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L’IA pour remplacer un pilote ? Le SNPL tire la sonnette d’alarme

Les projets d’intelligence artificielle dans les cockpits se multiplient, notamment pour remplacer un pilote selon les constructeurs. Quelques jours avant le salon du Bourget, le SNPL tape du poing sur la table.

« Y a-t-il un pilote dans l’avion ? » : pour beaucoup, cette phrase est une comédie américaine sortie en 1980. Dans les années futures, ce sera peut-être une vraie question que poseront les passagers avant de monter dans un appareil. Car depuis plusieurs mois, certains constructeurs d’avions présentent comme une innovation notoire leurs travaux sur l’intelligence artificielle (IA) ou les automatismes avancés et leur faculté à pouvoir remplacer un pilote. Les vols seraient donc effectués par un seul pilote, qui forcément serait amener à dormir ou à aller aux toilettes…

Et pour le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), ce n’est pas possible. Certes, les automatismes de plus en plus performants ou l’IA peuvent aider un équipage de pilotes expérimentés. Mais la volonté de certains industriels et le rêve d’ingénieurs de les imposer en lieu et place du deuxième pilote aux commandes ne passe pas auprès du syndicat, qui réunit 75% des pilotes de ligne français. Pour lui, cette solution représente un accroissement des risques pour la sécurité des passagers et des personnels de bord.

Accident de l’Hudson : l’IA n’aurait pas sauvé l’avion

« Nous sommes convaincus que l’ordinateur est complètement incapable de gérer l’imprévisible. Par exemple, je survole souvent le Sahara algérien. Il y a plein de pistes au milieu du désert. La plupart ne sont pas répertoriées. Si un problème survenait au-dessus du désert, un ordinateur serait incapable de trouver une piste. « L’IA remplaçante » ne peut pas s’adapter et gérer l’imprévisible », explique Karine Gely, la présidente du SNPL.

L’autre exemple le plus connu demeure « l’accident de l’Hudson au cours duquel l’équipage, mené par le commandant Sullenberger, a réussi à faire atterrir l’avion en double panne moteur, sauvant tous leurs passagers. Cette situation hautement improbable, qu’Airbus n’avait pas anticipée, a nécessité l’intervention humaine de pilotes quand tous les automatismes avaient échoué ».

Un principe de vérification mutuelle

Lors de cette présentation, le SNPL a aussi longuement insisté sur l’importance de garder deux pilotes. « Nous sommes plus forts à deux que tout seul aux commandes. Dans un avion, toute la sécurité repose sur redondance. Chaque système est doublé, voire triplé. » Le fondement éprouvé de la sécurité aérienne repose sur le principe de vérification mutuelle entre les 2 pilotes aux commandes, le « cross-check », dans le langage aéronautique. En clair, un pilote vérifie toujours ce que fait l’autre.

De plus, l’IA, de par sa complexité et le faux sentiment de confiance qu’elle pourrait procurer, pourraient entraîner « une réduction du niveau d’expertise dans le cockpit et contreviendrait inévitablement à la sécurité des vols. »

Enfin le SNPL a aussi abordé la question de la fatigue. « L’atterrissage est le moment charnière, il ne faut pas être fatigué. Un des arguments des constructeurs pour l’IA c’est qu’on va mieux gérer notre fatigue. Je ne vois pas comment en supprimant un pilote on va améliorer la fatigue de celui qui reste. »

Une question de confiance

Quand on parle d’automatisation ou d’IA, il ne s’agit pas d’inventer un nouvel appareil mais de modifier ceux qui existent déjà. Ainsi Airbus à un projet avec ses A350. Un projet initialement prévu pour 2025, mais le transporteur a finalement repoussé ses projets à 2027. Quoiqu’il en soit, la question sera importante pour les compagnies aériennes. Vont-elles décider d’investir dans ces appareils ?

Selon un sondage Odoxa, les Français ne veulent pas que l’on retire un des pilotes du cockpit. S’ils se montrent rassurés par les automatismes à bord de l’avion, ils perdraient confiance en ce mode de transport si l’Intelligence artificielle devait remplacer un des pilotes. Près de 80% d’entre eux estiment que remplacer un des pilotes par une IA serait une mauvaise chose. Et le niveau de confiance dans l’avion tombe à 17% quand on leur dit qu’une IA remplace un des pilotes de l’avion. Si tel était le cas, 83% des Français ne réserveraient pas cet avion (57%) ou hésiteraient à le faire (26%).

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