JP Mas (EdV) : « Nous soutenons l’action en justice de Bourse des Vols contre Iata »
Iata est « un robot » qui pose problème à plusieurs adhérents des Entreprises du Voyage, nous explique Jean-Pierre Mas. Dans cette interview de rentrée, le président des Entreprises du Voyages (EdV) dresse aussi un premier bilan de l’été.
L’Echo touristique : Bourse des Vols, l’agence de Fabrice Dariot, a perdu son agrément Iata, pour défaut de caution. Votre réaction ?
Jean-Pierre Mas : Ce qui arrive à notre ami Fabrice Dariot, avec une demande de caution élevée le 14 juillet, est inadmissible. Nous soutenons l’action en justice de son agence Bourse des Vols, nous lui fournissons d’ailleurs des éléments pour son dossier. Nous avions déposé un dossier sur Iata, il y a près de deux ans, auprès de la DGCCRF (direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes, NDLR), qui est resté lettre morte. Nous avions notamment développé tout un argumentaire juridique sur les relations complètement déséquilibrées entre l’organisme et la distribution, soit pour l’essentiel les agences de voyages. Nous sommes dans un bras de fer permanent. Iata manque de bon sens, applique des critères stricts qu’elle décide seule, sans aucune contrepartie. Nous soutenons donc toutes les actions qui peuvent faire plier Iata.
Iata n’existe pas, c’est un ectoplasme.
Vous avez interpellé la DGCCRF, qui n’a pas donné suite. N’avez-vous pas le sentiment d’être totalement impuissant face à Iata ?
Jean-Pierre Mas : Déjà, Iata n’existe pas, c’est un ectoplasme. C’est la volonté commune des compagnies aériennes qu’elle regroupe. On a effectivement l’impression d’être relativement impuissant en raison du fort pouvoir de lobbying de ces transporteurs.
Concrètement, aujourd’hui, que peuvent entreprendre les EdV à l’encontre de Iata ?
Jean-Pierre Mas : Nous avons soutenu plusieurs adhérents qui ont fait face à des problèmes comme des demandes de caution surréalistes, ou l’analyse des bilans financier 2022 sans aucune souplesse, voire leur mauvaise lecture. Iata est un robot, dénué d’humanité.
Nous pouvons aussi œuvrer pour que la relation avec Iata devienne plus équilibrée. L’association souhaite passer d’une fréquence de prélèvement de 15 jours à une semaine, sur le marché français. Alors que l’Europe réfléchit en ce moment au moyen de limiter les acomptes perçus d’un client par un opérateur de voyages, IATA est obsédé par la réduction des délais de paiement des billets d’avion par les distributeurs. Cette réduction augmenterait le risque de la distribution en cas de défaillance d’une compagnie aérienne. Il faut empêcher la cavalerie qui peut en découler.
Plusieurs adhérents ont contacté les EdV, au sujet des difficultés rencontrées avec Iata pour le maintien de leur agrément. Combien ?
Jean-Pierre Mas : Une dizaine d’adhérents ont toqué à notre porte parce qu’ils rencontraient un problème. Cela ne veut pas dire que ces professionnels ont perdu leur agrément. La France compte 2198 agents de voyages agréés au mois de juillet, contre 2198 en janvier.
Depuis quelques mois, constatez-vous un renforcement des critères Iata ou un renforcement de leur application ?
Jean-Pierre Mas : Les critères n’ont pas évolué. Mais leur application est stricte, aveugle, sans nuance. Iata agit comme un robot, sans aucune humanité d’ailleurs.
Quand on dit que 70% des Français partent en vacances OU en week-end entre juin et septembre, il n’y a pas de quoi se réjouir.
Autre sujet de « saison », le bilan de l’été. La ministre déléguée au Tourisme Olivia Grégoire évoque « une très bonne saison touristique ». Et vous ?
Jean-Pierre Mas : Nous n’aurons pas fait une mauvaise saison. Mais je nuance l’euphorie de la ministre Olivia Grégoire. Quand on dit que 70% des Français partent en vacances OU en week-end entre juin et septembre, il n’y a pas de quoi se réjouir. La saison a été marquée par l’inflation qui pèse sur le pouvoir d’achat. Les Français ont été moins nombreux à partir en vacances cet été. Au cours de la période juillet-août, le nombre de dossiers réservés en agences de voyages stagne ou baisse légèrement, par rapport à l’été 2022. Ce que ne compense pas l’écrêtement de la période des vacances 20 juillet-15 août au profit des mois de juin et de septembre. Cet écrêtement, certains l’attribuent aux craintes de journées caniculaires au cœur de l’été. Nous devrions donc faire un bon mois de septembre. Le panier moyen, lui, augmente cet été.
Une stagnation du nombre de dossiers, c’est déjà bien compte tenu du contexte. Non ?
Jean-Pierre Mas : Il ne faut pas oublier qu’au cours de l’été 2022, des Français ne partaient pas en vacances et ne partaient pas à l’étranger. Nous étions à la fin de la sortie de crise Covid-19.
Donc, cette année, les agences de voyages ont perdu une partie de leurs clients ?
Jean-Pierre Mas : Oui, dans l’entrée de gamme. Les clients qui ont des moyens financiers consomment toujours et même davantage pour leurs vacances.
Autre sujet de rentrée : les élections à la présidence des EdV. Valéry Muggeo et Valérie Boned se présentent. Avez-vous connaissance d’autres candidatures ?
Jean-Pierre Mas : Non. Mais nous lançons l’appel officiel à candidature la semaine prochaine. Nous allons ensuite, dans un deuxième temps, relayer les programmes des candidats qui le souhaitent auprès de nos adhérents.
