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Bretagne : des manifestants dénoncent les croisières de luxe

80 manifestants ont accueilli le World Traveller sous les huées dimanche, dénonçant l’impact environnemental de ce type de tourisme.

Grimés en ours polaires, en otaries ou en carnavaliers vénitiens et accompagnés d’une fanfare, les manifestants s’étaient donné rendez-vous avant l’aube, à Douarnenez, dans ce port breton à forte tradition ouvrière. Les organisateurs avaient invité les manifestants à se déguiser car les bateaux qui mouillent dans la baie sont « des navires de luxe et d’expédition », explique Alice (prénom d’emprunt), 25 ans, cachée derrière un masque d’ours polaire.

Ces bateaux « passent leur temps à faire des allers-retours entre les pôles pour faire du tourisme de la dernière chance : voir les derniers manchots, les derniers ours blancs, les derniers icebergs. C’est indécent », poursuit-elle. Cette manifestation, « c’est un peu en soutien à la faune polaire qui subit le changement climatique et toutes les conséquences de notre mode de vie dans cette société ».

Un navire long de 126 mètres

Le navire World Traveller, d’une capacité de moins de 200 passagers, faisait escale à Douarnenez dans le cadre d’une croisière de dix jours entre Dublin à Lisbonne, proposée à des prix allant de 8 048 euros à plus de 13 000 euros par passager. Ce navire de 126 mètres de long doit naviguer dans l’océan austral en novembre, pour une croisière de dix jours en Antarctique, à des prix allant de 15 625 à plus de 25 000 euros par passagers.

« Stop Cruiseshit » (stop aux croisières de merde) ou encore « Bear your polar shame » (Porte ta honte polaire), proclamaient les pancartes brandies par les manifestants. Lorsque les premiers croisiéristes ont débarqué sur la jetée du port du Rosmeur, ils ont été accueillis par un brouhaha de huées, de cris et de casserolades. Un cordon de gendarmes empêchait les manifestants d’accéder à la zone de débarquement.

Une multiplication des manifestations

Nous dénonçons tout simplement cette industrie qui n’a pas lieu d’être. On n’a pas besoin de cette industrie », estime Camille, 46 ans. « La biodiversité, c’est quelque chose de plus important (…) Donc nous disons stop à une vision court-termiste et stop à une forme d’hypocrisie aussi. »

Croisé un peu plus tard dans les rues de la « ville rouge » (une des premières mairies communistes en France), Eric Scott, un touriste américain 49 ans, avec bob et chemise hawaïenne, ne semblait pas particulièrement perturbé par ce débarquement chahuté. « C’était une expérience éducative utile », analyse ce consultant en éducation de Seattle. « C’est une des raisons pour lesquelles on voyage, pour avoir des perspectives venues d’autres endroits. »

L’organisateur de la croisière Atlas Ocean Voyages, une société basée en Floride, assure sur son site Internet que ses « yachts intimes » consomment « seulement un cinquième du carburant » utilisés par les navires de croisière traditionnels, « réduisant ainsi (leur) impact sur l’environnement ». L’industrie des croisières, jugée polluante, fait l’objet d’une grogne grandissante en France, de la Bretagne à la Côte d’Azur, avec une multiplication des pétitions et des manifestations.

Selon une étude de l’ONG Transport et Environnement, les bateaux de croisières naviguant dans les eaux européennes en 2022 ont émis plus de 8 millions de tonnes de CO2, soit l’équivalent de 50 000 vols Paris-New York.

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