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Corse : des « défaillances graves » de la sûreté à l’aéroport d’Ajaccio

Depuis fin 2022, des « défaillances graves » concernant la sûreté de l’aéroport d’Ajaccio sont constatées selon le préfet de Corse.

Les autorités ont dénoncé mardi des « défaillances graves » et répétées dans le filtrage des bagages et passagers à l’aéroport d’Ajaccio depuis fin 2022, à quelques semaines de la saison touristique en Corse et avec un plan Vigipirate au niveau maximal.

« Depuis décembre 2022, trois missions d’audit successives des services de la direction générale de l’aviation civile (DGAC) ont révélé des défaillances graves de la mission d’inspection-filtrage opérée à l’aéroport d’Ajaccio », indique le préfet de Corse, Amaury de Saint Quentin dans un communiqué transmis à l’AFP.

La Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI) de Corse est gestionnaire des aéroports dans l’île de Beauté « par délégation de la Collectivité de Corse, propriétaire des infrastructures ». Et la CCI a sous-traité la sûreté aéroportuaire à la société SAP SUR, un marché évalué à 11 millions d’euros.

Des retards récurrents ces derniers jours en Corse

« Lors du dernier contrôle opéré en janvier 2024, aucune amélioration significative n’a été observée », selon le préfet qui précise que « plus de la moitié des défaillances relevées 18 mois plus tôt, dont les plus graves, n’avaient fait l’objet d’aucune action corrective concrète ».

Ces défaillances qui entraînent des retards récurrents ces derniers jours, « ne permettent pas de garantir aux usagers de l’aéroport d’Ajaccio le niveau de sécurité minimal assuré dans l’ensemble des aéroports », regrette-t-il, en pointant « le contexte d’élévation du plan Vigipirate à son niveau le plus élevé +Urgence attentat+ le 25 mars dernier ».

Pour y « remédier de manière urgente », la CCI « a été placée sous surveillance renforcée par la DGAC, le 9 avril 2024, permettant de manière immédiate l’augmentation des moyens de l’Etat dédiés au contrôle de la bonne réalisation des missions de sûreté », ajoute le préfet.

Une CCI de Corse qui ferme les yeux ?

Il avait déjà pris des « mesures coercitives » vis-à-vis de la CCI dès le 29 mars, avec notamment la suppression de la ligne d’inspection-filtrage dédiée aux personnels de bord afin de mobiliser les effectifs sur les contrôles « de l’ensemble des passagers ».

« La responsabilité de l’Etat est de dire qu’il y a des dysfonctionnements et ensuite c’est la responsabilité de la CCI d’y remédier », a expliqué à l’AFP une source proche du dossier, regrettant « la prestation minimaliste » de la société SAP SUR pour « faire un maximum de profit » et « une CCI qui n’ouvre pas trop les yeux là-dessus ». L’AFP a tenté sans succès de joindre le directeur de la CCI de Corse suite à ces informations. Ce marché public de la sûreté de l’aéroport est déjà au coeur de procédures judiciaires.

« Extorsion en bande organisée »

Le 6 février dernier Dominique Peretti, directeur de SAP SUR, a été mis en examen pour « extorsion en bande organisée, association de malfaiteurs et recel de favoritisme » par un magistrat instructeur de la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Marseille. Il a été placé en détention provisoire.

L’enquête avait démarré après la plainte, fin mars 2023, d’un responsable de la société Samsic Airport, seul autre soumissionnaire pour l’appel d’offres, qui indiquait avoir reçu un appel de menace de mort. Samsic avait retiré sa candidature de l’appel d’offres, mené en procédure accélérée puisque Arcosur, société qui détenait précédemment le marché, était en liquidation judiciaire.

L’enquête avait permis d’identifier Dominique Peretti comme l’acheteur du téléphone à usage unique ayant servi à passer cet appel. Elle avait également « fait apparaître un certain nombre de dysfonctionnements dans l’attribution de ce marché », selon Nicolas Bessone, le procureur de Marseille, notamment des problèmes concernant les prix, « bien supérieurs à ceux pratiqués auparavant », et « les capacités de l’entreprise soumissionnaire ».

Une arme chargée… à l’aéroport

Par ailleurs, le 22 décembre dernier, le coordinateur des ports et aéroports de la CCI de Corse-du-Sud, Jean-André Simonetti, a été condamné à trois ans d’emprisonnement, dont deux avec sursis, pour avoir tenté de franchir, début novembre, la sécurité de l’aéroport d’Ajaccio avec une arme chargée. Il avait déjà été condamné pour meurtre en 2004.

Le secteur du tourisme est crucial en Corse, représentant 3,5 milliards d’euros par an, soit 39% du produit intérieur brut (PIB), selon l’Insee. D’avril à septembre 2023, plus de 6 millions de voyageurs ont transité dans les ports et aéroports insulaires, dont près de 500000 pour les seuls mois de juillet et août à l’aéroport d’Ajaccio, selon les chiffres de la CCI.

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