Procès du crash Rio-Paris : Air France juge l’expertise « partiale »
La défense d’Air France a critiqué mercredi au procès du crash Rio-Paris une expertise menée pendant l’instruction, entachée selon elle de « partialité objective » à cause de l’implication de son coprévenu Airbus.
La compagnie aérienne et le constructeur sont jugés depuis le 10 octobre et jusqu’au 8 décembre pour homicides involontaires, après l’accident le 1er juin 2009 de l’AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris, qui a tué 228 personnes. Depuis le début du procès, les experts du premier collège nommé pendant l’instruction sont venus plusieurs jours à la barre, d’abord pour exposer leur rapport et répondre aux questions, puis pour commenter les déclarations d’autres témoins.
Mercredi, Me François Saint-Pierre, l’un des avocats d’Air France, a plaidé oralement des conclusions qu’il venait de déposer, à la suite d’une audience houleuse la veille. « Nous avons eu la révélation des circonstances factuelles dans lesquelles cette expertise judiciaire a été accomplie et elles posent un problème important de droit », a-t-il commencé.
Il a affirmé qu’elle était « entachée de partialité objective », car lors d’un vol de démonstration réalisé en 2012 dans le cadre de cette expertise, l’avion était « piloté par deux pilotes d’essai d’Airbus, dont l’un était le représentant d’Airbus alors mis en examen ». « Toute la logistique était sous la maîtrise totale d’Airbus », a-t-il poursuivi, estimant que les experts avaient « avalisé et crédibilisé » une « opération inacceptable », « à tel point qu’à l’époque nous n’avons pas perçu cela ».
« Atteinte inexplicable au principe du procès équitable »
Parlant d’une « atteinte inexplicable au principe du procès équitable », il a affirmé ne pas demander une « annulation » du rapport, mais que le tribunal correctionnel ne puisse pas, dans sa décision, faire référence « à ce qui est un scandale judiciaire ». « Ces conclusions, c’est un règlement de comptes entre Airbus et Air France », a répliqué Me Alain Jakubowicz, avocat des parties civiles, parlant d’un « faux incident qui ne repose absolument sur aucun fondement ».
Il a rappelé que les noms des pilotes étaient inscrits depuis l’origine dans une annexe du rapport et que le vol avait été « autorisé par la juge d’instruction ». « Ce que souligne Air France sur le fond, c’est un nouvel exemple de l’extraordinaire emprise d’Airbus sur ce dossier », a estimé Me Thibault de Montbrial, autre avocat des parties civiles. « Vous ne pouvez en réalité rien faire d’autre que faire avec ce rapport, pour le meilleur mais aussi pour le pire ».
Le ministère public, comme Airbus, a demandé un délai, jusqu’à lundi, pour répondre.
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