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Lionel Rabiet (EdV) : « Cette crise a accéléré des années de transition »

Ingénieur de formation, Lionel Rabiet bascule dans le domaine de la presse avant de se plonger vers le tourisme. Investi dans les arcanes institutionnels de la profession, il offre un nouveau regard sur la transition inéluctable du tourisme…

Lionel Rabiet, qui êtes-vous ?

Lionel Rabiet : J’aimerais bien le savoir. Je m’attendais à cette question, j’ai essayé de trouver une réponse intelligente mais je ne suis pas sûr de la trouver… Mon âge, 46 ans. Ma situation personnelle, je suis père de deux adolescents de 13 ans et 19 ans. Le quartier où j’habite, le 11ème arrondissement de Paris… Si je devais me définir, je dirais qu’il y a deux choses importantes qui m’animent dans la vie : l’envie de construire, j’aime les choses qui durent. Un de mes rêves, un peu naïf, c’est que ma société Voyages d’Exception puisse encore exister dans 100 ans. Ça vient peut-être de mon côté ingénieur. Le deuxième moteur de vie pour moi, c’est le goût de la rencontre, de l’échange, du partage. J’aime l’amitié sincère. Mes principales réussites sont liées à des rencontres. En revanche mes échecs – et j’en ai eu beaucoup – sont généralement de ma seule responsabilité. Ma vie a été jalonnée de rencontres qui m’ont permis de progresser et de me connaître. Je me considère comme verni d’être dans le tourisme, car je trouve qu’il existe dans cet univers une richesse humaine inégalée, avec beaucoup de diversité de parcours de vie inspirants.

En parlant de parcours de vie, comment en étant ingénieur, bascule-t-on dans le tourisme ?

Lionel Rabiet : J’ai un parcours un peu atypique. A l’école, j’étais plutôt bon dans les matières scientifiques donc j’ai naturellement fait une classe prépa et j’ai fini à l’école des Mines. Ensuite, j’ai fait un service national en entreprise chez Gaz de France à New York. Quand je suis rentré en France, je ne voulais pas forcément continuer dans le gaz et je me suis orienté vers le conseil en stratégie. Au fil de rencontres, j’ai été amené à travailler pour la presse dans des groupes de médias, vraiment par hasard. En 2005, j’ai quitté le conseil pour entrer au groupe Figaro. A l’époque j’étais responsable du lancement d’un quotidien gratuit qui n’a jamais eu lieu. J’ai continué mon petit bonhomme de chemin au sein du groupe et j’ai petit à petit dirigé le pôle Diversification : je m’occupais d’activités comme tous les magazines autres que le Figaro Magazine, les collections de DVD, d’encyclopédies, la solitaire du Figaro, tout ce qui était autour du vin. En 2008, j’ai décidé de lancer les croisières du Figaro avec un concept où on invitait des personnalités connues à bord, des journalistes puis on faisait la promotion dans le journal. Ça a tout de suite eu du succès, mais en 2012, le Figaro « m’a quitté » à la suite d’un changement de direction. Je me suis vraiment dit que c’était le moment ou jamais dans ma vie de ma lancer dans l’entrepreneuriat. C’est sûrement la décision la plus importante que je n’ai jamais pris de toute ma vie et la meilleure peut-être. Puis encore un fois une rencontre : j’étais sollicité par le journal Notre Temps dont l’opérateur venait de faire faillite : ils m’ont demandé de mettre en place des croisières à thèmes pour leurs lecteurs. J’ai alors créé la société qui s’appelait Média Up. Pendant 3 ou 4 ans, on a organisé des croisières à thèmes avec des personnalités aussi diverses que Jack Lang, Cédric Villani, Patrice Laffont, Natacha Polony, j’ai même eu Bernard Tapie.

Et puis il y a eu un grand changement en 2016, il n’y a pas si longtemps, j’ai décidé de devenir agent de voyages. La société a changé de statut, on a changé de nom, on s’est appelé Croisières d’Exception pour avoir notre propre marque. On a eu une croissance très rapide, passant en quatre ans d’un million à 17 millions d’euros de chiffre d’affaires. On a eu une décroissance encore plus rapide… de 17 millions à un million d’euros de chiffre d’affaires en un an seulement, à cause du Covid. L’année dernière on a changé de nom, désormais on s’appelle Voyages d’Exception afin de pouvoir élargir notre offre de voyages. On organise à peu près 50 croisières par an, toujours accompagnées, en français, la plupart sur des petits bateaux de moins de 70 cabines avec des thèmes comme la culture, la nature, l’histoire, la musique. Nous sommes une équipe d’environ 20 personnes actuellement, basée à Paris dans le 11ème.

Vous qui avez travaillé longtemps dans la presse, quel regard vous portez sur la presse professionnelle du secteur ?

Lionel Rabiet : Ça fait longtemps que je suis préoccupé pour la presse professionnelle du secteur, bien avant le Covid. En tant que président des Entreprises du Voyage d’Ile-de-France, j’en ai parlé pour dire à quel point la presse professionnelle était importante pour nous, acteurs du tourisme, et qu’on avait peut-être un rôle à jouer pour s’assurer de la pérennité de ce secteur. C’est tout bête mais le jour où on aura plus que Google et Facebook pour communiquer en BtoB, on sera bien tristes. Malheureusement en 3 ou 4 ans, on a quand même eu un appauvrissement de l’offre. Il y a plusieurs de vos concurrents qui ont disparu. Heureusement il reste encore deux médias forts : bien sûr L’Echo touristique et probablement aussi Tourmag. La presse pro est confrontée à des défis qui sont extrêmement difficiles. Un des enjeux essentiels est de développer les abonnements payants, c’est le même enjeu que la presse grand public. On voit que cette transition est plutôt réussie. Aujourd’hui Le Monde, Le Figaro arrivent à avoir des revenus significatifs des abonnements numériques. Je pense que cette transition doit aussi se faire au niveau de la presse professionnelle. Au-delà de ça, à titre personnel, je suis un amoureux de la presse, je lis tous les jours quasiment tous les journaux.

Même dans mes pires cauchemar, je n’imaginais pas l’arrêt total des croisières.

Pour moi la presse fait vraiment partie de notre écosystème. Au niveau du syndicat, on s’est battu pour que la presse pro puisse bénéficier de certaines aides par rapport à cette crise. On a besoin de vous, vous avez besoin de nous, c’est une évidence puisque vos revenus viennent des opérateurs. Mais on a aussi énormément besoin de vous. En tant qu’entreprise, à ma petite échelle, je fais ce qu’il faut pour investir dans les médias pros, dans une vision de long terme.

Comment réagit-on quand on est à la tête d’une entreprise dont la formidable croissance s’arrête tout net ?

Lionel Rabiet : Tout s’est arrêté à un point que je n’imaginais pas, même dans mes pires cauchemars. Un jour en plaisantant j’avais dit à un ami : « la seule chose qui pourrait nous arriver serait, qu’un jour, on interdise les croisières ». On n’a pas interdit que les croisières, on a interdit tous les voyages. On espère que ça va redémarrer sur l’été, peut-être sur la rentrée.

J’ai toujours été très proche de mes équipes, c’est aussi l’avantage quand on crée une boîte de zéro. Tous les salariés sont des gens que j’ai choisis, je leur rends hommage. Ils vivent une période assez exceptionnelle par sa difficulté, il faut en être conscient. On traverse cette crise ensemble. Il y a des décisions difficiles qui ont été prises, on a dû réduire un peu la voilure. Aujourd’hui avec du recul, je le vis aussi comme une expérience. Elle n’est pas terminée, mais c’est aussi un moment de notre vie professionnelle et personnelle où on apprend des choses, où « il y a aussi du bon » à tirer en termes d’enseignements personnels et de relations. J’ai eu le sentiment à un moment que tout allait s’écrouler. Aujourd’hui, avec les aides dont on dispose au niveau du gouvernement, on a quand même des perspectives de pérennité.

Vous avez déclaré il n’y a pas très longtemps que vous étiez très inquiet pour l’avenir des agences de voyages physiques…

Lionel Rabiet : Oui j’ai dit ça en août 2020. D’abord je suis très admiratif de la résilience et de l’énergie qui sont déployées par beaucoup de professionnels de la distribution, je pense notamment à des mini-réseaux. J’ai dans mon entourage des personnes qui ont profité de cette période pour initier de nouvelles activités notamment de réceptifs en France, qui ont fait preuve de beaucoup d’énergie, je les admire. Ce que je crois vraiment, c’est qu’il y a beaucoup de changements à prévoir dans le domaine de la distribution. Ma conviction est que le futur de ces agences est vraiment d’aller vers le voyage premium haut de gamme. La clientèle qui va dans son agence physique, soit par habitude de consommation ou par réticence à le faire sur internet, finira forcément par aller sur le web. On ne pourra jamais lutter, encore moins aujourd’hui qu’avant avec les plateformes, qui sont aussi des agences de voyages mais ouvertes 24/24h, où les coûts de gestion sont minimes et où finalement le rôle de l’humain n’est pas décisif. Cette crise a accéléré des années de transition et c’est juste une question de temps et de renouvellement de générations de consommateurs. En revanche, pour les voyages plus longs, plus complexes, la crise du Covid va renforcer des agences de voyages parce que les clients sont en recherche de beaucoup plus de sécurité, de confiance. Il n’y a que le lien humain qui apporte la confiance. Il y a aussi le lien de responsabilité sociale et environnementale. C’est exactement la valeur ajoutée que peuvent apporter les agences de voyages.

Vous avez également dit « les relations TO-agences se crispent de plus en plus ».

Lionel Rabiet : Je pense que je ne me trompe pas. Je ne suis pas dans le secret des dieux, évidemment qu’il y a des intérêts qui divergent. Je pense qu’on est une profession où la production des tour-opérateurs et la distribution doivent vraiment travailler ensemble. Depuis longtemps y a des divergences notamment sur la question des paiements. Je ne suis pas concerné à titre personnel par ces problèmes, avec Voyages d’Exception nous vendons à plus de 90% en direct.

Faut-il changer les modes de paiement entre les distributeurs qui touchent l’argent immédiatement et qui le reversent que, 30, voire 60 jours après le retour des clients ?

Lionel Rabiet : D’abord, tout cela relève de négociations commerciales entre les acteurs. C’est un rapport de force. Vous avez plusieurs types de producteurs. Vous avez les producteurs qui ont des marques fortes comme Club Med par exemple, ce qui se traduit par un rapport de force et des contrats plus favorables à la production. Pour moi cette crise est une crise de la confiance entre les acteurs. Et si la machine se grippe, tout le monde y perdra. Nous, par exemple, on doit avancer des sommes importantes au niveau des armateurs, des réceptifs, et y a le sujet de la confiance… Il faut vraiment qu’un partenariat fort se mette en place. Essayons d’avoir ce petit supplément d’âme pour réfléchir ensemble à ce qui peut être trouvé.

La préservation de l’environnement est un sujet majeur.

Revenons sur la croisière. Est-ce que pour vous la croisière est un pollueur du tourisme ? On tape beaucoup sur l’avion, sur les navires gros ou petits, qu’en pensez-vous ?

Lionel Rabiet : Le sujet de la préservation de l’environnement est un sujet majeur. Du matin au soir on parle du Covid et j’ai le sentiment que bientôt, le sujet qui nous préoccupera du matin au soir ça sera l’environnement. Le tourisme au niveau du réchauffement climatique est clairement un émetteur de carbone important, il doit faire sa transition écologique. On a cet objectif d’arriver au zéro carbone en 2050, on doit y arriver. Sur ce sujet du réchauffement climatique, les croisières aujourd’hui émettent très peu de CO2. Quand je dis ça les gens disent « Comment ?!! ». C’est sûr que si on prend un bateau de 3000 personnes il produit plus de CO2 qu’un bateau de 10 personnes. Si vous ramenez ça à la personne, la réalité est que le émissions de CO2 sont faibles. C’est comme si je disais demain « arrêtons de prendre le bus parce qu’un bus pollue plus qu’une voiture », ça n’a aucun sens. Sur cet aspect du CO2 la croisière honnêtement n’est pas plus un problème que le reste. Le sujet de la croisière aujourd’hui d’un point de vue environnemental, quand on parle des gros bateaux c’est vraiment le sujet du surtourisme. Il y a encore beaucoup de choses à améliorer. Il y a eu une course au gigantisme dans les bateaux de croisière qui a pour conséquence que les armateurs nécessairement doivent aller faire des escales dans des ports où ils peuvent embarquer beaucoup de clients. La tendance est de revenir à la construction de bateaux plus petits. Le troisième sujet est celui des émissions des bateaux. Un bateau émet des particules qui peuvent être mauvaises. Là aussi il y a des solutions. Nous on travaille aussi sur des petits bateaux et disons que médiatiquement ça passe mieux. Il y a toujours eu un « Cruise bashing » il est de bon ton de critiquer les croisières. « Faire une croisière c’est ringard ». La vérité c’est que c’est totalement faux. Il y a cette idée que pour faire des croisières il faut être un peu âgé mais ce n’est pas vrai. Souvent je dis que la croisière ça n’existe pas, ce qui existe ce sont DES croisières. J’ai eu la chance juste avant le Covid de partir en Antarctique faire une croisière sur un bateau d’exploration c’est une expérience qui n’a rien à voir. La croisière c’est d’une diversité absolument phénoménale et je crois qu’il existe quasiment une croisière pour chaque type de clientèle en fonction de ce que vous cherchez.

Lionel Rabiet vous êtes de plus en plus impliqué dans les instances de la profession, vous êtes président de EDV Ile-de-France, c’est une façon de participer un peu plus à la vie de la profession ? Pourquoi ?

Lionel Rabiet : Je me suis retrouvé président des EdV Ile-de-France avec très peu de notoriété dans la profession. C’est vraiment le fruit de rencontres. Ça s’est passé quand j’étais à la convention au Sri Lanka, j’ai rencontré Emmanuel Toromanoff de l’APST qui m’a vraiment donné un grand coup de main à ce moment-là où j’étais en difficulté au niveau de la garantie. Il y a aussi Valérie Boned qui, pour moi est peut-être la plus belle rencontre faite dans le tourisme et quelqu’un pour qui j’ai une admiration sans bornes pour ses compétences, son sens des relations humaines. Ce qui me fait plaisir, c’est que je trouve qu’avec le Covid beaucoup de gens ont pu voir à quel point cette personne était indispensable à cette profession. J’ai aussi rencontré Jean-Pierre Mas pour qui j’ai aussi beaucoup d’admiration, qui est quelqu’un qui ne lâche jamais rien. Je suis très impressionné par sa détermination, sa ténacité. J’ai été fasciné par ces personnalités. Je me suis dis que j’allais m’investir. J’ai été élu Président de la région EDV Ile-de-France et j’ai pris beaucoup de plaisir à essayer de redynamiser l’institution, à organiser des conventions en Ouzbékistan, en Laponie… on a fait beaucoup d’événements aussi pour les adhérents, toujours dans l’idée d’aider les adhérents. J’y consacre beaucoup de temps mais j’en retire énormément de satisfaction. Le plaisir d’être utile. L’autre chose fondamentale à mes yeux est que ça me permet de rencontrer des personnes inspirantes. L’année 2020 a été fondamentale pour les EDV. C’est comme si tout ce qui avait été fait avant, enfin les EDV gagnaient toute leur légitimité, chacun a réalisé à quel point cette institution était importante et surtout il y a une petite fierté à en faire partie.

On ne va pas se le cacher, il y aura bientôt un nouveau président, vous y pensez en vous rasant le matin ?

Lionel Rabiet : Non, je n’y pense pas du tout. Pour moi ce n’est vraiment pas d’actualité. Qui sait à quoi ressemblera le monde du tourisme dans deux ans ? Je trouve aussi qu’il y a un président qui est exceptionnel, on a besoin de lui. Moi je serais pour que Jean-Pierre Mas continue son parcours à la tête des EDV. Il incarne vraiment la force tranquille. Même s’il est beaucoup plus jeune, c’est un peu notre Joe Biden à nous [rires]. Je souhaite que Jean-Pierre Mas continue.

Dans le cas où Jean-Pierre aimerait aussi prendre un peu de recul ?

Lionel Rabiet : Je ne sais pas… vraiment je ne me pose pas la question. Il y a tellement d’incertitudes et c’est vraiment un job à temps plein. Je pense qu’il y aura beaucoup d’autres candidats de grande valeur avec peut-être plus d’expérience que moi, je ne suis pas sûr d’être le candidat naturel, loin de là. Si je dois répondre à la question : non, je ne suis pas candidat.

La vie pour vous c’est quoi, Lionel ?

Lionel Rabiet : La vie ce sont des rencontres, l’humain, l’échange, le partage, mes filles qui sont adolescentes. C’est un âge où on a beaucoup besoin de son père et de sa mère, c’est au cœur de ma vie. C’est aussi cette entreprise, c’est un peu mon bébé. C’est un rêve, je suis heureux au quotidien, j’ai la chance d’être entouré d’une super équipe et c’est dur pour eux, encore plus que pour moi je pense parce que c’est de l’inactivité, des angoisses, du stress. Ma vie ce sont mes enfants, mon entreprise et mes amis.

Si vous aviez quelque chose à refaire, est-ce que vous referiez ? Regrettez-vous certaines choses ? Un petit bilan ?

Lionel Rabiet : Je viens juste d’avoir 46 ans, c’est un peu comme si je passais dans la deuxième partie de ma vie, on a un peu retourné le sablier. J’espère encore faire 45 ans ! Oui il y a des choses que je regrette à titre personnel, des personnes à qui j’ai pu faire du mal parce que dans la vie on fait toujours des erreurs. Parfois on ne tient pas toujours suffisamment compte des autres et de ce qu’ils pensent…

En tant que membre dirigeant des entreprises du voyage, qu’est-ce que vous dites à vos adhérents ?

Lionel Rabiet : Je leur dis comme Jean-Pierre Mas : « Ne lâchez rien ! ». On est dans un moment très paradoxal parce que, par exemple, on avait fait un effort colossal pour reporter tous nos voyages, On est dans le dur d’un point de vue relation avec les clients et en même temps, on commence à voir la lumière au bout du tunnel… Faites comme moi, gardez confiance ! Je pense que l’optimisme quand on est chef d’entreprise c’est un devoir, on a le devoir d’être optimiste. On est concentrés au maximum, restez optimistes et gardez confiance.

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