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Christelle Monti, JLT Voyages : « Les petites entreprises comme la nôtre ont encore leur place dans le tourisme »

Christelle Monti prend la relève à la tête de JLT Voyages. Un nouveau chapitre pour cette agence fondée par son père, Jean-Louis Monti, en 1970, à l’aube de la démocratisation du voyage.

C’est une saga familiale, et une page de l’histoire du tourisme qu’elle s’apprête à continuer d’écrire. A 53 ans, Christelle Monti prend officiellement la suite de son père à la direction de JLT Voyages. “Ce n’est pas le grand saut, plutôt une transition en douceur”, assure la nouvelle patronne de l’agence spécialiste des îles et de la Polynésie, qu’elle codirige depuis plusieurs années déjà. 

Jean-Louis Monti, lui, ne sera sans doute jamais très loin : on ne lâche pas si facilement une entreprise que l’on a créée il y a plus de cinquante ans. Car derrière ces trois lettres JLT – pour Jean-Louis Tourisme – c’est toute une époque qui se dessine. “La société a été créée à un moment où le tourisme était en plein essor, une époque où tout était possible, tout était à construire”, retrace Christelle Monti. Nous sommes en 1970, les premiers charters ont décollé quelques années plus tôt, Jacques Maillot vient de fonder Nouvelles Frontières et ouvre la voie à la démocratisation du voyage. JLT a à peine le temps de souffler ses trois bougies que naissent dans la foulée les GDS, le Routard ou le Seto… C’est l’émergence du tour-operating moderne. JLT commence d’abord son activité sous forme associative, par des voyages en autocar en France et en Europe, avec une équipe de bénévoles, une “époque dorée”.

Cap sur les îles

JLT quitte ensuite son statut associatif pour devenir un voyagiste spécialiste des îles et des voyages sur-mesure. Le catalogue de destinations se diversifie progressivement, suivant au fil des années le penchant de Jean-Louis Monti pour les îles. « Nous avons été parmi les tout premiers tour-opérateurs à lancer la Polynésie en France », se souvient Christelle Monti. ll suffit d’échanger quelques mots avec Jean-Louis Monti pour saisir le lien très fort qu’il entretient avec cette région du monde et ses habitants. Bague, collier et bracelet en perles noires de Tahiti ornant son poignet, la nouvelle dirigeante de JLT Voyages a visiblement hérité de cette passion pour le voyage et les îles.

J’ai commencé petite main et j’ai gravi tous les échelons, c’était important pour moi.

D’ailleurs, Christelle Monti est née presque la même année que l’agence. Elle attendra pourtant une quinzaine d’années avant de faire son premier grand voyage, aux Seychelles. Après des débuts dans d’autres entreprises du tourisme, elle finit par rejoindre l’entreprise familiale en  2007. « J’ai commencé petite main et j’ai gravi tous les échelons, c’était important pour moi », dit-elle.

Pendant de longues années, JLT aura  aussi une importante activité événementielle. L’agence orchestre notamment de grands réveillons pour la nuit de la Saint-Sylvestre à Paris, au Pavillon Baltard, à la Conciergerie ou dans l’ancien Lido… En 1989, JLT devient l’agence de voyages officielle de l’Armada de Rouen, organisant des croisières à bord de prestigieux voiliers pour des milliers de personnes, avec comme point d’orgue la Grande Parade. « Un immense bonheur », et des souvenirs gravés à vie.

« Des tempêtes, il y en a toujours »

« Quand je regarde en arrière, je me dis que c’est une belle histoire. Il y a quand même peu d’entreprises qui existent depuis près de 55 ans dans le secteur. Cela prouve qu’il n’y a pas que les grands groupes dans le tourisme. Les TPE comme la nôtre ont encore leur place. Et une transmission familiale est encore possible. »

En 54 ans, il y a en aura pourtant eu des crises dont l’agence aurait pu ne pas se relever. « Des tempêtes, il y en a toujours, c’est la vie de toute entreprise », relève placidement la  dirigeante. Mais la plus marquante, indéniablement, a été celle du Covid. « Le bateau tanguait vraiment très fort, c’était l’épreuve de vérité. Malgré tout, nous n’avons pas licencié, ce qui prouve la résistance d’une petite entreprise comme la nôtre. »

Le Covid semble désormais loin et l’agence a elle aussi bénéficié du « Revenge Travel ». Son chiffre d’affaires dépasse désormais les niveaux de 2019. Mais les choses ne sont plus tout à fait comme avant. « Notre métier est de plus en plus difficile, chronophage, le secteur a intégré que l’activité est fragile et que tout peut s’arrêter du jour au lendemain, analyse Christelle Monti. On se sent plus exposés aux crises, notamment climatiques. C’est une réalité que tout professionnel du tourisme doit désormais prendre en compte au quotidien. Nous devons savoir composer avec des paramètres que nous ne pouvons pas tous maîtriser. Dans notre métier, l’imprévu est potentiellement devenu la norme. »

« A nous de savoir de savoir réagir pour que tout se passe bien », poursuit-elle. Il faut dire que lorsque l’on vend des voyages dont le montant tourne autour de 6000 euros par personne, la déception n’est pas une option. « Pour nos clients, c’est souvent le voyage d’une vie », pointe Christelle Monti. « Je me souviens de clients venus prendre des informations lors d’un salon, qui ont finalement réservé le voyage en question… quinze ans plus tard », raconte-t-elle. Le temps d’économiser. “Nous avons une clientèle fidèle, qui nous suit, du fait de l’ancienneté de l’agence. Nous avons les grands-parents et maintenant les parents, les petits-enfants… Certains de nos clients ont déjà fait 20 voyages avec nous ! »

On nous a dit pendant la pandémie que les gens allaient arrêter de voyager, je n’y ai jamais cru.

Et la suite ? Pas de grande révolution en vue. Mais Christelle Monti compte malgré tout apporter sa « patte » à l’agence. L’équipe devrait d’ailleurs prochainement s’agrandir.

« Notre but ne sera jamais de devenir une grosse entreprise »

« Une entreprise ne peut exister sans son équipe. Je veux encourager les jeunes générations à rejoindre le monde du tourisme, à écrire leur propre histoire, créer ou reprendre des entreprises. Je suis profondément attachée à la transmission. »

« Notre but ne sera jamais de devenir une grosse entreprise, poursuit-elle, mais de renforcer l’équipe pour accompagner le développement de l’activité. »

Le signe d’une solide confiance dans le potentiel de croissance de l’entreprise… et du secteur. « On nous a dit pendant la pandémie que les gens allaient arrêter de voyager, je n’y ai jamais cru, et ce n’est pas ce que nous observons. A nous de nous adapter malgré tout pour aller vers un tourisme plus responsable. Le respect de l’environnement et des populations locales a toujours été une composante des produits que nous proposons, ce sont des réflexions qui sont présentes chez JLT depuis longtemps. »

Des projets, Christelle Monti n’en manque donc pas, même si elle préfère ne pas trop en dire pour le moment. « JLT a encore de belles choses à raconter », promet-elle. « Mon rôle est d’être aux côtés de mon équipe, d’agir comme un chef d’orchestre. Cela suppose une remise en question permanente, car notre secteur d’activité est en évolution perpétuelle. »

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