Eric Journiat, Vacancéole : “On se développe tous les ans, il n’y a pas de raison que ça s’arrête !”
Le gestionnaire de résidences de tourisme élargit son périmètre d’activité et veut notamment marcher sur les plates-bandes d’Airbnb. Et ce n’est pas son seul projet.
« Nous sommes un peu les enfants de la crise de 2008 », raconte Eric Journiat, le patron de Vacancéole, retraçant l’histoire d’une petite entreprise passée d’un million d’euros de volume d’affaires en 2013 à 64 millions neuf ans plus tard. Après la première « grosse secousse pour la profession », avec la disparition de Transmontagne la crise financière de 2008 met à rude l’épreuve le secteur de l’immobilier, de nombreux gestionnaires de résidences disparaissent.
C’est dans ce contexte que Vacancéole a bâti son modèle. « Ce qui nous caractérise, c’est notre approche singulière du métier, explique Eric Journiat. Nous avons choisi de répondre aux propriétaires qui nous sollicitent quand ils se trouvent dans une situation les amenant à chercher un nouveau gestionnaire. Notre spécificité, c’est de redresser des établissements, alors que la plupart des opérateurs sont dans la fabrication d’un concept qu’ils vont ensuite décliner. »
A l’heure actuelle, l’opérateur gère 103 résidences (soit 6300 logements). « Notre mission, c’est de connecter le voyageur à un territoire, poursuit Eric Journiat. (…) Le consommateur de vacances, aujourd’hui, a envie d’être en harmonie avec ses valeurs. » Vacancéole se fait en effet fort depuis plusieurs années, de porter une démarche RSE qui trouve un nouvel écho au sein de la clientèle depuis la crise sanitaire. S’il ne fera réaliser son bilan carbone qu’à partir de 2023, l’opérateur a déjà mis un certain nombre d’actions en place, rappelle Eric Journiat. 26 résidences sont ainsi labellisées clé verte, 6 sont des résidences refuges de la Ligue de protection des oiseaux. Vacancéole fait également partie des membres fondateurs du fonds de dotation Essentiem, qui a pour objectif de permettre à des projets touristiques à visée sociale, sociétale ou environnementale de voir le jour.
« Notre développement passe par le diffus »
En dépit de la crise du Covid, Vacancéole a pu franchir une étape majeure au cours de ces deux dernières années, avec notamment une levée de fonds qui a eu lieu en juillet 2020. Garibaldi participations et C2AD (Crédit Agricole Alpes Développement) prennent alors 18% du capital, soit une levée de fonds d’environ 5 millions d’euros. De quoi asseoir les perspectives de développement pour le groupe, qui a néanmoins dû souscrire deux PGE pour traverser la crise (pour un montant total de 3,3 millions d’euros). Il en a déjà remboursé la moitié.
Dans les mois à venir, Vacancéole entend notamment affirmer son développement dans le diffus. En clair : marcher sur les plates-bandes d’Airbnb. Vacancéole, en se positionnant sur la prise en gestion d’appartements éparpillés dans une station, pour lesquels l’opérateur proposera un service de conciergerie. Avant de se lancer, des tests ont été effectués aux Deux-Alpes, au Cap d’Agde et à Orcière. Des tests concluants, aux yeux de l’opérateur. « Cela nous amène à penser qu’une partie de notre développement passera par des sujets comme ceux-là”, indique Eric Journiat. Reste qu’il s’attaque à un concurrent de taille. « Notre force, c’est notre capacité à commercialiser beaucoup plus de semaines qu’une plateforme qui a plutôt vocation à créer une mise en relation. Mais généralement, ce qui part, ce sont les semaines que tout le monde sait vendre. Nous, nous allons bien au-delà de ça puisque nous allons sur les marchés étrangers, notamment. Nous sommes sur des 82% voire 85% de taux d’occupation sur l’hiver. »
Acquisitions en vue
Autre projet : la création d’une agence de voyage spécialisée sur la Corse, Corséole. « Nous gérons désormais deux produits en Corse, un vers Solentara, dans le sud de la Corse, un autre à Muriani. Le Covid a favorisé le fait que des Corses soient en recherche de solution, car certains ont perdu leur gestionnaire, car la Corse en 2020 a été la grande perdante de l’été. Développée avec des partenaires, cette agence dédiée à la Corse sera lancée au début de l’année 2023.
A moyen terme, Vacancéole ambitionne aussi de se développer à l’étranger, et cible notamment l’Espagne, le Portugal et l’Italie. « Rien n’est fait, même si des contacts sont pris », précise Eric Journiat, qui espère malgré tout voir ce projet se concrétiser courant 2023.
Vacancéole entend également « participer à la consolidation du marché ». « On se développe tous les ans, il n’y a pas de raison que ça s’arrête ! », lance Eric Journiat. « A travers la levée de fonds, nous nous sommes donnés les moyens d’aller chercher du développement. Réaliser un build-up, pourquoi pas. » Des acquisitions pourraient donc être annoncées. Mais le groupe n’en dit pas plus pour le moment, indiquant simplement « être en recherche d’opportunité ».
Objectif : 70 millions d’euros en 2023
En attendant, Vacancéole prépare la saison d’hiver. Si le contexte et les nouveaux impératifs de sobriété énergétique font peser de nouvelles incertitudes sur le secteur, pour le moment, les indicateurs sont positifs. Implanté sur 30 destinations montagne (1800 logements), Vacancéole annonce ainsi un volume d’affaires en avance de 60% par rapport à l’an passé, grâce notamment au retour des clientèles étrangères. Le gestionnaire propose deux nouvelles résidences cet hiver, Le Dôme des rousses à Vaujany et Les Balcons du soleil à Peyragudes.
En 2022, Vacancéole a accueilli 401000 clients, pour un volume d’activité de 64 millions d’euros et un Ebitda de 5 millions d’euros. Sa distribution est à 45% en vente directe, le reste passant en bonne partie par les OTA, les TO et les groupes. Pour 2023, Vacancéole table sur un volume d’activité de 70 millions d’euros.