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Jihad Chakib (OT du Maroc) : « Nous avons été touchés par le séisme au plus fort de notre progression »

Un mois après le séisme qui a frappé le Maroc, les répercussions sont encore fortes sur le tourisme. Pour soutenir la destination, une conférence était donnée dans le cadre de l’IFTM Top Resa. L’occasion, aussi, de revenir sur l’art difficile de la gestion de crise.

Il y a certes des signaux positifs. Mais après le séisme qui a frappé le Maroc il y a un mois, l’onde de choc est encore bien réelle pour l’activité touristique. C’est ce qui a conduit l’IFTM à dédier mercredi dernier une conférence au pays, pour le soutenir dans ses efforts de relance. 

L’occasion pour Jihad Chakib, le directeur de l’Office du Tourisme du Maroc à Paris, de prendre la parole, aux côtés de René-Marc Chikli, le président du Syndicat des entreprises du tour-opérating (Seto), et de Valérie Boned, la toute nouvelle présidente des Entreprises du Voyage (EdV). « Notre première mission a été de rassurer, a expliqué Jihad Chakib. Comme tout le monde, j’ai découvert les images à la télévision, tous ces gens rassemblés sur la place Jemaa el-Fna. J’ai pensé que Marrakech était détruite. Ce n’est pas du tout le cas. Notre priorité a été de donner la bonne information. »

Et de rappeler, à nouveau, que l’épicentre du séisme se trouvait à 77 kilomètres de Marrakech, que les hôtels et les aéroports sont restés opérationnels dans la capitale touristique du royaume.

Les clients qui avaient prévu un voyage au Maroc se sont trouvés face à un dilemme. Partir quand même, ou annuler. Annuler par crainte d’un nouveau séisme, ou parce que « ce n’était pas le moment » de faire du tourisme dans un pays touché par une catastrophe qui a coûté la vie à plus de 3000 personnes.

L’activité chute de 20 à 30%

« 80% des gens sont repartis dès le lendemain sur la destination, sans problème, indique René-Marc Chikli. Mais dans la semaine qui a suivi est arrivé ce phénomène de non-réservation. Quand on compare la semaine en question par rapport à la même semaine un an plus tôt, c’est moins 80%. Ca s’est résorbé à mesure que le temps a passé. Aujourd’hui, les professionnels nous disent qu’ils sont à moins 30, moins 20%. Tout le monde a intégré désormais que le malheur est arrivé loin, dans des régions non touristiques. » Selon le baromètre Orchestra pour L’Echo touristique, les ventes Maroc en agence ont reculé de 33% en septembre.

Comme toujours face à de tels événements, il a fallu agir rapidement, et prendre les bonnes décisions. Au lendemain du séisme, le Seto a émis ses premières recommandations aux professionnels. L’enjeu : ne pas céder trop rapidement à l’idée de stopper les voyages sur la destination et résister à la pression, notamment celle des médias. « Le poids des médias, c’est difficile à gérer pour nous au moment de la crise, a souligné René-Marc Chikli. C’est également ce qui a fait flancher le Quai d’Orsay. Ils ont reçu tellement d’appels ce jour-là que le soir, ils décidaient quasiment de fermer la destination. Parce que l’argument de nos amis de l’aérien qui consistait à dire « l’aéroport est ouvert, les vols sont maintenus, l’annulation n’est pas remboursée », ça ne tenait pas la route. Nous sommes donc intervenus très rapidement. Nous avons fait en sorte que l’ambassadeur de France au Maroc (Christophe Lecourtier, ndlr) soit sur BFM dès le lendemain ». Pour faire le point sur la situation et rassurer les voyageurs.

« La bonne nouvelle dans cette tragédie, c’est que les grandes villes que sont Marrakech et Agadir, où se concentrent l’immense majorité des touristes français lorsqu’ils viennent dans cette partie du Maroc sont aujourd’hui complètement saines et sauves », avait alors insisté l’ambassadeur, confirmant que les voyages étaient possibles. La mise en garde du Quai d’Orsay a été retirée des Conseils aux voyageurs. « Heureusement, parce que nous aurions perdu des mois de réservations sur la destination », a relevé René-Marc Chikli. « Si on ferme la destination, c’est une catastrophe. Un touriste fait vivre plusieurs familles », a-t-il rappelé. « Apporter son soutien au Maroc, c’est apporter des touristes. » 

Des signaux encourageants

« Il ne faut effectivement pas couper le flux, il ne faut pas non plus forcer les clients à partir, a rebondi Valérie Boned. Il faut être souple. » Une souplesse commerciale sur laquelle les EdV ont axé leur communication envers les pros, tout en s’alignant avec les recommandations du Seto. Dans ces moments de crise, la concertation est de mise, a rappelé Valérie Boned. « Ce que l’on constate, c’est que quand il s’agit de drames qui restent localisés, il  y a une résilience des clients, remarque également Valérie Boned. Par volonté de soutenir la destination mais aussi parce qu’ils passent à autre chose. Et la destination finit par reprendre des couleurs. »

Le temps commence visiblement à faire son œuvre. « Nous avons passé toute la journée de mardi en réunion avec nos partenaires tour-opérateurs ou aériens et on voit cette courbe, indéniable, mais qui remonte, rapporte Jihad Chakib. Pour ce qui concerne les compagnies aériennes, nous sommes presque au niveau auquel nous nous situions juste avant le séisme, ce qui est assez encourageant. Pour le reste, nous sommes à peu près aux moins 20% évoqués par René-Marc. Mais cela reste une année exceptionnelle. Nous avons été touchés par le séisme au plus fort de notre progression. Sur l’ensemble du Maroc, tous marchés confondus, nous sommes à +33% de recettes par rapport à l’an dernier, grâce aussi aux arrivées touristiques en provenance de France, qui sont en hausse de 41% et +12% au global. »

Depuis le début de la crise, l’Office du tourisme marocain a pris la parole à plusieurs reprises. Dans un communiqué commun avec les EdV, à l’attention des pros, et en s’adressant aux pros mais aussi aux voyageurs par le biais de deux vidéos diffusées sur les réseaux sociaux. « Avec les EdV nous avons prévu de mobiliser les principaux acteurs de la destination, TO ou agents de voyages, a annoncé le président du Seto. Nous serons sur place à Marrakech pour refaire le point sur la situation avec nos amis hôteliers et bien sûr le ministère du Tourisme marocain afin de retraduire tout cela sur le marché français. Pour que les -20% deviennent +20%. » Cette opération, qui devrait rassembler 150 personnes, aura lieu les 9 et 10 novembre.

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1 commentaire
  1. Verdiere dit

    Réservation faites pour Marrakech en février avec Fram
    Courage à vous le marocains

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