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ÉDITO. Coronavirus : vers un permis de voyager ?

Fini le temps des voyages en toute insouciance. Nos déplacements seront assurément cadrés. Jusqu’à quel point ?

Vous souvenez-vous des Bronzés, cette parodie du Club Med ? Le film culte de Patrice Leconte, avec Gigi, Popeye ou encore Jean-Claude, nous fait rembobiner le film des vacances jusqu’en 1978. Quand les vacances rimaient avec une certaine forme de légèreté et d’insouciance…

Un demi-siècle plus tard, le Covid-19 nous plongera dans un tout autre scénario à l’heure du déconfinement, au travail comme en voyage. Comme l’évoque Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde, des frontières intérieures étanches pourraient cadrer nos voyages. Avec par exemple des déplacements proscrits entre une région fortement contaminée et une région « saine ». De plus, pendant de nombreux mois, seules certaines catégories de personnes auront éventuellement la permission de plier librement bagage. Auraient ainsi le Go des autorités les individus non porteurs du virus, après des tests sérologiques (vraiment) fiables.

Une sorte de passeport sanitaire, en complément du passeport historique, semble imparable.

Jean-François Rial évoque aussi des formes de « permis » de voyage pour les personnes immunisées. Les voyages seront-ils effectivement autorisés aux personnes qui ont contracté la maladie et en sont débarrassés ? Pas si sûr. Tout simplement parce que « la maladie n’est peut-être pas immunisante »*, a expliqué l’infectiologue Florence Ader lors de l’allocution d’Edouard Philippe le 19 avril. Malheureusement, le Covid-19 renferme plusieurs zones d’ombre. Une chose est certaine : parce que la santé est une priorité absolue, tous les Français ne pourront pas voyager facilement tant que la pandémie restera active, et le nouveau coronavirus mal maîtrisé. Que les Français se déplacent pour affaires ou pour agrément. Une sorte de passeport sanitaire, en complément du passeport historique, semble imparable.

Les masques feront partie du voyage.

S’agissant de l’expérience du voyage, elle sera également modifiée, en profondeur. Les professionnels de l’hébergement comme le groupe hôtelier Accor planchent déjà sur des normes sanitaires pour protéger clients et salariés. Gants, port de masque obligatoire pour le personnel, distanciation sociale : comme les grandes surfaces, les hébergeurs devront revoir leur copie. Il faut prévoir jusqu’au nettoyage fréquent des boutons d’ascenseur, mais aussi repenser le service des buffets, explique Franck Gervais, directeur général Europe d’Accor. Certains renonceront même à rouvrir dans l’immédiat, à cause du coût prohibitif de telles contraintes opérationnelles. Quant à savoir si le touriste lambda sera prêt à accepter un environnement masqué… Disons plutôt que nous n’aurons pas le choix, pour notre santé à tous. « Nous allons apprendre progressivement à organiser notre vie collective avec ce virus », a justement déclaré Edouard Philippe. Une vie assurément masquée. Bientôt, la France produira 17 millions de masques grand public par semaine, a promis le ministre de la Santé Olivier Veran.

Les précautions sanitaires pourraient aussi rassurer les populations les plus vulnérables. Reste de puissantes incertitudes subsistent, concernant les plus grandes structures, des piscines aux parcs de loisirs. Nous devons (presque) tout réinventer.

La réalité économique aura parfois raison de ces « gestes barrières ».

Les acteurs du tourisme de groupe et des transports en commun, ainsi que les compagnies aériennes ont, eux aussi, du pain sur la planche. S’achemine-t-on vers un siège occupé sur deux dans les avions, au nom de la distanciation sociale ? Air France ne semble pas décidée à un tel dispositif préventif, susceptible de diviser par deux le taux de remplissage, et donc de faire flamber les prix. Le groupe aérien, que l’Etat français compte soutenir financièrement, va distribuer des masques aux passagers n’en possédant pas lorsque la « distanciation » s’avérera impossible, a-t-il annoncé lundi. Autrement dit, dans les avions enregistreront un taux élevé de remplissage. Vous avez dit distanciation sociale ? La réalité économique aura parfois raison de ces « gestes barrières » si chers à Edouard Philippe et Emmanuel Macron…

*la maladie est immunisante quand une personne qui a contracté le coronavirus en est protégée par la suite.

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