Pourquoi les billets SNCF sont-ils devenus si chers ?
Sur Paris-Lyon, les prix des billets de train ont augmenté de 32% depuis un an. Le quasi-monopole de la SNCF n’explique pas tout.
Depuis 2022, les tarifs de la SNCF ont explosé en France. Selon la plateforme de réservations Kombo, les prix des billets de train ont augmenté de plus de 20% sur un an. Soit le triple de l’inflation générale en France (5,9% selon l’Insee).
Comment expliquer une telle hausse sur le ferroviaire ? La raison principale, c’est que les trains sont très souvent complets. « Depuis le début d’année, on se demandait s’il y avait un problème car nous n’avions accès à aucun billet sur certains week-ends. Après vérifications sur le site de la SNCF, nous avons constaté que tous les trains étaient en fait complets. L’année dernière encore, on avait un taux de complétion entre 30 et 40%. Depuis le début de l’année, ce sont 80% des trains qui sont complets », explique Alice Rayon, la directrice marketing de Kombo.
73% des trains étaient complets le week-end du 7 avril 2023. Et 85% celui de l’Ascension 2023, contre 40% l’année dernière. Le yield managment fait ensuite le reste. Cette pratique consiste à « vendre au bon prix, au bon client, au bon moment dans un but d’optimisation des espaces et du chiffre d’affaires » selon un expert. Concrètement, la SNCF ayant plus de demandes que d’offres, elle augmente ses prix.
Pas de baisse pour l’avion
Selon Alice Rayon, cette augmentation des prix est aussi due à la reprise des voyages post-Covid ainsi qu’à l’offre insuffisante de trains en France. Mais surtout « au prix de l’essence » en constante augmentation, qui a provoqué un report de la voiture individuelle vers le train.
Par ailleurs, la directrice marketing de Kombo observe un changement au niveau des départs et des retours qui sont de plus en plus différés par rapport aux week-ends. Exit le traditionnel billet vendredi-dimanche. Place au jeudi-lundi.
Curieusement, les analystes de Kombo, qui vend tous les types de transports, n’observent pas de baisse de réservations des billets d’avion et seulement une légère diminution de celles de bus. Pourtant, pour les billets de cet été comparé à l’été dernier, le prix des billets ont augmenté de 23% pour l’avion et de 55% pour le bus (à cause du prix de l’essence mais aussi de la concentration du marché).
Une concurrence à la SNCF comme solution ?
« Ce qui progresse beaucoup sur Kombo, ce sont les combinés train + bus, qui permettent aux clients d’avoir des offres beaucoup moins chères. Sur Paris-Marseille par exemple, les clients font le Paris-Lyon avec Trenitalia. Puis ils terminent vers Marseille en TER », précise Alice Rayon.
Pour Kombo, le seul moyen de faire baisser le prix des billets réside dans la concurrence. « Quand on voit un trajet Paris-Lyon, le Ouigo de la SNCF est au prix de Trenitalia. L’offre concurrente étrangère est au prix de l’offre low cost française. Désormais, l’axe qui nous intéresse d’observer, c’est Paris-Marseille. Si un concurrent à la SNCF se lançait dessus, c’est l’axe qui selon nous confirmerait l’intérêt de nouveaux entrants pour faire baisser les prix. »
Globalement, la SNCF a par ailleurs durci ses modalités commerciales, ajoute Kombo. Que ce soient les montants prélevés en cas d’annulation ou de modification de billet ou les remboursements suite à un retard.
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