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Augmentation du prix des billets d’avion : pourquoi et pour combien de temps ?

Avec la flambée des prix des carburants, dont celui du kérosène, le prix des billets d’avion grimpe en flèche. Mais pour combien de temps ?

L’inflation gagne du terrain un peu partout, et le tourisme est loin d’être épargné. Dans l’aérien, le prix des billets est, ces dernières semaines, très largement pointé du doigt. Déjà en fin d’année dernière, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) avait calculé une hausse de 5%. Entre février 2021 et février 2022, les prix au départ de France ont augmenté de 7%. Depuis le début de l’année, la hausse atteint 6,3%.

Sur le réseau intérieur, les prix des billets sur les liaisons intra-métropolitaines font exception à la règle avec une baisse de 1,3 % (+0,2 % au cumul) par rapport à février 2021. On constate en revanche un bond, de 8,2% (+8,7 % au cumul), vers l’outre-mer qui est très fortement impactée. Désormais, les passagers doivent débourser 40 euros de plus pour rallier les Antilles. Et même 60 euros de plus pour un aller-retour vers La Réunion.

Le kérosène fait bondir les prix

Comment expliquer cette augmentation assez importante des prix des billets ? « Il y a plusieurs raisons », selon Jean-Pierre Sauvage, le président du Board of Airlines France. Tout d’abord, depuis le début de la guerre, les prix du pétrole s’envolent. Or le carburant représente jusqu’à 35% des coûts d’exploitation des compagnies aériennes, d’après l’association Airlines for Europe » (A4E).

Selon Marc Rochet, le président d’Air Caraïbes, le prix moyen des billets de sa compagnie va augmenter de 15 à 20%. Chez Air France, une augmentation de 40 à 100 euros sur les billets long-courriers est déjà effective.

Autre conséquence de la guerre en Ukraine, la fermeture du ciel aérien russe qui entraîne une modification des trajets des avions, et donc un surcoût d’exploitation et de consommation de pétrole. Cependant, selon Jean-Louis Barroux, président d’APG Global Associates et spécialiste de l’aérien, « seulement 12% des vols en Europe occidentale sont concernés ».

Enfin, un dernier élément devrait renforcer cette augmentation des prix : les taxes et contraintes environnementales qui pèsent sur les compagnies. Par exemple, la Commission européenne prévoit des obligations progressives d’incorporation de SAF dans le kérosène d’aviation. Ce qui va vite arriver avec 2% en 2025, puis 5% en 2030, 20% cinq ans plus tard, 32% en 2040 puis 63% en 2050. Pour répondre à cette obligation, les compagnies doivent investir massivement, et donc augmenter les prix.

Un phénomène longue durée ?

Cette augmentation va-t-elle durer ? C’est la question que beaucoup se posent. Pour Jean-Pierre Sauvage, s’il est compliqué de s’exprimer sur le futur du cours du baril de pétrole, « très lié à la géopolitique », celui-ci finira « par se stabiliser ». De plus selon lui, le marché n’a pas retrouvé le niveau d’offre d’avant la crise, ce qui entraîne de facto une flambée des prix. Une fois que ce sera le cas, « il y aura toujours une compagnie pour proposer des prix plus compétitifs ». Et donc d’autres pour l’imiter.

Pour Jean-Louis Barroux, en revanche, cette flambée des prix pourrait bien être pérenne. « Je crois qu’on avait touché le fond avec des tarifs qui n’avaient aucun sens. Les pays payaient des publicités pour perdre de l’argent ! Effectivement désormais, quand le client se retrouve à payer 800 euros, il se sent lésé… » Selon ce spécialiste, si « les compagnies font toujours un peu de surcharge conjoncturelle pour se faire un peu d’argent », l’augmentation devrait se poursuivre dans les années à venir car « il va falloir payer pour la conversion écologique. Il faut la faire et on ne peut pas demander au non-utilisateur de l’avion de payer. Cela se répercutera forcément sur le prix. Les crises sont toujours des moments d’opportunités. Il faut en profiter. »

De leur côté, le 31 mars, les principales compagnies européennes ont estimé que les prix de l’énergie resteraient élevés « au moins jusqu’en 2023 », plombant leurs perspectives de reprise après la crise historique du Covid-19. Frédéric Pilloud, le directeur du marketing digital de MisterFly, table pour sa part sur +15% de hausse de prix des billets d’avion au mois d’avril 2022, en comparaison avec le même mois en 2019.

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