Tourisme médical : bientôt la France ?
En plein essor dans le monde, ce marché reste balbutiant dans l’Hexagone. À défaut de réceptifs, ce sont des sociétés extérieures au tourisme qui se positionnent pour le développer.
130 milliards de dollars. D’après le cabinet KPMG, c’est le chiffre d’affaires que devrait générer le tourisme médical dans le monde en 2015. Alors que certains pays européens ont décidé de développer ce marché, en particulier l’Allemagne, où la stratégie est pilotée par l’office de tourisme lui-même, l’activité reste balbutiante en France. De fait, le sujet est pour l’instant négligé par les institutionnels touristiques hexagonaux. À Lyon, l’OT travaille sur la question depuis 2007, mais seulement en pointillé. À Marseille, le mouvement est plus engagé, mais sous la houlette de la Chambre de commerce et d’industrie : elle prépare la création d’un « Pôle Santé Méditerranée » chargé d’organiser le séjour des touristes médicaux.
Parmi les candidats à la gestion de cette plate-forme figure Ypsée, une société marseillaise jusqu’alors spécialisée dans les interventions esthétiques à l’étranger. « Nous comptons proposer des packages à la carte, dont certains incluant l’organisation de la partie touristique du séjour, explique Sébastien Valverde, le co-fondateur. Le groupe Accor est déjà dans la boucle. »
Le secteur du voyage devient un terrain de chasse
Ypsée n’a pourtant rien d’une entreprise du tourisme : elle ne facture à ses clients qu’un service lié à l’élaboration de leur planning de soins et à la mise en relation avec les prestataires, mais ne vend aucun produit touristique. Idem à Toulouse, où des chirurgiens ont créé, en 2011, la société France Surgery. L’entreprise n’appartient pas au secteur du voyage, mais elle chasse sur ses terres, n’hésitant pas à prendre un stand lors du dernier salon Rendez-Vous en France. Objectif, explique Carine Hilaire, DG : « que notre offre médicale soit relayée par les tour-opérateurs étrangers ». À Bordeaux, un réceptif a bien essayé de se lancer. Fondée en 2008, l’agence Théra Voyages organise non seulement la partie médicale des voyages mais vend aussi les prestations touristiques (transport, hébergement, excursions, etc.). Malheureusement, l’activité ne décolle pas. « On fait face aux difficultés de délivrance des visas et aux réticences éthiques du milieu hospitalier », regrette Cédric Denis, fondateur de l’agence. Les mentalités semblent pourtant lentement évoluer. À Paris, par exemple, les hôpitaux publics se sont résolus à attirer les touristes étrangers pour éponger leurs dettes. De quoi ouvrir des perspectives aux professionnels du tourisme.
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