Retrouvez l'actualité du Tourisme pour les professionnels du secteur tourisme avec l'Echo Touristique : agences de voyages, GDS, prestataires spécialisés, voyagistes

Qui veut de la montagne durable ?

Le constat : La montagne verte est peu présente dans l’offre des tour-opérateurs, qui ne voient pas de demande significative.Le contexte : Pourtant, les stations s’engagent dans des démarches de développement durable, parfois exigeantes.L’enjeu : Rendre visible une offre différente, et prouver qu’elle constitue un avantage concurrentiel, servirait les stations, les TO, et les clients.

Systèmes de tri sélectif, achats durables, chauffage au bois, plan de déplacement, labellisation… Les stations de montagne essayent de limiter leurs émissions de gaz à effet de serre et se préoccupent de l’environnement comme de la qualité de vie. Des actions qui fidélisent la clientèle et peuvent même contribuer à la décision d’achat. Pourtant, l’offre des tour-opérateurs en fait rarement mention. Stéphane Lerendu, directeur de l’Office de tourisme d’Avoriaz, confirme : « Nous avons du mal à mettre en avant cet avantage concurrentiel, notamment auprès des voyagistes, et les vacanciers ont peu de visibilité sur ce qui se fait. » Les stations ont des engagements variés, peu lisibles pour le client, et qui ne sont pas reprises dans l’offre des voyagistes. En 2007, 52 stations ont signé la charte nationale en faveur du développement durable de l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM). D’autres affichent le label Tourisme et Handicap, la mention Alpine Pearls, des certifications Iso 9001 ou 14001, des zones Natura 2000, des labels pour les bâtiments comme Green Globe ou l’Ecolabel européen…

UN CRITÈRE DE QUALITÉ

« On ne peut pas communiquer sur tout, explique Ilan Koskas, directeur marketing du groupe Travelfactory. Une action durable sera mise en avant si elle est présentable comme un critère de qualité. » C’est le cas, par exemple, du caractère piéton de stations comme Avoriaz ou des Arcs 1950, qui permet de limiter les émissions de CO2 tout en offrant un environnement plus agréable. « Ces produits ont les plus forts taux de croissance chez Travelski.com », ajoute Ilan Koskas. La France du Nord au Sud est un des seuls tour-opérateurs à faire mention d’un label, celui de Station verte. Pour Germain Lelarge, président-directeur général et fondateur du groupe, l’engouement pour ces stations est certain : « Notre chiffre d’affaires sur ces destinations a été multiplié par deux en un an », déclare-t-il. Mais les clients sont d’avantage attirés par la démarche de qualité, plus présente dans le label, que par la dimension environnementale ou par les prix moins élevés.

Le problème est identique pour les stations de montagne. Jean-Henry Mir, maire de Saint-Lary-Soulan, dans les Hautes-Pyrénées, distingue deux types d’actions. Celles, comme le développement du compost, la gestion des déchets ou de l’eau qui sont peu visibles et ne peuvent constituer un argument marketing. Au contraire, l’installation d’une télécabine reliant la station au village à permis de réduire considérablement la pollution, tout en attirant des clients par son côté pratique. La rareté de l’offre est aussi liée au retard de l’hôtellerie. La moyenne de la consommation énergétique des bâtiments en montagne est de 300 à 500 kWh/m²/an, contre 200 en France et 120 d’après les nouvelles réglementations (RT 2005). Comme beaucoup, Odalys, Vacanciel ou Lagrange, ne ne proposent aucun produit vert. Certains y voient un intérêt. Pierre et Vacances construit une résidence haute qualité environnementale (HQE)1 à Avoriaz1 et a obtenu le label Clef verte pour 17 de ses établissements, notamment à Avoriaz ou La Plagne. Une mention qui sera affichée sur les catalogues l’an prochain. Le groupe Temmos, encore plus avancé, détient cinq hôtels engagés dans une démarche environnementale exemplaire. Romain Trollet, directeur général, analyse : « Pour les individuels, c’est un moyen important de fidélisation. La cuisine locale, le prêt gratuit de vélo, ou le confort thermique dans les chambres peuvent aussi être utilisés comme arguments de marketing. Pour la clientèle affaires, c’est un critère de choix : un séminaire sur six est organisé autour de cette thématique. Mais seuls quelques TO scandinaves nous référencent sur ce critère. C’est pour eux un moyen de se différencier. »

Les voyagistes français ne chercheraient donc pas à se différencier ? Certains, comme Allibert, sont spécialisés dans le tourisme responsable et programment la montagne française. Mais en dehors d’une clientèle marginale, très sensibilisée, la demande est faible. « Le ski, la neige et le prix restent, de loin, les premiers critères de choix », confirme Ilan Koskas, de Travelfactory. Mais c’est oublier que la demande suit aussi l’offre.

D’après l’enquête Omnibus Tourisme GFK-L’Écho touristique2, 53 % des Français considèrent que le tourisme responsable est avant tout valorisé comme un argument commercial. Ils sont 30 % à penser qu’il existe une offre en la matière, qui traduit un engagement. Stéphane Lerendu, de l’Office de tourisme d’Avoriaz, pense qu’il y a un manque de communication sur le sujet. « Aspen, aux États-Unis, a une véritable démarche environnementale. Quand on rentre dans un hôtel, on sait qu’il y a des ampoules basses consommation. Des événements sont organisés autour du développement durable, des produits sont clairement identifiés… Ils sont vendus comme marque verte, et ça marche. »

LA DYNAMIQUE EST LANCÉE

La promotion d’offres responsables, présentées comme un avantage pour le client ou comme une démarche environnementale sincère, servirait les bons élèves, stations de montagnes ou hôtels, et permettraient aux voyagistes de se différencier. Une dynamique qui, pour Romain Trollet est déjà lancée : Dans quelques années, le développement durable ne sera pas un critère de choix pour les clients, mais un critère de retard pour les professionnels qui n’ont pas anticipé.

(1) Pour bénéficier de la distinction HQE, la consommation électrique doit être inférieure à 40 kWh/m²/an.

(2) Étude réalisée entre le 10 et le 17 novembre 2010 auprès d’un échantillon national représentatif de la population française de 1000 personnes, sur des problématiques exclusivement orientées sur le tourisme.

« Comme beaucoup Odalys, Vacanciel ou Lagrange ne proposent aucun produit vert »

« Le ski, la neige et le prix restent, de loin, les premiers critères de choix. »

%%HORSTEXTE:1%%%%HORSTEXTE:2%%%%HORSTEXTE:3%%

Laisser votre commentaire (qui sera publié après moderation)

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Dans la même rubrique