Dubrovnik

Les bus déversent leur flot ininterrompu d’envahisseurs, qui s’engouffrent par centaines dans la vieille ville par la porte Pile, gardée par des soldats en costume d’opérette. Dubrovnik est livrée aux touristes ! Sandales et shorts ont remplacé armures et épées sur Stradum, la légendaire artère piétonne tracée au cordeau qui traverse la cité. De part et d’autres, les cafés chic et les boutiques toc, vendant des souvenirs kitch ou des maillots de foot, ont investi les demeures aux blanches façades. Le grand déballage sur 300 m ! Eglises, palais somptueux… les trésors de Dubrovnik sont concentrés sur quelques hectares, témoins d’une époque où l’ex Raguse tentait de rivaliser avec Venise. La ville est petite et se découvre en une journée. A gauche, le couvent des Franciscains, plus loin celui des Dominicains, et leurs cloîtres romans parfumés par des orangers en fleurs. Dominée par son dôme, la cathédrale met en avant son polyptyque de Titien pour rivaliser avec ses glorieux voisins. Quant au palais Sponza, mélange gothique et Renaissance qui survécut au séisme de 1667, il rend hommage aux martyrs des combats de 1991, avec moult photos de la ville éventrée. Il ne reste heureusement que peu de traces de la dernière guerre. Pour s’en convaincre, il suffit d’arpenter les remparts afin d’admirer les clochers et les toits. En dehors des tuiles orange neuves, rien ne rappelle qu’ici s’est joué un drame, il y a 15 ans. Pour sentir Dubrovnik, il faut toutefois fuir Stradum et se perdre dans les ruelles pentues où errent quelques chats, partir à l’assaut des escaliers, lever la tête pour apercevoir le linge qui sèche aux fenêtres. Avant de déguster un verre de vin accompagné de prsut, le jambon fumé local, et d’un fromage de brebis, sur la terrasse du café Buza. Accroché à la falaise, il offre un délicieux point de vue pour un coucher de soleil romantique sur l’Adriatique.