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EDITO. avis de greenwashing dans l’hôtellerie

La plateforme Booking.com a déployé un système de classification des hébergements durables qui laisse sur sa faim.

C’est en préparant une interview que j’ai regardé, d’un peu plus près, le système de classification « durable » des hébergements sur Booking.com.

La plateforme, qui publie par ailleurs des sondages sur la sensibilité écocitoyenne des voyageurs*, a déployé un système d’une à trois feuilles, en fonction du niveau présumé d’engagement de chaque hôtel, résidence ou autre appartement. Présumé parce qu’en fait, c’est du déclaratif, sans aucun système de vérification.

D’ailleurs, la lisibilité de la classification « Travel Sustainable » laisse à désirer. Entre une et deux étoiles, le commentaire est quasiment le même, au mot près (voir la capture d’écran ci-dessous). Seul le niveau « 3 feuilles » introduit l’exigence d’une certification.

Un peu décevant comme méthode, légère comme une feuille… Surtout pour un groupe comme Booking.com. Ce leader mondial de la réservation hôtelière détiendrait une part de marché supérieure à 60% en Europe. N’a-t-il pas un devoir d’exemplarité ? En tant que chef de file, soit on montre l’exemple, soit on s’abstient. Sinon, c’est peut-être du ressort de l’affichage trompeur, répréhensible de la part d’un organisme comme la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Le groupe Booking va-t-il améliorer sa copie ? L’attachée de presse a fini par répondre à ma question… et à mon insistance. « Je n’ai pas d’éléments nouveaux à ce sujet, mais ne manquerai pas de vous tenir au courant si le dispositif évolue bien sûr. » CQFD.

« Nous avons commencé à définir des processus visant à vérifier ces pratiques, reconnaît la plateforme sur son site. Cependant, nous ne pouvons pas encore garantir l’exactitude de ces informations. » 

Les données déclaratives des hôtels présentent d’indéniables limites…

Alors en attendant, Booking ne devrait-elle pas faire marche arrière ? D’autres l’ont fait, comme Skyscanner, pointé du doigt pour son calculateur d’émissions de CO2. Une pétition de la start-up française et militante GreenGo et une contre-publicité plus tard, Skyscanner a de fait rétropédalé.

Quand une entreprise n’a pas la compétence en interne, autant qu’elle s’appuie sur les « sachants ». Je pense à MisterFly ou à Option Way qui ont choisi la méthodologie solide d’Atmosfair pour leur calculateur d’émissions de CO2. Les acteurs du tourisme ont tout intérêt à développer une démarche durable pédagogique et sincère, a-t-il été rappelé au forum A World For Travel. Mais, comme l’a expliqué Didier Bréchemier, le responsable mondial Transport, voyages et logistique du cabinet Roland Berger, il faut des tiers de confiance fiables.

Les données déclaratives des hôtels, elles, présentent d’indéniables limites… En témoigne le récent reportage à charge d’Hugo Clément. Dans sa vidéo très virale, le présentateur de Sur le front montre « la face cachée » d’un hôtel d’Indonésie, se prétendant écoresponsable sur son propre site. Pourtant, une immense décharge sauvage prolifère, juste derrière de magnifiques lodges et une piscine de rêve.

Linda Lainé, rédactrice en chef

@Linda_Laine

* Environ 77% des Français interrogés par Booking.com déclarent vouloir voyager de manière plus durable au cours des 12 prochains mois.

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