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Emmanuel Lechypre optimiste pour les professionnels du voyage

L’éditorialiste économique de BFM Business a partagé des tendances et des chiffres encourageants pour l’industrie, lors du Forum du Seto, le 25 avril à Rabat. Sans pour autant éluder des menaces et autres risques.

Emmanuel Lechypre est optimiste. « Nous retrouvons les grands équilibres du monde d’avant, a-t-il expliqué aux participants du Forum du Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto). Le cadre économique mondial est plus encourageant qu’il y quelques semaines ou mois. »

Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit ainsi une croissance du PIB mondial de 3,2% en 2024 et en 2025. Un taux identique à celui de 2023.

Une Europe « larguée »

Cette photographie globale cache toutefois des disparités. « Vous avez une économie américaine championne, quand l’Europe fait trop peu, trop tard, trop compliquée. Et est larguée en matière d’innovation. L’Union européenne passe son temps à se surprotéger, à fabriquer de la réglementation. » Les professionnels du tourisme en savent quelque chose. En témoigne le projet de révision de la directive sur les voyages à forfait, qui devrait limiter les acomptes.

Quelle est la situation économique dans notre pays ? L’Hexagone devra se contenter d’une hausse du PIB de près de 1% cette année. Même si en outre « la France ne tient jamais ses promesses de réduction de la dette publique », et traverse « la plus grave du logement depuis les années 50 », des choses s’améliorent. « La production industrielle se redresse. La confiance des ménages remonte. » Emmanuel Lechypre a par ailleurs salué les hausses de salaires « substantielles » accordées en 2023, amortissant les effets d’une inflation qui s’étiole. « Le marché de l’emploi, lui, « est plutôt solide » en dépit des difficultés de recrutement qui subsistent.

En raison de la grève dans l’aérien, Emmanuel Lechypre a participé au forum à distance, grâce à une visio de grande qualité.

« Partir en vacances représente un besoin vital »

Dans ce contexte, « nous voyons une rupture dans les priorités de consommation des Français », a ajouté l’expert. « Les voyages et les vacances sont descendus dans la pyramide de Maslow pour se rapprocher des besoins essentiels. »

Pour mémoire, cette pyramide hiérarchise, de bas en haut, les besoins vitaux, puis de sécurité, d’appartenance, de reconnaissance, puis de réalisation. « Toutes les enquêtes montrent que partir en vacances représente un besoin vital. » Selon le baromètre Opodo réalisé par le cabinet Raffour Interactif, 46% des Français le déclarent en 2024, et ils sont d’ailleurs prêts à sacrifier d’autres dépenses pour plier bagage. 

Autre symbole de cette envie de plier bagage : d’après une étude Paypal, un Français sur quatre utilise le paiement fractionné pour planifier ses voyages. Et même 31% des 25-44 ans.

IA : opportunités et menaces

Dans son analyse à 360 degrés, Emmanuel Lechypre a aussi attiré l’attention sur l’intelligence artificielle (IA) comme levier de personnalisation.

« Les acteurs de l’IA peuvent devenir les maîtres de la prescription », a-t-il souligné, avant de pointer un risque : « Il faut être vigilant. Sinon, l’IA risque de prendre des décisions à la place de l’humain », estime l’éditorialiste économique.

Une étude l’a intéressé sur le sujet, celle du Boston Consulting Group qui évoque des gains de productivité possibles dans les métiers de service. Le cabinet américain a étudié l’usage de l’intelligence artificielle dans ses équipes, sur des « centaines » de personnes. « Les consultants qui ont utilisé l’IA ont accompli 12% de tâches de plus que ceux qui ne s’en servent pas. Et ils les ont terminées « 25% plus rapidement » avec des résultats d’une qualité supérieure dans 40% des cas.

Une conflictualité qui progresse

Sur le risque écologique, l’éditorialiste doute de notre capacité à atteindre l’objectif de réduction de moitié les émissions de CO2 en 2030 versus 1990. « En 33 ans, nous avons fait à peine la moitié du chemin. Donc, en 10 ans, il faudrait faire ce qu’on n’a pas réalisé en 30 ans… »

Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, au forum du Seto

Sans surprise, il a naturellement été question, également, du risque géopolitique. « La conflictualité entre pays augmente de 30% sur les douze derniers mois. » Avec deux grands points chauds sur la planète, le conflit en Ukraine et celui au Moyen-Orient.

Une double poudrière qu’Hubert Védrine a décryptée lors d’une autre conférence passionnante du forum. L’ancien ministre des Affaires étrangères s’est notamment réjoui de l’aide de 61 milliards de dollars votée par le congrès américain, pour aider l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie. Et demain ? « Un arrêt progressif des combats est possible, sans signature de cessez-le-feu », estime Hubert Védrine. Du côté d’Israël, l’ancien locataire du quai d’Orsay estime que l’escalade régionale demeure peu probable. En revanche, une solution à deux Etats paraît inenvisageable tant que Benyamin Netanyahou restera aux commandes d’Israël.

A lire aussi : Economie, inflation, voyage : ce qui nous attend en 2024, selon Emmanuel Lechypre

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