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Clia Europe : « La croisière fait mieux qu’en 2019… sans l’Asie »

En 2023, 31,5 millions de passagers ont participé à une croisière. Une performance selon Marie-Caroline Laurent, la directrice de la Cruise Lines International Association en Europe (Clia Europe).

L’Echo touristique : L’année 2023 touche à sa fin. Comment s’est-elle passée pour le secteur de la croisière ?

Marie-Caroline Laurent : 2023 a été une très bonne année. Plus de 31,5 millions de passagers ont pris part à une croisière dans le monde entier. C’est mieux qu’en 2019, année pendant laquelle les compagnies de croisières ont accueilli 29,8 millions de clients. C’est donc une performance très encourageante, d’autant plus qu’elle a été réalisée sans les marchés et les destinations asiatiques, qui rouvrent à peine. Nous avons également retrouvé les comportements que les clients avaient avant la crise sanitaire, comme le fait de réserver son voyage en moyenne 18 mois avant la date de départ. Ces résultats montrent la résilience de la croisière et ne résultent pas uniquement du Revenge Travel.

Vous sous-entendez que les clients ne sont pas que des repeaters adeptes de la croisière ?

Marie-Caroline Laurent : Nous observons plusieurs tendances intéressantes, comme le fait que les primo-croisiéristes sont de plus en plus nombreux. Ils se plaisent notamment sur les bateaux les plus récents. En France, les voyages en famille, parfois même multigénérationnels, sont également très en vogue. Les passagers « solo » ou les groupes d’amis, qui passent quelques jours à bord pour des voyages plus festifs, progressent également. Ce sont des indicateurs positifs qui illustrent la pénétration progressive du marché hexagonal. Et cela participe au rajeunissement de la clientèle. En France, en 2023, l’âge moyen des passagers était de 43 ans. Du jamais vu.

Le produit en lui-même a-t-il beaucoup évolué pendant la crise sanitaire ?

Marie-Caroline Laurent : Comme tous les acteurs du tourisme, le secteur de la croisière a réfléchi à la façon dont il pourrait répondre aux nouvelles attentes des consommateurs. Si on parle purement du produit, oui, de nouvelles excursions ont été imaginées. Des excursions plus authentiques, avec des treks dans la montagne ou des expériences gastronomiques par exemple. Mais, avec le rajeunissement de la clientèle, ce sont surtout des attentes liées à la durabilité de l’activité des croisières qui augmentent.

La croissance de passagers au niveau international montre que le produit a beaucoup de potentiel

Justement, la croisière ne jouit pas toujours d’une image positive… Comment lutter contre ?

Marie-Caroline Laurent : Nous devons continuer de communiquer autour des initiatives que prennent les armateurs. L’un des défis de l’année 2024 est la mise en œuvre d’une série de réglementations contraignantes pour les opérateurs de croisières en Europe. Par exemple, à partir du 1er janvier 2024, chaque tonne de CO2 émises par une compagnie sera taxée. C’est une initiative que Clia Europe a soutenue. Avant tout parce qu’elle permet d’établir un cadre réglementaire commun bien précis. Jusqu’ici, chaque pays ou chaque compagnie abordait ce sujet à sa façon. Désormais, la règle est connue, et les armateurs vont pouvoir planifier leurs opérations en conséquence. Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, ils sont très en avance sur toutes les technologies qui permettront de réduire l’empreinte globale des croisières.

Et d’atteindre l’objectif fixé de zéro émission d’ici à 2050 ?

Marie-Caroline Laurent : Cet objectif, théoriquement, est déjà atteignable. Parce que les technologies existent. Cet été, le MSC Euribia a effectué la première croisière net zéro émission du monde, en reliant Saint-Nazaire à Copenhague. L’exploit est réel et demande à être répété. Mais, pour y parvenir, MSC a acheté une quantité de biogaz qu’on ne peut pas encore trouver à l’échelle industrielle. La problématique est la même pour le raccordement électrique à quai, qui sera obligatoire pour tous les bateaux et tous les ports en 2030. Actuellement, 46% des navires sont équipés. Mais seulement une douzaine de ports européens peuvent les brancher… et aucun en France.

Est-ce que Clia Europe peut accélérer ces transitions ?

Marie-Caroline Laurent : Notre rôle, c’est de mettre tout le monde autour de la table pour trouver les meilleures solutions. A Barcelone, à Lisbonne et dans d’autres villes, nous réunissons les armateurs, les acteurs institutionnels, les ONG, les habitants, les ports… pour décider de la façon dont tout le monde doit travailler. Toutes ces initiatives que nous lançons ou que nous soutenons doivent nous permettre de lever ces freins au développement de la croisière.

Avec l’inflation, la croisière se positionne comme un modèle de vacances idéal pour ceux qui veulent maîtriser leur budget. D’ailleurs, les prix sont restés stables en 2023, alors qu’ils augmentaient parfois jusqu’à 30% pour les vacances dites « terrestres ». La croisière est donc compétitive et intéresse – les tendances de réservation pour 2024 le prouvent. Mais nous devons mieux faire savoir comment les armateurs investissent, en partenariat avec les différents acteurs du secteur, pour devancer les objectifs fixés.

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