives pour l’environnement, avec notamment le lancement de premier navire à propulsion hybride, s’est aussi mis à la chasse au plastique, tout comme MSC Croisières. Une mesure prise à l’échelle de certains pays aussi. Le 1er juin, la Tanzanie a interdit l’usage des sacs plastiques aux touristes, exposés à des amendes en cas d’infraction, devenant ainsi le 34e pays africain à prendre cette décision. Pour lutter contre l’invasion du plastique qui pollue ses côtes et risque de chasser les touristes, Bali a interdit le 19 juillet l’usage des pailles et des sacs dans cette matière. L’Islande, elle, a dit stop aux bouteilles d’eau en plastique. 

Nouveaux engagements, nouveaux concepts

Certaines destinations sont en effet contraintes de prendre des mesures drastiques pour protéger leur environnement… et leur tourisme. Fin 2018, fermée depuis six mois pour une veste opération de nettoyage, l’île de Boracay, aux Philippines, à ainsi finir par rouvrir, mais en imposant des quotas. En Thaïlande, la baie rendue célèbre par le film La Plage ne rouvrira finalement pas avant 2021, pour laisser aux récifs coralliens le temps de se refaire une santé. En Islande, un canyon rendu célèbre par Justin Bieber a lui aussi été fermé plusieurs mois pour le protéger. Certaines villes instaurent aussi des taxes (ou envisagent de le faire) pour maîtriser l’afflux de touristes et l’impact sur leur environnement et/ou la qualité de vie des habitants : citons notamment Venise, Bruges, Bali ou encore Edimbourg… La liste n’est pas exhaustive. Le concept de destination responsable s’affirme, notamment sur le segment du voyage d’affaires. La France a ainsi lancé un chantier de certification de neuf villes qui répondront à la norme ISO 20121, qui permet à toute entité qui « contribue à la conception et la mise en œuvre d’événements » de définir une stratégie de développement durable et de la déployer. Parallèlement, toujours dans l’Hexagone, les parcs naturels de l’Hexagone développent leur offre de séjour pour se positionner comme des destinations écotouristiques  à part entière. Le Région Auvergne Rhône-Alpes a ainsi repositionné sa stratégie sur un tourisme bienveillant, quand la Tunisie s’apprête à communiquer à partir de la rentrée sur son offre alternative et durable.

Du côté des voyagistes, Thomas Cook, a annoncé son entrée au sein de l’association ATR « en qualité de membre actif ». « Le tourisme responsable répond aux nouvelles attentes des voyageurs du XXIe siècle. En tant que pionnier du secteur et acteur majeur de cette industrie, nous pensons que notre engagement aux côtés d’ATR est essentiel, gage d’une politique à long terme et plus globale de responsabilité sociétale », affirmait alors Nicolas Delord, le président de Thomas Cook France. En avril dernier, l’association qui réunit 14 voyagistes labellisés*, militait d’ailleurs pour un renforcement des critères. “A ce jour, nous n’imposons pas la compensation aux entreprises. Mais nous allons effectuer des évaluations pour aller jusqu’à la rendre obligatoire », indiquait en avril Julien Buot, son directeur. Salaün, qui a le projet de compenser toutes ses émissions carbone, a obtenu le label en décembre 2018. Voyageurs du Monde, qui compense déjà tous les voyages de ses clients, veut aussi mettre en place la compensation volontaire. « Face au réchauffement climatique, notre industrie est en danger », déclarait en mars dernier son patron, Jean-François Rial. De son côté, Toundra Voyages détaillait récemment dans L’Echo touristique sa stratégie pour opérer son virage responsable. La compagnie Ponant a quant à elle lancé sa fondation. Du côté des start-up, un incubateur dédié au tourisme durable a vu le jour en mai, quand Booking continue à soutenir les jeunes pousses qui œuvrent dans ce domaine.

La prise de conscience liée à l’environnement donne aussi naissance à de nouveaux concepts : le groupe Lux a ainsi lancé la marque Salt, dont le premier établissement a ouvert à Maurice fin 2018. Le cinq étoiles de 59 chambres a été conçu pour répondre à de nombreux critères de développement durable : rencontre avec la population, restauration locavore et zéro déchets… Dans l’hôtellerie se développent également des concepts d’hébergements mobiles, qui revendiquent une approche écoresponsable. Point commun entre Flying Nest et Anthénéa ? Ils pourraient à leur façon contribuer à développer des destinations éphémères et respectueuses de l’environnement. Une nouvelle voie qu’ils entendent en tout cas bien explorer. 

Le Bourget sous pression

Depuis quelques mois, les regards se sont aussi braqués sur l’aérien. Grand-messe de l’aérien, le salon du Bourget, était placé cette année sous le signe de l’urgence écologique, alors que la “honte de prendre l’avion” (flightshame) faisait régulièrement la Une des médias. Quelques semaines plus tard, le gouvernement français décidait d’instaurer une écotaxe très controversée sur les billets d’avion. Cette éco-contribution, qui devrait être mise en place dès 2020, coûterait de 1,50 à 18 euros sur les vols au départ de la France. Certains pays européens ont déjà pris des mesures semblables, en Allemagne, au Royaume-Uni, en Norvège, ou en Suède. Reste aussi à savoir quels efforts les voyageurs sont prêts à faire. Une récente étude menée par le cabinet Protourisme montre que seuls 27,1% des personnes interrogées déclarent avoir modifié leur comportement pour des questions liées à l’environnement. D’après un sondage* commandé par Comptoir des Voyages, 63% des Français interrogés seraient en revanche prêts à renoncer à visiter un site majeur s’il est trop fréquenté. Et ce même s’ils savent qu’ils ne reviendront probablement jamais. Pour 42% des sondés, voyager en décalé serait la solution la plus adaptée pour lutter contre le surtourisme. 22% d’entre eux vont plus loin et seraient pour une mise en place de quotas de visiteurs, comme aux îles Galapagos par exemple. 15% préconisent de privilégier les destinations hors des sentiers battus. Des envies de voyager « autrement » que les pros ne manquent pas de scruter à la loupe…

*Les 14 voyagistes labellisés ATR sont Salaün Holidays, Voyageurs du monde, Chamina Voyages, Grand angle, L’Arbre à voyages, Circuits découverte by Club Med, Atalante, Allibert Trekking, Comptoir des voyages, Double sens, La Balaguère, Terres d’aventure, les Ateliers du voyage et Nomade.

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