L’édito de Dominique Gobert : un peu de décence, que diable

Marrakech, c’est peut-être la capitale du tourisme marocain. En ce moment, c’est, pour le pays tout entier, la pleine saison touristique, une période quasi vitale pour l’économie dont le tourisme représente une source de revenus indispensable.

La nature en a décidé autrement. Au sud-ouest de Marrakech, des villages se sont écroulés, ensevelissant des habitants. Bien évidemment, en pareil cas, il existe immédiatement, de la part des professionnels du tourisme français, un élan de solidarité sans faille. Enfin, presque et c’est bien dommage.

Quelques voyagistes ont immédiatement réagi, dont Boomerang, afin de rassurer et protéger leurs clients, immédiatement. Le Syndicat des entreprises du tour-operating (Seto) l’a relayé. « L’ensemble des adhérents du Seto a décidé de donner la possibilité aux clients en départ sur les tous prochains jours de reporter leur séjour sans les pénaliser, a expliqué le Seto. Cette décision a été prise bien que les compagnies aériennes continuent à opérer et que les hôtels déclarent pouvoir toujours accueillir nos clients. C’est ainsi que nous acceptons de mettre nos intérêts particuliers et nos réflexes purement économiques de côté le temps des secours et dans le respect des populations locales. Nous refusons de mettre nos clients dans des positions inconfortables de voyeurisme face au drame. Restons pragmatiques et nous n’oublions pas que ces pays et leurs habitants dépendent des retombées économiques du tourisme ».

Bien évidemment, certaines compagnies aériennes, telles Air France ou Royal Air Maroc, ont « suivi » les préconisations du Seto. Mais, comme d’habitude, celles qui profitent encore plus de cette destination se conduisent comme des irresponsables et c’est insupportable. Une fois de plus, je reprendrai les propos de René-Marc Chikli, président du Seto envers ces compagnies improbables : « Proposer des reports assortis de contraintes tant dans la durée que dans leurs modalités apparait bien mesquin. Et ce d’autant plus que vous offrez le monde comme terrain de jeu à nos clients toute l’année ! Ne pourrions-nous pas tous collectivement à être solidaires dans nos dispositions en offrant des conditions réalistes et non limitées ». Tel est le cas notamment de Ryanair, laquelle visiblement n’a pas compris que certains touristes émettent quelques craintes à se rendre dans le pays.

Ce qui est peu surprenant, de la part de cette compagnie. Un peu de décence, que diable.

Bien entendu, il n’est pas question de déserter le pays, bien au contraire. Les infrastructures hôtelières majeures n’ont quasi pas souffert, et la vie reprend dans les souks de Marrakech. Et, bien que Mohamed numéro 6 refuse l’aide de la France, nous autres, touristes français, pouvons prouver notre aide et notre solidarité en continuant à fréquenter la destination.

N’oublions pas que, pour les travailleurs qui vivent du tourisme, qui ont déjà subi la crise du Covid, il leur est indispensable de pouvoir continuer à travailler. Nous pouvons les aider, même si, en y réfléchissant, j’aurais sûrement un peu de mal à profiter de ces hôtels confortables en pensant qu’à quelques kilomètres de là, des malheureux ont tout perdu, y compris la vie, et sont sans ressources.

Mais, si une présence amicale peut aider, alors, faisons, avec ou sans l’approbation de Momo !