Voyagistes : les tendances de réservations sur l’été 2024
Les Jeux olympiques et les prix de l’aérien vont-ils plomber la saison estivale des voyagistes et des agences ? Le Seto s’interroge, mais reste relativement optimiste.
L’été 2023 avait comblé les voyagistes, l’hiver 2023/24 aussi. La prochaine saison estivale ne s’annonce pas aussi prometteuse d’après plusieurs voyagistes avec lesquels L’Echo touristique a échangé au Forum du Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto), organisé à Rabat du 24 au 26 avril 2024. Du moins pour l’instant, au regard des premières tendances de réservations.
De son côté, le Seto demeure toutefois confiant. Sur la saison à fin mars, les prises de commandes augmentent de +10,9% sur un an en nombre de clients (+9,4% sur le moyen-courrier et +14,2% sur le long-courrier).
Le chiffre d’affaires cumulé des voyagistes affiche en hausse de +15,4%. Quant au panier moyen, il progresse de +2,6%. « L’inflation se stabilise », se réjouit René-Marc Chikli, le président du Seto.
Attentisme en juillet
S’agissant des mois de départ, le mois d’août 2024 est équivalent au même mois en 2023. Mais juillet s’avère « en légère baisse » selon le syndicat. La faute aux Jeux olympiques et paralympiques, ainsi qu’à l’incertitude du ciel aérien, ajoute-t-il. Les menaces de grève, qui désorganisent le ciel, représentent un caillou dans la chaussure des voyagistes. Ainsi, le mouvement social du jeudi 25 avril a-t-il été annulé tardivement, les compagnies n’ont donc pas pu reprogrammer de nombreux vols.
« Les chiffres ne sont pas mauvais sur l’été, a commenté René-Marc Chikli. Ils sont simplement dans l’incertitude totale du mois de juillet. Or dans nos métiers, le pire ennemi, c’est l’incertitude. » Pour le patron des TO, des consommateurs redoutent des difficultés d’accès aux aéroports et même de circulation, ce qui peut les inciter à reporter des projets de voyages. « Paris, c’est 50% du marché, rappelle-t-il. Le grand gagnant, ce sera le non-marchand », soit les vacances dans sa résidence secondaire ou chez des amis. René-Marc Chikli demeure néanmoins optimiste. Globalement, l’été s’annonce « satisfaisant » selon lui, en dépit d’une communication négative sur les conséquences des épreuves sportives.
Pierre Cosentino, président du TO Nautil, s’avoue plus circonspect : « Les prises de commandes sur la période des JO sont en très forte baisse depuis le 15 février, alors que nous étions en avance précédemment ». Un sentiment partagé.
Un été marqué par les JO 2024
En raison des Jeux olympiques (26 juillet-11 août) et paralympiques (28 août-8 septembre), maintenir la mobilité des Franciliens, des voyageurs, des personnels des aéroports représente le défi de l’été.
En Ile-de-France, la saison sera marquée par la fermeture de ponts à partir du 1er juillet, des contraintes aériennes, et une incitation au télétravail.
A l’aéroport de Roissy-CDG, les journées des 12, 13, 14 août s’annoncent « particulièrement chargées, avec des vols pleins au départ », d’après Renaud Duplay, directeur de l’exploitation et chef de projet pour les JO 2024 à ADP. Renaud Duplay évoque d’ailleurs un « tour de force » collectif pour éviter des points de saturation et de friction.
La bonne nouvelle, pour les consommateurs, c’est l’atterrissage en douceur de l’inflation des prix des billets d’avion, qui avaient fortement progressé ces dernières années. Les prix des voyages ont augmenté de 20% à 25% en moyenne versus 2019 selon Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde. Et de « moins de 5% » entre 2023 et 2024.
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Les destinations de l’été
L’Europe du Sud conserve sa position de leader. Les îles grecques (dont la Crète) sont à +4,8%, les Baléares à +12,6%. La Grèce continentale à +6,4%. Les Canaries à +5 ,7%. L’Afrique du Nord tire son épingle du jeu avec la Tunisie (+ 0,6%) et le Maroc (+10,7%). Coté long-courrier, l’île Maurice explose (+26,6%), tout comme l’Indonésie (+29,2%) pointant au 3e rang, alors que le Japon fait son grand retour (+50,3%). Les Etats-Unis se portent bien (+12,8%), pas le Canada (-22,4%) ni les Antilles françaises (-6,6%). Le conflit Israël-Hamas impacte l’Egypte. La demande sur ce pays baisse de 50% à 70% depuis le 7 octobre 2023, a commenté Jean-François Rial, président de Voyageurs du Monde.