Voyager avec son influenceur préféré : une tendance qui gagne du terrain ?
Alors que les stars des réseaux sociaux avaient jusqu’à présent un rôle plutôt prescriptif, certains participent désormais aux voyages avec leurs abonnés.
Il y a quelques mois, l’influenceuse Maddie Dragsbae publiait sur YouTube une vidéo intitulé « J’ai voyagé en Italie et en Grèce avec 40 de mes abonnés ». Une vidéo qui pourrait être anecdotique si elle ne traduisait pas une tendance, certes encore marginale, mais qui prend progressivement de l’ampleur : le voyage avec des créateurs de contenus. Alors que les stars des réseaux sociaux avaient jusqu’à présent un rôle plutôt prescriptif, en conseillant telle ou telle destination ou hôtel avec leur vidéo, désormais ils « brisent le quatrième mur » et participent concrètement aux voyages avec leurs abonnés. Pour le client final, voyager avec un influenceur Instagram, Facebook ou TikTok signifie qu’il partira avec d’autres personnes qui suivent l’influenceur et apprécient les mêmes choses.
Maddie Dragsbae fait donc partie du nombre croissant de créateurs qui ont font du voyage avec leur communauté une activité lucrative en soi. Car elle est loin d’être la seule. Son voyage est l’un des 500 voyages organisés par l’agence de voyages Trova Trip en 2023. Soit près de 200 de plus qu’en 2022 . Fondé en 2017 par Lauren Schneider, Trova Trip est une agence qui connecte les influenceurs, les tour-opérateurs et les clients finaux.
Une meilleure rétribution pour l’influenceur
En France, Goamigo s’est placé sur ce même créneau depuis 2022. Interrogé par TOM. Travel, son fondateur, Charly Verchere, lui-même fils d’agent de voyage (Colombus Voyages à Nîmes) explique : « La nouvelle génération de voyageurs ne se retrouve plus dans l’offre classique et est particulièrement influencée par ce qu’elle voit sur les réseaux. Nous ne venions pas du tout du monde de l’influence mais le concept nous a paru intéressant dans un marché où il est de plus en plus difficile de « remplir » les voyages. Nous ne nous servons pas de ces prescripteurs comme de simples « panneaux publicitaires », nous les voyons comme des partenaires avec qui il est possible de créer des expériences sur-mesure et qui, en général, se vendent très bien grâce à l’engagement de leur communauté ».
Quel est le bénéfice pour les influenceurs ? Une rétribution sans doute bien meilleure. Au lieu d’espérer qu’un office du tourisme les paie pour créer du contenu, les influenceurs reçoivent une commission lorsque les abonnés réservent des voyages via leurs liens. C’est donc un nouveau moyen lucratif de diversifier leurs revenus et de se connecter encore avec leurs abonnés dans la vie réelle. Et quand on voit que le prix des voyages monte jusqu’à 12000 dollars par personne, on imagine que les commissions doivent être substantielles.
Un risque de déception ?
En revanche organiser un voyage avec ses fans présente deux écueils. Le premier c’est le comportement des voyageurs avec la star des réseaux. Lors du séjour, les voyageurs sont censés se comporter comme n’importe quel voyageur lors de n’importe quel voyage de groupe. Mais lorsqu’on voyage avec une personne qu’on admire, voire que l’on idolâtre, les comportements peuvent vite dériver.
Autre danger, la déception des fans. Cela peut sembler absurde mais les créateurs postent sur les réseaux les images et vidéos qui correspondent exactement à ce qu’ils souhaitent. Les gens sont habitués à voir une version très « éditée » d’eux. Dans la vraie vie, lors d’un voyage et sans le filtre des écrans, la menace de désillusion est réelle.
Si pour l’instant cette tendance gagne surtout du terrain aux Etats-Unis, en France, l’agence Goamigo est ambitieuse pour les années à venir. « Actuellement, nous sommes trois dans l’équipe et nous souhaiterions devenir le leader de la commercialisation de voyages communautaires à thème avec des ambassadeurs d’ici fin 2023, indiquait son fondateur l’année dernière à nos collègues de TOM.Travel. Un projet de financement à hauteur de 300 000 euros est en cours auprès de plusieurs investisseurs privés. Nous souhaiterions nous appuyer sur la notoriété de nos business angels afin de les mettre en avant et gagner en légitimité. »
A lire aussi :
