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ATES : Le tourisme se développe trop souvent au détriment des populations locales

 » A l'occasion de la semaine du développement durable, l'Echo touristique donne la parole à des experts du tourisme sur ces questions. Aujourd'hui, Julien Buot, coordinateur de l'Association pour un Tourisme Equitable et Solidaire. »

L'Echo touristique : L'Ates promeut un tourisme équitable et solidaire. Est-ce à dire que le tourisme d'aujourd'hui n'est pas équitable ?

Julien Buot : Le tourisme n'est malheureusement pas toujours équitable. La standardisation de l'offre de l'industrie du voyage et de la demande des voyageurs internationaux n'a pas toujours permis de valoriser les richesses du patrimoine local et d'honorer les promesses d'une répartition équitable des richesses. Toute première activité économique mondiale qu'elle soit, fondée historiquement sur la découverte et l’échange, le tourisme est malheureusement devenu une industrie à sens unique.

Les pays dits "du Nord" restent les principaux bénéficiaires (compagnies aériennes, tours opérateurs, chaînes hôtelières, etc.) et le tourisme se développe trop souvent au détriment des populations locales quand il est mal maîtrisé. Des études font apparaître des taux de fuites économiques très élevés dans le secteur touristique des pays en développement. Une part importante de ces dépenses touristiques sont absorbées par les intermédiaires à capitaux étrangers. Par exemple, en Gambie, seulement 14% de ces dépenses reviennent aux populations locales (source : Overseas Development Institute). Si les bénéfices reviennent surtout à des acteurs du "Nord", les maux du tourisme sont d’abord le lot des pays hôtes.

L'Echo touristique : Y-a-t'il des formes de tourisme "moins équitables" ?

Julien Buot : Le tourisme équitable et solidaire (TES) n’est pas l’apanage d’une forme du tourisme, même si la proximité avec les populations locales peut être un bon indicateur. En effet, si les habitants sont associés au développement touristique et à ses retombées économiques, leur investissement dans un accueil de qualité des voyageurs est au rendez-vous.

En revanche, le statut des opérateurs peut donner des informations précises sur le caractère équitable de leurs activités. Sans réserver le TES aux seules associations, il est certain que les acteurs s’inscrivant dans le champ de l’économie sociale et solidaire sont engagés à être transparents sur leur objet social et la répartition de la valeur créée par la vente des voyages.

L'Echo touristique : Faut-il supprimer les intermédiaires pour favoriser les retombées locales ?

Julien Buot : De plus en plus de voyageurs se dispensent de faire appel aux services des professionnels du voyage. Il faut donc s’interroger sur leur capacité à comprendre les destinations qu’ils visitent, l’organisation du tourisme dans ces pays, la définition d’un prix juste en échange des prestations qu’ils consomment et plus généralement l’environnement naturel, culturel et humain auxquels ils sont "confrontés".

Or c’est bien le métier des voyagistes que d’organiser cette rencontre afin qu’elle soit équitable. La préparation au voyage étant un aspect important de la Charte du TES, il paraît donc important de compter sur les opérateurs professionnels pour organiser les échanges entre les hôtes.

L'Echo touristique : Le tourisme, pour être équitable, doit-il éviter les grands hôtels et privilégier les maisons d'hôtes ?

Julien Buot : Si le TES se décline indéniablement à une échelle artisanale, sa responsabilité est d’ouvrir la voie à de nouvelles pratiques dans l’industrie du voyage. La question de la rémunération équitable se retrouve dans 3 des 56 critères du tourisme équitable et solidaire, en se référant entre autre aux normes internationales du travail établies par l’Organisation Internationale du Travail. Ainsi, les opérateurs s’engageant à ce qu’une rémunération équitable et concertée soit versée à chaque personne travaillant dans l’accueil des voyageurs. La grille de critères avec des exemples de bonnes pratiques est disponible sur demande auprès de l’ATES. A bon entendeur…

L'Echo touristique : Quelles pratiques les opérateurs "industriels" pourraient-ils adopter pour rendre le tourisme plus équitables ?

Julien Buot : Le meilleur moyen d’encourager les opérateurs du tourisme dit "de masse" à adopter des pratiques du TES est de les inviter à afficher en toute transparence la répartition du prix de chaque voyage. Ainsi, les consommateurs pourraient prendre conscience qu’il existe des gagnants et des perdants, au détriment de la qualité de leur séjour et du développement des destinations. Gageons que les uns et les autres comprendraient l’intérêt d’une démarche gagnant-gagnant ! Pour en savoir plus, visitez l’exposition virtuelle de l’ATES sur le tourisme en quête de sens
 

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