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Corinne Renard (Exploris) : « La mer, c’est mon yoga »

Jeune, elle voulait être avocate, « pour défendre les autres », dit-elle. Sa rencontre avec Rémy Arca va la conduire vers la mer et les bateaux. Son nouvel élément, nous raconte Corinne Renard, directrice des ventes d’Exploris.

L’Echo touristique : Corinne Renard, qui êtes-vous ?

Corinne Renard : Je suis quelqu’un de volontaire, dynamique et passionnée ! Dans mon travail, je suis exigeante, un peu perfectionniste et parfois impatiente. Mais je crois être surtout une femme sincère, fidèle à ses valeurs, ses amis. J’aime les gens et c’est sans doute pour ça que je me suis tournée vers ce métier.

Vous parlez de vos valeurs. Quelles sont-elles ?

Corinne Renard : La franchise, l’intégrité, le respect des autres. Je n’ai pas tendance à être très politique. Et je n’aime pas l’injustice. Mes valeurs, ce sont aussi le travail en équipe, l’amitié. Mon socle, ma famille. 

Quand vous subissez une injustice, vous réagissez comment ?

Corinne Renard : Cela me perturbe et je peux rapidement devenir rebelle, révoltée. D’ailleurs plus jeune, je me destinais à être avocate ou assistante sociale, j’avais à cœur de défendre les autres… Mais je me suis ravisée car j’ai craint de ne pas savoir prendre la distance nécessaire.

En tant que femme et en parlant de justice, que faire pour ces femmes opprimées en Iran, en Afghanistan… ou ailleurs ?

Corinne Renard : Que l’on soit homme ou femme, on ne peut être que révolté par ce qui se passe. Je me sens bouleversée et… impuissante. On ne peut que combattre ce fanatisme et cet obscurantisme. J’ai la chance d’être née et de vivre dans un pays où les femmes sont libres. Tout ce qui nous semble anodin et normal est interdit dans ces pays. C’est presque impossible à imaginer ou comprendre. Je mesure le courage de ces femmes qui se battent pour retrouver leur liberté au risque d’y perdre la vie. Il est impératif de faire entendre leur voix et qu’elle soit soutenue et défendue par la communauté internationale. Il ne faut pas les oublier et que cela devienne juste une fatalité.

Si vous ne viviez pas en France, dans quel pays aimeriez-vous vivre ?

Corinne Renard :  Ça pourrait être le Canada. Pour ses grands espaces, sa culture, proche de la nôtre… Pour le côté nature, amical de ce pays où il y fait bon vivre. J’ai découvert cette destination très jeune lors d’un voyage scolaire et c’était mon premier voyage à l’étranger.

Je vous ai toujours connu travaillant dans le domaine de la croisière. C’est une vocation ?

Corinne Renard : Je n’ai pas commencé par la croisière. J’ai démarré ma carrière chez R.A Marketing, société de représentation de prestations touristiques sur les Etats-Unis, présidée par Rémy Arca. C’est la personne qui m’a donné ma chance dans le métier du tourisme et mon mentor. J’ai commencé très tôt chez lui, à la réservation : nous vendions des motels, des locations de voiture, des survols de parcs nationaux aux Etats-Unis. La croisière est venue après, lorsque nous sommes devenus les représentants en France de Royal Caribbean. C’est là que j’ai commencé à découvrir le produit croisière. A cette époque, les compagnies internationales étaient méconnues en France : lorsque je parlais de Royal Caribbean, personne ne savait trop ce que c’était : une chaîne hôtelière ou autre chose…

Je suis devenue une passionnée des bateaux.

J’ai dû défendre la croisière avec cette compagnie très innovante. Puis nous nous sommes développés, nous sommes devenus agent général de compagnies prestigieuses, telles Cunard et Seabourn et de TO spécialistes croisières. Nous avons créé des liens solides avec les interlocuteurs de chacune des entreprises et formé les agences à la vente des croisières. Au fil du temps, j’ai appris à connaître les atouts et les spécificités de ces compagnies. Finalement, ce n’est pas un hasard : j’ai toujours aimé la nature, l’océan… Ça fait partie de ma vie.

Vous naviguez vous-même ?

Corinne Renard : Non, je n’ai pas cette chance. Mais j’ai eu l’opportunité tout au long de ces années de découvrir la croisière sous toutes ses formes. J’ai aimé naviguer sur des voiliers ou de petits yachts comme sur de grands paquebots. Une de mes expériences les plus fortes a été la traversée de l’Atlantique à bord de la compagnie Cunard. L’arrivée à New York est un moment magique.

Tourisme, croisière, écologie. Tout va ensemble ?

Corinne Renard : On a lu et entendu beaucoup de choses sur la croisière et l’écologie. Il était temps que les différents acteurs s’expriment et expliquent tout ce qui a été entrepris dans ce domaine. Finalement nous avons été trop discrets par rapport aux démarches déjà réalisées et nous devons aujourd’hui défendre une industrie qui a déjà entrepris sa mue depuis plusieurs années. Les armateurs ne sont pas là pour polluer mais au contraire pour défendre cet univers, défendre les océans et le plaisir d’y naviguer. Le recyclage des déchets, le traitement des eaux usées, les carburants utilisés, la diminution de la vitesse et la contribution de la lutte contre la pollution plastique sont des mesures prises par l’ensemble du secteur maritime. L’écologie est au cœur des préoccupations de notre secteur et les avancées technologiques vont permettre dans les années qui viennent de rendre notre activité encore plus vertueuse.

Ainsi, chez Exploris récemment membre ATR, nous souhaitons proposer des expéditions tout en respectant la nature qui nous entoure, l’explorer sans impact grâce à l’expérience de nos équipes d’experts à bord. L’objectif est de renouer avec une expérience authentique et intimiste. Nous avons vraiment à cœur, Exploris comme nos confrères, de protéger les océans.. En ce qui me concerne, la mer m’apaise, c’est mon yoga. Un élément naturel qui me ressource !

Vous avez quitté rapidement CIC. Comment réagit-on en prenant une telle décision ? Comment entame-t-on une « traversée du désert « ?

Corinne Renard : Il faut remettre les choses dans leur contexte. J’ai vécu une expérience extraordinaire aux côtés de Rémy Arca et Viviane Richer durant les nombreuses années de CIC. En 2018, nous avons vendu la société, dont j’étais également actionnaire. C’était difficile car je savais que c’était une page qui se tournait. Je n’avais pas envisagé de partir mais j’ai finalement fermé le chapitre en même temps que le départ de mes dirigeants fin 2019. Je garde de très bons souvenirs des équipes commerciales avec lesquelles j’ai collaboré.

Trois mois après, le Covid est malheureusement arrivé, remettant tout en question. L’économie, votre secteur, votre réseau. Cela m’a fait réfléchir sur ma carrière, sur ce que je voulais faire ou ne plus faire. Cela m’a permis de prendre un peu de recul et d’envisager la suite de mon parcours. Aujourd’hui, je crois qu’il n’y a jamais de hasard et qu’une nouvelle aventure m’attendait.

Mais quand le téléphone ne sonne plus…

Corinne Renard : Justement. Vous savez, le réseau est important. Au fil des années, on a créé des liens avec des gens dont on sait qu’ils sont là, à votre écoute, qui vous soutiennent… C’est ce qui m’est arrivé grâce à mes confrères tour-opérateurs, croisiéristes pour beaucoup. Les relations ne se sont jamais arrêtées. Les liens sont restés très forts et je n’ai jamais été mise de côté. Je remercie d’ailleurs tous ces confrères, qui m’ont apporté leur soutien dans mes projets.

Si vous avez été honnête, intègre, il y a toujours un retour « sur investissement », si je puis dire. On s’aperçoit que les gens ne vous apprécient pas seulement pour votre titre ou la compagnie que vous représentez mais aussi pour les valeurs que vous partagez.

Au-delà des titres nous sommes des humains.

Ce qui est important pour moi, c’est de voir qu’au-delà de nos titres ou de nos activités, on reste des êtres humains. 

Corinne, vous êtes toujours souriante. Pourtant quand on vous regarde au fond des yeux, on aperçoit une certaine nostalgie… 

Corinne Renard : Pas de nostalgie du tout. En revanche, un côté sensible. Il est vrai que l’on dit que  les yeux sont le reflet de l’âme. J’ai vraiment un côté très sensible : je fais toujours très attention à ce que je peux transmettre ou dire, j’ai beaucoup d’empathie, je fais très attention aux autres. C’est sûrement pour ça que j’ai toujours le sourire : le sourire, c’est aussi une politesse vis-à-vis des autres, c’est leur donner une belle image de nous. Et puis, ma faille, c’est le fait d’avoir perdu mon papa, emporté brutalement par un cancer foudroyant. C’est peut-être ça que vous avez vu dans mes yeux…

La vie, pour Corinne, c’est quoi ?

Corinne Renard : Je reprendrais une belle phrase d’une femme célèbre qui dit que « la vie, c’est un défi à relever, un bonheur à mériter, une aventure à tenter ». C’est peut-être ça la vie. Mais c’est surtout l’amour, tant de son métier que de ses proches. C’est essayer de faire quelque chose de sa vie et pouvoir se dire à la fin de son existence que l’on a partagé de beaux moments, que l’on n’est pas passé pour rien. En fait, je crois qu’il faut rester le plus entier possible et profiter de cette vie, intensément, passionnément. C’est une chance, la vie.

Si vous aviez quelque chose à refaire dans votre vie…

Corinne Renard : Je n’espère qu’une seule chose, c’est de ne pas avoir blessé ou froissé quelqu’un involontairement. Mais je préfère me tourner vers l’avenir, sur un plan professionnel, personnel et bien entendu vers cette nouvelle aventure que représente Exploris. C’est vraiment ce qui me motive aujourd’hui. 

Si, pourtant un seul regret : ce sont les personnes qui ne sont plus là et se dire qu’on aurait dû en profiter encore plus. 

Etes-vous croyante ?

Corinne Renard : J’ai été baptisée mais je ne suis pas vraiment pratiquante. En fait, j’ai toujours peur des extrêmes, particulièrement dans les religions. Parfois, dans les moments difficiles, j’ai envie de croire à quelque chose, j’évoque Dieu… mais pour moi l’important c’est de croire en l’être humain.

Exploris, votre nouvelle société de croisière, est-ce pour vous synonyme une nouvelle exploration non seulement du voyage mais aussi de la vie ?

Corinne Renard : Complètement ! La marque Exploris, c’est un très joli nom qui traduit bien ce que l’on veut faire avec cette nouvelle compagnie française de croisières d’expédition. Oui, c’est l’exploration mais c’est aussi une belle aventure et je suis ravie d’en faire partie à ses débuts. Je retrouve avec Philippe Videau, président à l’origine d’Exploris, un monsieur qui a une vraie vision. Je crois que je suis destinée à appartenir à des équipes qui ont des valeurs humaines… J’ai rejoint des passionnés et des experts qui ont envie de remettre l’humain au cœur du projet mais aussi la destination. Lancé depuis septembre dernier, ce projet Exploris, mûrement réfléchi, avance de façon posée et nous avons hâte d’accueillir nos premiers passagers à bord. Pour moi, c’est une vraie chance et c’est aussi le début d’une seconde vie… professionnelle.

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3 commentaires
  1. Anonyme dit

    Corinne ! Long time no see, mais tu es toujours dans mon coeur ! Très belle interview qui te ressemble !
    Toutes mes amitiés !

  2. Patrice AREZINA dit

    Très belle interview Corinne

  3. François Filloux dit

    Belle interview où l’humain prime avant tout

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