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Najete Kada : « Nous devons éduquer les voyageurs à comprendre l’évolution de l’Arabie Saoudite »

Najete Kada, responsable des partenariats à l’OT d’Arabie Saoudite, est issue de la banlieue parisienne, et fière de l’être. Sportive de haut niveau dans un sport méconnu, le patinage artistique en roller, c’est aussi une professionnelle du tourisme passionnée et curieuse.

L’Echo touristique : Najete Kada, qui êtes-vous ?

Najete Kada : Qui je suis ? Je suis une jeune femme de 33 ans, maman d’une petite fille d’un an. Je suis aussi une femme naturelle, plutôt simple si je devais me décrire. J’ai été une athlète de haut niveau, le sport a une place importante dans ma vie. Je suis plutôt passionnée. Quand je fais quelque chose, j’y vais à fond. Je suis intéressée par beaucoup de sujets, c’est de la curiosité. 

Ça tombe bien ! Athlète de haut niveau, oui mais d’un sport peu connu : la danse sur patins… à roulettes.

Najete Kada : La plupart des Français et même des individus du monde entier ignorent le patinage artistique sur roulettes. Je l’ai pratiqué pendant un peu plus de 20 ans, dont 15 ans en équipe de France. Dans mon palmarès, j’ai été 10 fois championne de France, j’ai participé à 14 championnats d’Europe, 6 championnats du monde. C’est ce qui m’a éduqué. J’entraîne des enfants depuis déjà très longtemps, avec passion. Tout ce qu’on m’a donné en termes de techniques, d’hygiène de vie et de valeurs du sport, je veux les transmettre aux enfants pour qu’ils puissent être eux-mêmes, épanouis, investis dans des projets.

Najet Kada en piste (DR)

Vous venez des banlieues ?

Najete Kada : Oui absolument, j’ai grandi dans le 94, dans une banlieue qui s’est embourgeoisée très rapidement, il s’agit de Fontenay-sous-Bois. Aujourd’hui je vis dans le 93, donc dans une banlieue un peu plus populaire. J’ai grandi dans une résidence qu’on peut appeler une cité. C’est de là que je me suis lancée dans le patinage, avec une paire de rollers qu’on m’avait prêtés, qu’on se partageait entre copines d’ailleurs. Dès que ma mère m’appelait par la fenêtre, je devais rentrer et on m’a ensuite emmenée pratiquer ce sport. Quelque part, la banlieue forge aussi énormément cet accès au sport. La réussite, je n’en sais rien, mais cela donne une force et un mental assez fort.

Najete, qu’est-ce que ça veut dire ?

Najete Kada : Mes parents sont algériens, c’est un prénom arabe. Najete s’entend dans les avions lorsque l’on donne les consignes de sécurité au sein des compagnies aériennes du Golfe notamment. Quand on parle de gilets de sauvetage, on parle de Najete. J’ai rendu le nom poétique (Rires). C’est du champ lexical du secours, l’équivalent de Salvatore en italien. Je ne sais pas ce que j’ai sauvé dans ma vie mais en tout cas…

Vous avez pris votre retraite de sportive. Le tourisme est-il venu naturellement ?

Najete Kada : Non, c’est complètement un choix ! En étant athlète de haut niveau dans le patinage artistique sur roulettes, on sait assez rapidement qu’on ne gagnera pas sa vie avec, puisque ce n’est pas un sport professionnel. Dès mon plus jeune âge, je savais que j’allais pousser les études pour travailler. Grâce au sport et aux compétitions à travers le monde, j’ai pris goût au voyage, à l’avion, à la rencontre des autres cultures puisque mes concurrentes étaient issues d’autres pays, et nous échangions beaucoup… C’était très intéressant. J’ai passé un master en tourisme. J’ai aussi un petit peu vécu en Italie – champions du monde de roller – grâce au projet d’échange Erasmus. Une belle expérience dont on se souvient en tant qu’étudiante mais aussi comme athlète. L’Italie c’est la famille, des valeurs, un gros bagage culturel et gastronomique. Je me suis bien amusée là-bas. Ensuite, j’ai rencontré Pierre-Éric Remoleux qui m’a proposé, le temps d’un stage, d’être assistante commerciale de ses hôtels . J’ai alors eu la chance de travailler un peu à Paris, dans son bureau Indigo Consulting, et depuis le bureau de l’office de tourisme de Saint-Martin.

J’ai passé 7 ans chez Asia.

Pierre-Éric m’a fait rencontrer Guillaume Linton (alors directeur commercial d’Asia, NDLR), qui a accepté ensuite de me prendre en stage. Très rapidement, il m’a donné des missions d’assistante commerciale terrain. J’ai sillonné Paris et ses agences de voyages, ce qui m’a permis de découvrir le métier de commercial chez un tour-opérateur. J’y ai passé sept très belles années. Guillaume et Michel Tissier sont devenues des personnes très importantes pour moi, ils m’ont ouvert les portes du tourisme. Je les appelle assez souvent d’ailleurs, pour avoir encore leurs avis.

Vous vous retrouvez à la tête de l’office de tourisme d’Arabie Saoudite à Paris et vous êtes une femme. N’est-ce pas un peu antinomique ?

Najete Kada : Effectivement, je suis responsable des partenariats à l’Office de tourisme d’Arabie Saoudite à Paris. Le bureau a ouvert au mois de septembre. Ces quelque mois d’existence ont déjà fait beaucoup parler de la destination au niveau touristique. On a une belle mission et c’était complètement voulu d’avoir une équipe mixte. Rodolphe Bonnemie est le directeur de l’Office de tourisme et Marie Lofaro, notre responsable marketing, m’accompagne. Nous voulons montrer l’envie de transformer l’image de la destination. On est complètement dans de la promotion touristique en passant aussi par une femme. 

Quand ce poste vous a été proposé, quelle a été votre réaction ?

Najete Kada : Interface Tourisme représente le compte de l’Arabie Saoudite, c’est donc l’agence qui, en répondant à l’appel d’offre, s’est engagée à constituer une équipe. Blaise (Borezée, directeur général, NDLR) m’a appelée pour me proposer la promotion touristique d’un pays du Moyen-Orient. Il ne m’a pas précisé tout de suite la destination. J’ai pensé qu’il s’agissait du Qatar, du Bahreïn, du Koweït. J’étais hyper emballée, je sortais à peine de mon congé de maternité, nous étions en chômage partiel… Quand il m’a dit l’Arabie Saoudite, j’ai eu un petit ascenseur émotionnel. Je me suis demandé où était ce pays. J’ai vite réalisé que c’était un grand pays, et un grand challenge. J’ai la chance d’avoir une mission importante, effectivement en tant que femme : promouvoir l’Arabie Saoudite, qui est très controversée au niveau de la condition de la femme. On connaît les freins et ce qu’on doit développer en termes d’infrastructures hôtelières, d’accès, de guides francophones, pour pouvoir attirer les Français. Notre première priorité, c’est l’image. On doit éduquer tout le monde à comprendre la transformation de l’Arabie Saoudite.

Un pays surprenant.

Vu de l’Occident, la femme se révolte, à juste titre. Que penser de la situation en Arabie Saoudite ? 

Najete Kada : Toutes les femmes n’ont pas le même statut partout. C’est un combat pour elles, depuis plusieurs années. Une des portes déverrouillées est le fameux permis de conduire. On ne pourra sans doute pas avoir le même statut de la femme qu’en France. Mais les femmes ne sont plus sous tutelle. Elles se sentent libres de choisir leur tenue vestimentaire. Aujourd’hui, l’abaya n’est plus obligatoire, c’est un grand changement. On peut se balader en couple ou en groupe mixte. Le pays est très jeune, avec une envie d’émancipation extrême. Les Saoudiens sont très fiers des avancées du royaume grâce aux grands projets du prince héritier Mohamed ben Salmane. 

Comment décrire la destination aux touristes occidentaux ?

Najete Kada : L’Arabie Saoudite est un pays surprenant, avec des reliefs différents, un patrimoine culturel notamment à Alula, naturel, la mer Rouge, totalement inexploitée côté Saoudien. Les fonds marins sont incroyables, pour la plongée. On a un archipel extraordinaire de milliers d’îles, jusqu’au golfe d’Aqaba, où l’on est seul au monde. C’est aussi une avancée : des plages privées sont créées pour pouvoir porter le bikini. Les Occidentaux sont bienvenus, la mixité est possible. Les habitants sont très accueillants.

La religion et la prohibition de l’alcool ne risquent-ils pas de refroidir les touristes ?

Najete Kada : Il y a des bières sans alcool… Effectivement, c’est un pays musulman, une terre d’Islam, deux villes saintes. C’est un pays qui porte l’Islam, c’est là qu’est née cette religion.

Aujourd’hui l’alcool est illégal mais on est en constante évolution. 

Pour Najete, la vie c’est quoi ?

Najete Kada : C’est du sourire, de la bienveillance, du partage, des voyages.

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