EDITO. Aérien : Prince Harry, comparaison n’est pas raison

Travalyst. Son nom vous est peut-être inconnu. Et pourtant, Travalyst est un organisme qui monte en puissance, créé en 2019 par le duc de Sussex himself. C’est une coalition de grandes pointures de l’industrie : Amadeus, Booking.com, Expedia, Google, Skyscanner, Travelport, Trip.com, Tripadvisor et Visa. Que du beau monde autour de Travalyst et de son calculateur d’émissions de CO2, déjà utilisé par plusieurs entreprises du secteur. D’ailleurs, l’Association du transport aérien international (IATA) travaille déjà avec, afin d’évaluer les émissions de CO2 des vols des compagnies aériennes.

Sur le papier, la méthode et le calculateur de Travalyst remplissent une mission intéressante, et partent d’un bon sentiment. Une envie de transparence par rapport aux émissions de CO2 d’un mode de transport pointé du doigt. L’aérien représente 2,9% des émissions de CO2, rappelle Travalyst. Mais de toute évidence, les résultats de son calculateur de ces émissions ne sont pas tout à fait crédibles. Que des vols d’Air France Paris-Nantes avec escale à l’aller, à Lyon ou à Nice, soient identifiés comme des vols « émettant moins de CO₂ » que la moyenne de la recherche, nous laissent bouche bée. Really, Prince Harry?

La RSE est sujet essentiel, mais gare aux tentations de communiquer vert fluo.

C’est bien dommage, parce que c’est donner le bâton pour se faire battre, à des consommateurs qui ne sont pas dupes. Et à des détracteurs qui vont s’en donner à cœur joie. Il n’y a pas que Greenpeace qui monte au créneau. Sur LinkedIn, Perles de greenwashing (41 000 followers) fait de l’activisme viral. Ce groupe a d’ailleurs critiqué (vertement) un article de L’Echo touristique, sur le fonds de dotation du Syndicat des entreprises du tour-operating qui va permettre de planter un million d’arbres. L’absorption des émissions de CO2 n’a pas bonne presse, même si nous rappelions un point fondamental : il faut réduire l’empreinte carbone avant toute chose !

Je vous laisse aussi apprécier les extraits de ce post, qui épingle le géant du tourisme TUI et son logo vert. « On a déjà un candidat pour le plus gros greenwashing 2023! Et l’honneur revient à… TUI pour son nouveau logo écolo » sur LinkedIn et Twitter » pour lancer son « sustainability agenda » afin de prévoir la réduction de leurs émissions. Ce qui est bien. Mais depuis quand planifier d’être neutre en carbone en 2050 justifie un tel changement de logo? Ce qui compte, c’est la situation aujourd’hui, pas dans 27 ans. Et à votre place TUI, je me ferais bien petit vu l’impact écologique considérable que vous avez. »

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans son ensemble n’en devient pas moins un sujet absolument capital dans la stratégie des entreprises. Les Entreprises du Voyage l’ont identifiée comme l’une des préoccupations majeures des adhérents en 2023. La conférence Totec en a fait son fil rouge en 2022. La nouvelle promotion de la French Tech est, cette année, la première à intégrer des engagements sociaux et environnementaux. Un sujet essentiel, mais gare aux tentations de communiquer vert fluo… Les réseaux sociaux ne sont pas tendres.

Linda Lainé, rédactrice en chef de L’Echo touristique

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Logo vert : le droit de réponse de TUI

« Le logo du groupe a un fond vert sur Linkedin jusqu’à vendredi 24 février 2023, nous indique la direction française de la communication. Son changement temporaire de couleur a accompagné le lancement du programme de développement durable du groupe TUI. » Le logo vert « disparaîtra à la fin de cette semaine comme prévu initialement. Dans ce programme de développement durable, les objectifs scientifiques sont précis. Le groupe indique très clairement que ces objectifs pour 2030 sont une étape intermédiaire (avec un objectif de neutralité carbone en 2050, Ndlr). À aucun moment le Groupe TUI ne se qualifie d’« entreprise verte », mais il explique le chemin entrepris vers un tourisme plus durable. »