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Les voyagistes créent un fonds pour lutter contre le réchauffement climatique

A terme, des voyagistes factureront entre 1 à 17 euros par passager pour financer des projets permettant d’absorber des émissions de gaz à effet de serre. Un projet qui naît sous l’impulsion du Seto.

« Nous sommes partis du constat du GIEC, notamment sur les trajectoires en matière de réchauffement climatique », explique Hervé Tilmont, secrétaire général du Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto).

Alors que le tourisme est montré du doigt pour son empreinte carbone, le Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto) s’engage. Comment ? En créant un fonds de dotation, avec une collecte d’argent qui sera fléché vers des programmes de compensation/absorption de CO2. Le projet s’appuie notamment sur l’expérience de Voyageurs du Monde en la matière, mais avec une méthode progressive, par palier. Un concept présenté aux voyagistes le 31 mars, lors du Forum du Seto organisé à Mandelieu-La Napoule.

Au démarrage, en 2023, une contribution de 1 euro sera facturée pour un vol moyen-courrier ou long-courrier, correspondant à une compensation carbone de 20% et 6% respectivement. Puis, afin d’épouser les objectifs du GIEC et de la neutralité carbone en 2050, le montant grimpera. Il est question de 5 euros pour un moyen-courrier et de 17 euros pour un long-courrier (voir la capture d’écran ci-dessous).

La collecte doit démarrer fin 2022 pour les départs 2023. L’argent collecté alimentera le fonds de dotation créé d’ici l’automne, ce qui permettra ensuite de financer des projets d’absorption/compensation.  

Hervé Tilmont et René-Marc Chikli © LL

Une démarche volontaire, qui fait débat

Les TO qui absorbent déjà (Salaün, NG Travel, Voyageurs du Monde…) participeront aussi au projet, explique le syndicat.

Pour les autres, « chacun est libre d’adhérer ou pas », a souligné Hervé Tilmont. Les voyagistes présents au Forum du Seto n’étaient pas tous en phase avec ce parti-pris du volontariat.

« Il faudrait une éco-contribution pour tous les acteurs du voyage », a réagi Guy Zekri, directeur de Beachcomber Tours. Comme pour les produits de l’électro-ménager, a-t-il illustré. Car si des voyagistes traditionnels facturent quelques euros de plus, ils risquent de perdre en compétitivité par rapport à des confrères, voire Booking ou encore Expedia.

« Je me lancerai dans le projet, mais beaucoup d’adhérents ne se lanceront pas », a prophétisé Patrice Caradec, président d’Alpitour France. Pourquoi une telle réticence ? Afin ne pas apparaître « en deuxième page d’un comparateur de prix, pour une différence de 4 euros ». « Il faut que ce soit un projet Seto », a ajouté Patrice Caradec. Et – Guy (Zekri) a raison – le gouvernement doit l’imposer à tous. »

Pour Jean-Pierre Nadir, président de la plateforme Fairmoove, ce n’est pas la solution. « Impliquer le gouvernement retarderait (le projet) de 15 ans, relève-t-il. Là, nous avons une solution géniale à un euro. »

« On lance le fonds de dotation, a conclu René-Marc Chikli, président du Seto. C’est incontournable. Sinon, on sera taxés. » René-Marc Chikli a aussi rappelé que ce projet commun avait été voté lors du précédent Forum, en 2019, à Porto. Dont acte. Ce qui passera, aussi, par la sensibilisation des agences de voyages, lesquelles devront justifier le supplément « carbone » auprès de leurs clients.

Gérard Feldzer et Jean-François Rial © LL

Sur le modèle de Voyageurs du Monde

Mais au fait, qu’appelle-t-on l’absorption ? Gérard Feldzer, ingénieur, pilote de ligne et fondateur de l’association Tree for you, l’a expliqué lors d’une table ronde du forum qu’il a partagé, hier, avec Jean-François Rial, PDG de Voyageurs du Monde. 

« Chaque passager émet environ 90 kg de CO2 par heure de vol, a souligné Gérard Feldzer. Un arbre en absorbe dans des bonnes conditions entre 10 et 30 kg par an. En plantant un arbre, vous pouvez compenser au bout de trois ans votre émission par rapport au vol » d’une heure. Ce que les détracteurs de la compensation appellent un « permis de polluer »…

« Je trouve cette expression idiote, a réagi Jean-François Rial. On doit bien sûr utiliser l’absorption quand on a épuisé les autres solutions. Il faut d’abord réduire et s’engager dans la transition énergétique. »

Air France propose, avec A Tree for you, la compensation lors de l’achat d’un billet d’avion. Avec quels résultats ? « On reçoit 50 000 à 60 000 euros par mois pour faire des plantations, ce n’est pas beaucoup, indique Gérard Feldzer. Moins de 5% des passagers contribuent. »

De son côté, le groupe Voyageurs du Monde absorbe l’ensemble de ses émissions de CO2, pour environ 5 euros la tonne. 

Pour Jean-François Rial, c’est aussi une question de promesse employeur, à l’heure où les acteurs du voyage peinent à recruter. « La pression la plus forte est celle des salariés. On reçoit plein de candidats de très haut niveau, qui viennent travailler chez nous moins cher qu’ailleurs, parce que nous sommes une entreprise engagée. Les jeunes diplômés ne veulent plus travailler pour les entreprises qui ne donnent pas de sens. » 

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Le saviez-vous ?

Début mars, l’ONG Transport & Environment a appelé à limiter ou réduire les déplacements, en particulier les voyages d’affaires, en taxant davantage le secteur et en incluant les liaisons aériennes extra-communautaires dans les quotas d’émissions européens (ETS). De son côté, pour The Shift Project, le groupe de réflexion sur la décarbonation dirigé par l’ingénieur Jean-Marc Jancovici, l’Etat doit agir afin de réduire le trafic aérien.

A lire aussiPourquoi et comment réduire son empreinte carbone

3 commentaires
  1. ALFRED dit
  2. Julien BUOT dit

    Merci l’Echo touristique et bravo au SETO pour la confirmation de la « promesse de Porto » et la mise en place de cette solution. La lutte contre le changement climatique invite à agir collectivement. C’est ensemble que nous serons crédible et ATR recommandera chaleureusement ce fonds de dotation à ses adhérents qui souhaitent obtenir le label. Un label ATR qui exige que dès 2023 100% des émissions de CO2 fassent l’objet d’une contribution à des projets de solidarité climatique générant des crédits carbones certifiés.

  3. SYLVIE PONS dit

    Bonjour , sans la moindre hésitation, Makila Voyages participera au 5 euros pour un moyen-courrier et au 17 euros pour un long-courrier par passagers partant à partir de 2023 comme demandé. Sylvie Pons

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