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Thomas Cook : retour sur l’histoire du plus ancien voyagiste du monde

Le groupe affichait 178 ans au compteur. Si la faillite du groupe Thomas Cook est un tel séisme dans l’industrie du tourisme, c’est aussi parce que c’est la marque pionnière des voyages organisés qui s’effondre.

La réunion “de la dernière chance” n’aura pas réussi à le sauver. Et avec la faillite de Thomas Cook, qui s’est déclaré insolvable cette nuit au Royaume-Uni, c’est le pionnier du voyage organisé, devenu géant de l’industrie, qui s’écroule. Cette faillite inédite n’entraîne cependant pas l’insolvabilité immédiate de Thomas Cook France, qui reste néanmoins dans l’incertitude à l’heure où nous écrivons ces lignes..

A la fois TO, distributeur, opérateur aérien, le plus ancien voyagiste du monde réalisait environ 10 milliards de chiffre d’affaires par an et faisait voyager quelque 20 millions de clients dans le monde entier : Maldives, Thaïlande ou Chine, mais surtout en Europe du sud et en Méditerranée avec Majorque et Antalya pour destinations phare. Thomas Cook possède aussi 200 hôtels à son nom (le groupe avait notamment lancé un concept dédié aux Millennials en 2018), ainsi qu’une centaine d’avions, sous les marques Thomas Cook Airlines ou Condor. Un géant de l’industrie touristique, donc, dont il a impulsé de nombreuses évolutions.

Ses premiers pas remontent à 1841, relate Thomas Cook sur son site internet. Agé de 32 ans, alors menuisier, le britannique Thomas Cook organise un aller-retour pour un groupe de 500 personnes, négociant des billets à prix réduits contre une promesse de taux d’occupation du train. Dix ans plus tard, changement d’échelle. A l’occasion de la première Exposition Universelle, Thomas Cook organise un voyage qui attirera 150 000 clients. Une expérience qu’il renouvellera avec l’Exposition Universelle de Paris, en 1855. Dix ans plus tard, Thomas Cook ouvre sa première agence de voyages, sur Fleet Street, à Londres. En 1872, Thomas Cook met en place le premier voyage autour du monde en 222 jours, auquel il participera lui-même. L’entreprise se déploie ensuite au niveau international. Elle est rachetée à la Compagnie internationale des Wagons-Lits et des Grands Express Européens. En 1975 seront créés les clubs Eldorador.

En 2004, Thomas Cook s’installe en France à la place du réseau Havas Voyages, dont il est propriétaire. En 2013, il avait commencé à déployer un nouveau concept d’agences. La filiale française s’était agrandie en 2008 avec le rachat du tour-opérateur Jet tours, qui venait de lancer un nouveau concept de clubs. Tout récemment, le TO avait aussi décidé de s’engager dans une démarche de tourisme responsable en rejoignant l’association ATR.

Une machine qui s’emballe

Les difficultés de Thomas Cook n’étaient pas nouvelles. “Thomas Cook était une entreprise en grande difficulté en 2012, qui a pu s’en sortir par un refinancement important, expliquait récemment Nicolas Delord, le PDG de Thomas Cook pour la France, à L’Echo touristique. Depuis, nous avons un taux d’endettement très élevé. Le groupe a été admirablement géré depuis 2012, mais 2018 a été une année plus compliquée en termes de volume d’affaires, avec deux « profit warnings » fin 2018. Compte tenu des difficultés du marché européen du tourisme, la question de notre capacité à continuer a émergé, sur fond de Brexit. »

Et la machine s’est emballée ces derniers mois. Le groupe britannique annonçait une dette nette de 1,25 milliard de livres au premier semestre. En cause, la rude concurrence des agences de voyages en ligne, mais aussi la situation complexe liée au Brexit, incitant de nombreux touristes à reporter leurs projets de vacances. La faiblesse de la livre, elle aussi causée par les atermoiements du Brexit, avait diminué le pouvoir d’achat des Britanniques souhaitant voyager à l’étranger. Ces derniers mois, les déboires de Thomas Cook avait fait chuter son cours en Bourse, pour ne plus valoir que quelques pence. 

Fosun, premier actionnaire de Thomas Cook, avec 17% du capital, avait prévue de reprendre la partie de voyages organisés du groupe britannique, dans le cadre d’un paquet de refinancement de 900 millions de livres dont il aurait apporté la moitié.

22 000 emplois menacés

Mais ces derniers jours, les créanciers avaient demandé 200 millions de livres supplémentaires pour accepter de refinancer le voyagiste. Depuis vendredi, les réunions se sont enchaînées pour tenter de solliciter fonds de pension, le gouvernement, ou encore tenter de demander une baisse des exigences supplémentaires. Sans succès. Désormais, 22 000 emplois sont immédiatement menacés, dont 9000 au Royaume-Uni, qui risquent de se retrouver au chômage dès ce lundi.

Si Thomas Cook a façonné l’Histoire du tourisme, l’entreprise marquera tristement les esprits par cette faillite retentissante, et aussi pour être à l’origine de la plus grande opération de rapatriement jamais orchestrée en temps de paix. 600 000 voyageurs sont concernés un peu partout dans le monde, dont 150 000 Britanniques, et 140 000 Allemands. En France, 10 000 voyageurs sont impactés. Quelque 50 000 touristes – toutes nationalités confondues – sont ainsi coincés en Grèce, 21 000 en Turquie, 4 500 en Tunisie. Les autorités britanniques ont activé un plan d’urgence baptisé « Opération Matterhorn », du nom d’une campagne de bombardement américaine lors de la deuxième guerre mondiale pour rapatrier leurs ressortissants. Sur Twitter, les informations concernant Thomas Cook circulent ce matin sous le hashtag #ThomasCookcollapse.

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