Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

Acomptes, NAO, Iata, éductours : Valérie Boned (EdV) fait le point

Valérie Boned, secrétaire générale des Entreprises du Voyage (EdV), a fait un grand tour de l’actualité sociale et réglementaire. C’était à l’occasion de la convention des Entreprises du Voyage Grand Est, du 24 au 27 mars à Chypre.

Le sujet revêt une importance capitale pour tout opérateur de voyage : voyagiste, agence de voyages, mais aussi transporteur et hôtelier. La Commission européenne a proposé aux 27 Etats membres de l’Union de limiter, voire de supprimer les acomptes versés. Et ce, dans le cadre de la réforme de la directive des voyages à forfait. Un projet contre lequel les EdV et le Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto) se mobilisent depuis plusieurs mois, de concert avec l’Association européenne des agents de voyages et des voyagistes (Ectaa).

« Aujourd’hui, la règlementation est très souple, nous sommes plutôt dans des usages, rappelle Valérie Boned, secrétaire générale des EdV. Suite au non-remboursement de nombreux passagers par les compagnies aériennes pendant le Covid, mais aussi aux avoirs délivrés dans le voyage, l’Europe considère que la limitation des acomptes est un levier pour protéger les consommateurs. » Sauf que, sans les acomptes, les opérateurs de voyage ne disposeront pas de la trésorerie nécessaire afin de réserver des voyages pour leurs clients.

Acomptes : l’Europe veut les limiter à 20% du montant des voyages

Les discussions continuent pour l’instant. Bruxelles n’envisage plus la suppression des acomptes, mais propose de les limiter à 20% du prix total du voyage. « Ce n’est pas suffisant, puisque les agences et les TO doivent payer des billets d’avion et d’autres prestations des mois à l’avance », argumente la secrétaire générale. Pour des forfaits classiques, les acomptes se chiffrent souvent à 30% (avec le solde à 30 jours du départ), mais davantage dans le sur-mesure. 

Les EdV plaident pour l’adoption, dans le texte, de la mention « d’acomptes justifiés et raisonnables ». Et ce, dans l’esprit des frais d’annulation « proportionnés et raisonnables » prévu par la directive européenne des voyages à forfait.

Le syndicat patronal compte également sur l’appui de la ministre déléguée chargée du Tourisme Olivia Grégoire. « Ce que nous attendons de la France, c’est que lors des discussions (sur le sujet) au niveau européen, le cabinet de la ministre soit bien informé des enjeux pour notre profession. Et qu’il défende notre position. » « Les politiques ont une méconnaissance complète de notre métier, au niveau européen », regrette Valérie Boned.

NAO : 3 groupes sous le Smic…

La secrétaire générale a aussi évoqué les problèmes d’attractivité dans le secteur. Et donc, de la rémunération, sur fond d’inflation galopante. Où en sont les négociations annuelles obligatoires (NAO), et la fameuse grille des salaires de base gelée depuis 18 mois faute d’accord ? « On a eu beaucoup de mal à négocier avec les partenaires sociaux », a rappelé Valérie Boned lors de la convention des EdV Grand Est à Chypre.

De fait, les syndicats des salariés avaient refusé, en septembre 2022, l’augmentation de 7,15% des salaires minima.

« Le président de la République a parlé le 22 mars des branches dans lesquelles on rémunère sous le Smic. On fait partie de ces secteurs, on n’est pas hyper fiers. » Aujourd’hui, les 3 premiers groupes (A, B et C) sont sous le niveau du Smic, qui a augmenté trois fois en 2022. Puis de 1,81 % au 1er janvier 2023. Rappelons toutefois qu’aucun salarié en France ne peut être payé en dessous du salaire minimum de croissance.

… Et une réunion le 5 avril

La prochaine réunion dans le cadre des NAO en cours, qui s’éternisent, aura lieu le 5 avril. « Nous avons une ultime proposition sur la table des négociations ».

Quelle en est la teneur ? Une augmentation de 7% en moyenne sur les salaires minima, et même davantage pour les trois premiers groupes (9% à 12%). Avec le maintien de la déconnexion des négociations sur les salaires minima d’un côté et la prime d’ancienneté de l’autre. C’est en grande partie ce point qui a cristallisé le mécontentement des syndicats de salariés l’automne dernier. Les EdV ne renoncent pas à cette déconnexion, mais ils acceptent une autre demande de l’intersyndicale. Il s’agit du basculement automatique des salariés, après 12 mois d’ancienneté, du groupe A (débutant) vers le groupe B. Ce qui ne figure pas aujourd’hui dans la convention collective.

« Si nous arrivons à un accord, il faudra rapidement changer tous les paramètres » en entreprise. « Mais je ne vends pas la peau de l’ours avant de l’avoir tué. »

Valérie Boned et Michelle Kunegel (présidente des EdV Grand Est, lors de la convention régionale à Chypre © LL

Iata : la pression remonte

Valérie Boned a également préparé les esprits à un changement de calendrier de paiement de la part de Iata. « On est l’un des seuls pays européens à payer encore de manière bimensuelle », alors que le rythme hebdomadaire constitue la règle ailleurs en Europe.

Cette volonté d’augmenter les fréquences de versement existait avant le pandémie. Si elle est retombée pendant la crise sanitaire, elle refait surface. « La pression est plus forte depuis la fin du Covid-19, et notre rôle est de résister. »

Les EdV se défendent, même si le rapport de force reste déséquilibré face à Iata. « Tant que les compagnies n’ont pas en place une garantie financière pour couvrir les défaillances dans l’aérien, on ne voit pas pourquoi on leur donnerait de l’argent toutes les semaines. Ce qui d’ailleurs accroîtrait le risque des agences de voyages. »

L’éductour, future formation

Le principe de l’éductour reconnu comme formation est validé avec OPCO Mobilités depuis fin 2022. Le dossier suit son cours. Les EdV espèrent qu’il sera finalisé courant 2023.

« On est en phase de terminer l’ingénierie avec Opco Mobilités. » Les entreprises auront alors le choix : l’éductour pourra être considéré comme une formation, mais ce ne sera pas une obligation.  

« Nous souhaitons mettre en place tous les moyens possibles pour vous accompagner », rappelle plus globalement Valérie Boned. Les EdV partageront leurs différents leviers d’aide lors de leur congrès à l’île Maurice du 1er au 7 juin qui réunira 450 professionnels.

A lire aussi :

Laisser votre commentaire (qui sera publié après moderation)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Dans la même rubrique