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L’édito de Dominique Gobert : et vous trouvez ça drôle ?

Dire tout et son contraire. C’est tendance et ça devient de plus en plus monnaie courante, ce qui ne gène personne. Bien au contraire, c’est même devenu une habitude, pour ne pas dire un sport. Ce qui me ravit, en tant qu’adepte du moindre sport…

Et c’est loin d’être drôle, tant l’humour, la dérision, la modestie ont peu à peu disparu. Digression, ce qui ne m’était pas arrivé depuis un certain temps, un de mes lecteurs, ami s’il peut en être dans ce monde, s’étonnait au cours d’une longue conversation. Je cite : « tu es devenu, dans tes écrits, chiant. Très chiant ». J’écris avec ses mots et tant pis pour les censeurs qui entendent corriger les écrits de véritables auteurs d’une autre époque. Dorénavant, il paraît improbable, comme ces mêmes censeurs, d’employer les termes de « gros », « nains » ou je ne sais quoi…

Frédéric Dard, San-Antonio pour ceux qui connaissent, écrivain incontournable, drôle, cultivé, doit se retourner dans sa tombe. Et, pour en finir avec cette digression saugrenue, c’est vrai : c’est chiant !

Dominique Gobert, éditorialiste (DR:JP Leclerq)

Parce que ce secteur, le tourisme, est devenu tellement improbable, tellement conventionnel, tellement aseptisé que, c’est vrai, c’est chiant. Et pas drôle du tout, que les personnages qui composent ce monde se prennent tellement au sérieux que l’on se demande comment leur confectionner un chapeau à la taille de leur tête enflée, obnubilés qu’ils sont par leur souci de briller au lieu de penser au bien-être de leurs clients, aux soucis de leur construire du rêve… sans cauchemar !

Pour en revenir à dire tout et son contraire, encore un bel exemple, repéré ces derniers jours. C’est signé de la Direction générale de l’aviation civilr, grande organisation essentiellement vouée à la défense d’Air France et des contrôleurs aériens (antinomique, n’est-il pas ?). Ô surprise, mais faut bien justifier une existence improbable, l’organisme découvre que, non seulement les tarifs des billets d’avions flambent (c’est comme les voitures durant les manifs de ces derniers jours), mais aussi qu’ils ne sont pas près d’arrêter de flamber. La loi de l’offre et la demande, comme dit l’autre… Et ta sœur, comme le disait, plus élégamment Carsten Spohr, patron de Lufthansa, qui jubilait en annonçant que pour sa compagnie, en réduisant l’offre, on allait gagner encore plus de monnaie.

Pendant ce temps, le patron d’Easyjet Johan Lundgren, comme le cite mon confrère Bee Travel News, rigole ouvertement en annonçant que les billets à petits prix proposés par les compagnies aériennes low cost ont encore de beaux jours devant eux.

Je lui permets de s’exprimer, parce que ça, c’est drôle : « Aujourd’hui, un vol avec EasyJet coûte en moyenne 60 euros, explique-t-il. La moitié des billets sont vendus à moins de 55 euros. Sur cette somme, environ 10 euros seulement sont dus à la forte inflation, y compris l’augmentation du prix du carburant (…) pour 10 euros, il est possible de commander trois expressos ou d’aller au cinéma. Cela signifie que ce supplément de prix est supportable pour de nombreuses personnes. » 

Quand je vous dis « tout et son contraire », vous trouvez ça drôle ?

Ben, moi pas, je trouve même ça très… comment dire ?

Qui a dit chiant ?

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