L’édito de Dominique Gobert : O’Leary, le nouveau prophète
Encore une belle partie de poker menteur dont semblent friandes certaines compagnies aériennes. Dans cette catégorie, Ryanair et surtout son patron provocateur, Michael O’ Leary paraissent être les maîtres du jeu.
La pandémie aura terriblement affecté les compagnies aériennes, particulièrement au niveau de leurs résultats financiers. Ryanair n’aura pas échappée au massacre. A tel point que la compagnie irlandaise prévoit une perte annuelle de 250 à 450 millions d’euros contre 100 et 200 millions d’euros initialement prévue.
Pas de quoi fouetter un chat pour ce damné O ’Leary qui, comme à son habitude, tente de s’en sortir par une énième provocation. L’homme qui ne recule devant rien pour être sur le devant de la scène, l’homme qui annonce froidement que « (à cause du réchauffement climatique ndDG) « la France deviendrait un désert, ce qui ne serait pas une mauvaise chose ». Il accuse pêle-mêle la suspension des vols dans l’UE, et surtout la fermeture du Maroc…

En ce qui concerne le Maroc et ses ouvertures-fermetures à répétition, il n’a pas tout à fait tort. Le pays de notre ami le Roi manie avec une certaine constante les décisions unilatérales et sans égard envers les voyageurs. Cela en devient agaçant.
Néanmoins, O ’Leary, peu soucieux des détails, annonce prendre des décisions « drastiques ». Puisque le Maroc nous embête, ferme ses frontières en dépit du bon sens, décide d’annuler tous ses vols vers le Maroc jusqu’au 1er février, il menace de se retirer définitivement de la liaison pour la saison estivale.
Enfer ! L’homme est visiblement très fort au poker menteur ! Coup de bluff ? Sûrement. Reste à savoir qui est (ou sera) le meilleur joueur entre notre ami le Roi et l’Irlandais provocateur. Bien que celui-ci ne dispose pas de toutes les bonnes cartes, si j’en crois mon gros nez.
Par ailleurs, ce bon O ’Leary ne manque quand même pas d’air. Alors que Lufthansa, sur un autre domaine, entend faire voler ses aéroplanes à vide pour ne pas perdre ses créneaux horaires, ce qui, là aussi n’est qu’un énorme coup de bluff, une sorte de poker à la Germanique, O ’Leary conseille à la Luft de pratiquer des tarifs « ras des pâquerettes » et de « récompenser les clients ». Je cite : « La solution est simple : Lufthansa devrait vendre les sièges de ses vols à bas prix et récompenser les consommateurs européens, dont beaucoup ont financé les 12 milliards d’euros d’aides d’État que Lufthansa et ses filiales en Belgique, en Autriche et en Suisse, ont déjà reçus des contribuables durement touchés au cours des deux dernières années de la crise de la Covid », persifle la spécialiste du low-cost.
Et d’enfoncer le clou : « Lufthansa adore pleurer des larmes de crocodile sur l’environnement alors qu’elle fait tout pour protéger ses créneaux horaires. Les créneaux sont le moyen par lequel elle bloque la concurrence et limite le choix dans les grands aéroports »
Ne serait-ce pas l’hôpital qui se moque de la charité ? Ryanair qui « récompense » les clients en ne remboursant que très difficilement ceux qui lui avaient fait confiance et qui n’avaient pu voyager sur des vols annulés ?
Pas grave pour cet homme de bien qui, selon BFM TV, annonce froidement « Je pense être Jésus. Un prophète de son temps » !
Roooh !
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