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Guillaume de Marcillac (Travelski) : « Je suis un homme de projets »

Guillaume de Marcillac, directeur général de Travelski, vieux routier du tourisme, inspire la sérénité et le respect. Il nous embarque dans sa carrière de Disneyland Paris à Egencia, jusqu’aux Alpes.

Guillaume de Marcillac, qui êtes-vous ?

Guillaume de Marcillac : Je suis un bâtisseur humaniste. Un homme de projets. J’aime construire, et je crois au collectif. C’est ce qui me guide. Mais pour définir qui on est, souvent, il vaut mieux demander à son entourage.

Vous êtes un « vieux routier » dans le tourisme. Un hasard de la vie, une envie, une passion ?

Guillaume de Marcillac : C’est sans doute un mélange des deux. C’est-à-dire un mélange de hasard et d’envie ou de passion. Au départ, rien ne me prédestinait à cette industrie, puisque j’ai commencé ma carrière comme consultant, dans différentes industries. J’ai découvert le tourisme à travers un job de responsable du planning stratégique de Disneyland, pendant deux ans. Ensuite, j’ai eu l’opportunité de participer à une aventure entrepreneuriale. Je fais partie de l’équipe qui a monté Egencia en 2000, avec pour objectif de révolutionner le voyage d’affaires. Expedia a racheté Egencia, et je suis resté dans le groupe. Avec le fondateur d’Egencia, on s’est occupés de piloter l’activité voyage d’affaires du groupe Expedia en Europe et aux Etats-Unis. C’est devenu une passion et j’ai continué à développer mes compétences, en particulier sur les sujets de distribution. L’une de mes expertises concerne le lien entre les producteurs et les consommateurs, notamment avec la création de marketplaces.

Quel regard portez vous sur le monde actuel entre les producteurs et distributeurs ?

Guillaume de Marcillac : Je pense qu’il faut regarder les choses sur le temps long. Il y a en permanence des tensions et des discussions sur la question de savoir où est la valeur ajoutée. Tout part du producteur et du client, il ne faut jamais l’oublier. Le voyage c’est d’abord des rencontres et des expériences physiques. Parfois, certains acteurs de la distribution ont eu un peu tendance à une forme d’arrogance. Inversement, des hébergeurs et des producteurs d’expériences sont parfois dans des logiques d’oubli du fait qu’on est dans un monde de plus en plus globalisé où, pour accéder à la clientèle, les intermédiaires de la distribution sont absolument clés et créent de la valeur pour les producteurs. 

Avec Travelski, vous passez complètement d’un monde à un autre ?

Guillaume de Marcillac : Oui ! Je suis toujours dans mon cœur d’expertise que j’ai développé depuis près d’une vingtaine d’années, soit l’univers du voyage et de la distribution. C’est lié à une rencontre avec Yariv Abehsera, le fondateur de Travelski. Au moment où il cède son entreprise à la Compagnie des Alpes, il me propose de le rejoindre pour piloter l’arrimage de sa belle entreprise à un groupe plus institutionnalisé et pour mettre en place une stratégie d’internationalisation. L’entreprise était très franco-française et ma mission était de faire venir des clients européens dans les Alpes françaises. Sur le temps long, il y a une concurrence forte entre les différents types d’Alpes, avec l’Autriche. Il y a en particulier un sujet d’évolution du nombre de skieurs à l’échelle européenne qui a tendance à stagner. Mon rôle est de travailler là-dessus pour le compte de l’écosystème des Alpes et en particulier de la Compagnie des Alpes.

Vous venez de parler de l’écosystème des Alpes. Je suppose qu’à l’heure actuelle ça devient un sujet un peu préoccupant ?

Guillaume de Marcillac : On peut prendre le sujet sous différents angles. La première chose : il est acté que le réchauffement climatique agit de façon démultipliée. Les ingénieurs montrent tous qu’il y a un facteur entre 2 et 4 en montagne, par rapport à ce qui se passe en plaine. Ma deuxième conviction est que ce n’est pas la fin de l’expérience à la montagne. L’été, la montagne restera quand même un domaine de fraîcheur. Le changement climatique doit être vu comme source de changement, mais il ne doit pas nous mettre en panique. Le ski restera une activité structurante et attractive pour les consommateurs dans les 20 ou 30 prochaines années. Personne ne peut se projeter sur le très long terme.

Réfléchir à l’impact écologique des activités montagne.

Par contre, les saisons vont évoluer en termes de durée, et les enneigements varier fortement selon l’altitude des stations. Ce qui aura un impact fort sur le modèle économique. Déjà, une grande partie de la clientèle fait moins de ski. C’est l’opportunité de générer d’autres activités. L’écosystème de la montagne est amené à réfléchir à son empreinte écologique des activités, pour rentrer concrètement dans des logiques de biodiversité, de protection de la faune et flore, d’optimisation de l’utilisation de l’eau… Sans jamais oublier que l’eau est d’abord au service de l’humain. Il faut aussi réfléchir à l’accès à la montagne qui est la première source d’émissions de gaz à effet de serre. Ce sont de beaux challenges.

Quelles sont donc vos initiatives en tant que voyagiste de sports d’hiver ?

Guillaume de Marcillac : Je ne prétends pas être un modèle. A titre personnel comme au nom de notre entreprise, nous sommes dans des tensions internes. Nous ne sommes pas dans la logique de dire que tout est parfait chez nous. Mais nous avons deux convictions fortes. D’abord, en tant qu’acteur du tourisme, nous devons mesurer notre empreinte carbone directe, mais également celle induite par les forfaits que nous proposons à nos clients. Nous effectuons un gros travail en interne sur ce sujet. Je ne veux pas que ceci soit considéré comme du greenwashing. Nous devons effectivement apprendre à compter, sensibiliser nos équipes de façon à savoir comment nous pouvons évoluer dans le bon sens.

La deuxième conviction, c’est une initiative majeure que nous avons prise à la sortie de la pandémie en partant du constat suivant : dans un voyage à la montagne, le transport représente le premier facteur d’émissions de carbone. Particulièrement le transport routier. Nous avons également constaté que, durant le Covid, Eurostar se concentrait sur sa ligne Paris-Londres. Nous lui avons donc proposé d’affréter ce « train du ski » sur une saison entière, ce qui ne s’était jamais fait. Nous avons créé une belle coopération avec les équipes d’Eurostar. Nous en sommes à notre deuxième année et c’est un vrai succès. Car, les Anglais sont de grands amateurs de ski, et ils aiment nos Alpes françaises. Nous avons mis en place un accès en train depuis Paris, afin de réduire encore les transports en voiture. De plus, c’est un produit très sympa pour les clients, pris en charge du départ jusqu’à son retour chez eux. Une logique de vrai tour-operating !

Je suis un grand chercheur.

On entend dire souvent que le ski est un loisir très cher, réservé à une élite…

Guillaume de Marcillac : C’est vrai… et totalement faux. Aujourd’hui, chez un tour-opérateur comme Travelski, le panier moyen atteint 2000 euros la semaine en France pour une famille de quatre personnes, tout compris. Attention, c’est le prix moyen hors transport. Il est évident qu’en période de vacances scolaires, le prix est plutôt le double. Donc, quand on dit que c’est un produit de luxe, haut de gamme, je dis non. En revanche, n’oublions pas ce qu’est le revenu moyen d’une famille en France : tous les Français ne peuvent pas s’offrir une semaine de vacances à 200 euros. C’est pour ça que je dis « vrai et faux ». Mais cette image de vacances très chères est erronée.

Vous êtes adepte des sports d’hiver ?

Guillaume de Marcillac : Oui. Je ne suis pas savoyard, je viens du sud-ouest et j’ai découvert la montagne dans les Pyrénées. Je pratique et j’aime aussi beaucoup la montagne l’été.

Guillaume de Marcillac, c’est quoi la vie pour vous ?

Guillaume de Marcillac :  Un moment à faire fructifier au maximum en valorisant ses talents. Au sens de l’Evangile. La vie, c’est une ouverture permanente à l’intégrité qui permet de s’enrichir en enrichissant les autres par nos interconnexions.

Vous avez cité l’Evangile. Vous êtes croyant ?

Guillaume de Marcillac : La question de Dieu me traverse depuis ma naissance. Parallèlement à mon métier, je fais des études de théologie. Je passe beaucoup de temps sur ces questions-là, je suis dans une démarche de… recherche permanente. Je n’aime pas trop affirmer ma posture de croyant. Mais si on définit un croyant celui qui cherche, alors oui, je suis un croyant. En tous cas, je suis un grand chercheur !

Des regrets ?

Guillaume de Marcillac : Non. La vie est suffisamment courte pour la vivre pleinement et regarder devant en pensant que le meilleur est toujours à venir. Sans regard nostalgique sur le passé.

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