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TUI abuse-t-il de sa position dominante envers les agences en Belgique ?

La grogne monte au sein des agences de voyages belges, suite à la décision de TUI de baisser les commissions et de facturer les brochures. Le voyagiste absuse-t-il de sa position dominante et comment la distribution peut-elle se défendre ? Nous avons interviewé Koen van den Bosch, directeur de l’Association des agences de voyage flamandes (VVR), qui regroupe 600 membres. C’était en marge du forum international A World For Travel.

 

Koen van den Bosch, directeur de l’Association des agences de voyage flamandes (VVR). © Linda Lainé

L’Echo touristique : Le voyagiste TUI Belgium a décidé de baisser de 0,5% la commission versée aux agences et de faire payer les brochures. Votre première réaction ?

Koen van den Bosch : Tout d’abord, il faut bien comprendre qu’en tant qu’association professionnelle, nous ne pouvons pas réagir contre des décisions commerciales. Baisser les commissions et demander de l’argent pour les brochures constituent des décisions commerciales. Cela fait partie du contrat entre TUI et le distributeur, qu’il soit agent de voyages ou réseau. Nous, VVR, ne sommes pas directement concernés. En revanche, nous avons fait clairement comprendre à la direction de TUI que nous sommes absolument contre le principe de la mise en place par le voyagiste d’objectifs de vente minima annuel qui, s’ils ne sont pas atteints, conduisent à l’encaissement direct et à une moindre rémunération. Avec ce système d’objectifs et les brochures payantes, il y a un déséquilibre sur le marché : TUI, à travers ses réseaux online et offline, sera toujours moins cher que les distributeurs indépendants.

Pourquoi ?

Koen van den Bosch : Sur un produit TUI commercialisé à 1000 euros via le réseau TUI, le distributeur indépendant peut le vendre 1000 euros. Mais il sera obligé d’ajouter des frais de dossier ou de service pour maintenir sa rentabilité, et compenser le fait qu’il empoche moins de commission et paie des frais de brochure. De son côté, le tour-opérateur fait l’analyse financière et examine la rentabilité des agences avant de signer le contrat de collaboration.

Nous souhaitons savoir si TUI se comporte comme une entreprise dominante sur le marché et en abuse.

Peut-on dire que, globalement, TUI Belgium se montre déloyal ? Qu’il abuse de sa position dominante ?

Koen van den Bosch : TUI est en position dominante. C’est le seul grand TO en Belgique, avec une structure intégrée, depuis la chute de Thomas Cook. Ce qui parfois donne des avantages. Par exemple, lors de grèves touchant le trafic aérien, le groupe a tout mis en œuvre afin de limiter les désagréments pour les clients. Nous allons toutefois consulter le conseil pour la concurrence. En tant qu’association professionnelle, pour défendre nos membres, nous souhaitons savoir si TUI se comporte comme une entreprise dominante sur le marché et en abuse. C’est la question que nous allons poser. De là, nous examinerons les actions que nous pouvons prendre. Nous en discuterons aussi avec l’Ectaa, et notamment Eric Drésin.

Il n’existe aucun secteur où l’on demande au distributeur de payer pour vendre un service.

Si, selon le conseil pour la concurrence, TUI abuse de sa position dominante, prévoyez-vous une action en justice ?

Koen van den Bosch : Nous verrons, car encore une fois, c’est une décision commerciale. Mais le contenu du contrat nous paraît en tout cas très déséquilibré. D’où cette démarche auprès du conseil pour la concurrence. Par ailleurs, il existe une nouvelle loi en vigueur depuis 2022 sur la protection du consommateur dans un contexte B2B, justement pour éviter que de grandes entreprises abusent de leur position dominante vis-à-vis des indépendants et des PME. C’est une deuxième piste que nous explorons. La troisième piste, c’est de parler avec la direction de TUI en Belgique. Les brochures sont des frais marketing de base qu’une grande entreprise comme TUI devrait calculer dans sa marge. Il n’existe aucun secteur où l’on demande au distributeur de payer pour vendre un service.

Craignez-vous un effet de contagion en France ?

Koen van den Bosch : En France, mais pas seulement. TUI est le n°1 en Europe. S’il voit que cela fonctionne en Belgique, il n’y a pas de raison qu’il ne le duplique pas dans l’ensemble des marchés européens. La question se pose. La Belgique est un petit marché compliqué où les entreprises testent certaines choses…

En Belgique, quel est votre niveau de reprise de l’activité en 2022 ?

Koen van den Bosch : Environ 85% du niveau d’activité enregistré en 2019. Pendant le Covid, tout le monde a travaillé main dans la main pour traverser la crise. Maintenant, c’est un peu chacun pour soi, alors que le marché n’est pas totalement stabilisé.

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