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Baromètre Ancoris : « L’investissement touristique est de plus en plus stratégique pour les territoires »

D’après le dernier baromètre publié par Ancoris, l’investissement touristique continue de croître en France, soutenu par des stratégies plus matures tant du côté des investisseurs que des territoires.

L’investissement touristique est toujours en pleine croissance en France. En témoigne le baromètre annuel de l’investissement touristique publié par Ancoris. En 2023, le nombre de projets d’investissement touristique a augmenté de 13,8% par rapport à l’année précédente, confirmant ainsi la tendance à la hausse observée ces quatre dernières années.

« C’est le signe d’un optimisme généralisé, aussi bien du côté des investisseurs que des collectivités », décrypte Guillaume Gady, le directeur général d’Ancoris. « Neuf professionnels sur dix estiment que l’attractivité de leur territoire s’est renforcée depuis la crise sanitaire », observe-t-il également. 

Les investisseurs, eux, ont visiblement toujours envie de se mettre au vert : 64% des projets ciblent un environnement rural. « La crise sanitaire a joué en la faveur des territoires ruraux », rappelle Guillaume Gady. Un choix lié en grande partie au développement de l’hôtellerie de plein air. Pour autant, cette tendance ne tient pas qu’au seul appel de la nature. Si la campagne attire les investisseurs, c’est aussi parce que le foncier y est plus disponible, et donc plus accessible.

La filière de l’hôtellerie, notamment de plein air, s’inscrit comme l’un des moteurs majeurs de l’innovation touristique, portée par de nouveaux concepts comme les hébergements insolites ou les éco-domaines haut de gamme. La filière représente 33% des projets en 2023 (73 projets détectés), soit 40% de plus qu’en 2022.

« Ces projets, toujours plus nombreux et capitalistiquement intensifs, revêtent une importance stratégique pour les territoires, notamment pour les zones rurales qui bénéficient de leur expansion », selon Ancoris.

A condition, sans doute, qu’une offre d’activités suffisante se développe pour occuper ces touristes venus chercher un bol d’air. C’est ce que semble confirmer une nette hausse (+105%) du nombre de projets d’activités et de loisirs détectés par Ancoris. En 2023, ils ont représenté 10% des projets identifiés par la structure. On retrouve notamment dans ces projets d’investissements de nombreux parcs de loisirs de plein air, situés au cœur de la nature. « Ces parcs jouent un rôle essentiel dans la création d’une identité de destination et servent souvent de porte d’entrée sur le territoire. » Parallèlement, Ancoris observe une montée en puissance des parcs de loisirs indoor multiactivité, capables d’accueillir des visiteurs toute l’année, favorisant ainsi le tourisme quatre saisons.

« Tout coûte plus cher »

Côté budget, l’enveloppe allouée dépasse les 3 millions d’euros pour un quart des projets. Pour 55%, il s’agit de la reprise d’équipement, d’une création de site pour 33%. « Les besoins en financement sont importants parce que les projets sont chers, explique Guillaume Gady. Tout coûte plus cher, le foncier, mais aussi les matières premières. »

Et ce, alors que l’accès au financement s’est considérablement restreint ces dernières années. « Pour qu’un projet soit pérenne, il faut quand même avoir les reins très solides au début de l’aventure », avertit Guillaume Gady.

Ce contexte chahuté freine-t-il la concrétisation des  projets ? « C’est tout le contraire, poursuit-il. Le niveau de maturité des investisseurs est de plus en plus élevé. Ils savent que le secteur peut être soumis à des crises. Cette prise de conscience les pousse à se professionnaliser davantage. Ils viennent désormais avec des fonds nécessaires pour avoir une visibilité suffisante sur les premières années. Les territoires, les collectivités, pour qui l’investissement touristique est un sujet encore relativement nouveau, ont  eux-mêmes rehaussé leur niveau d’exigence. C’est un cercle vertueux où tout le monde se tire vers le haut en termes de professionnalisation, ce qui permet d’éviter les catastrophes industrielles. »

Pour les territoires, l’investissement touristique s’affirme en effet de plus en plus comme une priorité stratégique. Le tourisme se positionne ainsi comme un axe essentiel, au même titre que d’autres enjeux pour 64% des acteurs interrogés.

Comme les années précédentes, la RSE fait de plus en plus partie intégrante des projets d’investissement touristique. La part des projets détectés pouvant démontrer un engagement dans au moins une dimension de la RSE (sur la base de 417 projets) grimpe de neuf points, passant de 22% en 2022 à 37% en 2023.

« Il est essentiel que les professionnels publics du développement touristique dans les territoires puissent guider les investisseurs touristiques dans leur implantation tout en soutenant les opérateurs déjà présents dans leur adaptation aux transitions en cours, souligne Ancoris. Face aux défis environnementaux, aux évolutions des filières touristiques et aux nouvelles attentes des clients, ces opérateurs doivent moderniser leur offre pour répondre aux demandes futures. »

Des projets très mobiles

Et du côté des investisseurs, quels sont les critères décisifs ? « La disponibilité de solutions d’accueil immobilières ou foncières s’impose de plus en plus fortement comme un critère décisif dans l’acte d’investissement », analyse Ancoris.

C’est d’ailleurs là une des particularités – et des atouts – de l’investissement touristique. Ville, campagne, mer ou montagne : contrairement à d’autres filières, à l’image des activités industrielles ou innovantes par exemple, plus dépendantes d’un écosystème économique, un bon projet touristique peut s’implanter… à peu près n’importe tout. D’où une concurrence accrue entre les territoires.

Pour une majorité des projets qualifiés par Ancoris, la localisation n’est d’ailleurs pas définie au préalable. 59% d’entre eux peuvent être qualifiés de « très » ou « assez » mobiles.

Autres freins potentiels : l’image et la notoriété du territoire (37% des sondés), les problématiques liées au PLU (34%), la concurrence des autres destinations (25%) ou la faiblesse des flux touristiques (24%). 

Malgré tout, les signaux restent au vert. Mais jusqu’à quand ?

« Je ne possède pas de boule de cristal, mais je pense qu’il y a encore une vraie marge de manœuvre, anticipe Guillaume Gady. La façon de faire du tourisme a changé, la façon de partir en vacances aussi. On a besoin d’une offre beaucoup plus diversifiée. Certaines zones sont en phase de restructuration ou devront s’y engager dans les années à venir, je pense notamment à la montagne. Là et ailleurs dans l’Hexagone, une partie du parc immobilier nécessite également d’être renouvelée. Ces évolutions engendreront de nouveaux besoins en investissement. »

[Article actualisé le 23 avril à 12H50]

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1 commentaire
  1. Anonyme dit

    Bonjour,
    Article intéressant sur une étude elle aussi intéressante, mais qui possède un biais pour le moins gênant : on part ici du principe qu’un projet d’investissement touristique est bon, vertueux et positif par nature et que, donc, tout projet d’investissement touristique est défendable a-priori, que son opportunité pour un territoire donné ne se discute pas. Serions nous la seule industrie à continuer à penser qu’elle peut se développer sans réfléchir à la nature de son développement (où ? pourquoi ? pour qui ? comment ?) et à ses conséquences sur les biens communs et leurs usages ?
    Les questions de sobriété sur la consommation des sols, des fluides (eau, électricité), sur la production et le traitement des déchets , sur la nature des emplois locaux créés, sur les impacts sur les voiries et transports ne sont pas abordées comme faisant partie des éléments clés de tout projet d’investissement touristique : mieux, on sous entend dans ce papier qu’on peut se libérer de toute contrainte un peu forte puisque que, je cite, « un bon projet touristique peut s’implanter… à peu près n’importe tout. » et que , je cite encore, « La disponibilité de solutions d’accueil immobilières ou foncières s’impose de plus en plus fortement comme un critère décisif dans l’acte d’investissement » ….
    Le chemin semble encore long vers la transition de notre profession pour un tourisme vraiment responsable .

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