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Carbone : un voyagiste prend Jancovici au mot, et veut réduire ses émissions de 5% par an

A l’occasion du séminaire d’Agir pour un tourisme responsable, le voyagiste Vie Sauvage a présenté un très ambitieux projet de décarbonation. D’autant plus ambitieux qu’il est spécialiste des voyages long-courriers.

Le Shift Project le martèle depuis longtemps. Pour limiter le réchauffement climatique à +2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre doivent diminuer de 5% par an, indique-t-il dans une publication de 2016. Un message que Jean-Marc Jancovici, le patron du Think Tank, n’a eu de cesse de rappeler. Jusqu’à théoriser le fameux concept des « 4 vols dans toute une vie » qu’il défend. 

Réduire de 56% sur dix ans

Pour Jean-Christophe Guérin, directeur de Vie Sauvage, calculer son empreinte et mettre en place une contribution carbone sur le périmètre voyageurs ne suffit d’ailleurs plus. C’est ce qu’il a expliqué jeudi lors d’une table ronde organisée au séminaire d’Agir pour un tourisme responsable (ATR), en baie de Somme.

Jean-Christophe Guérin, directeur de Vie Sauvage. © LL

« Tous les rapports nous invitent à une réduction globale des émissions de CO2 de 5% par an, Jancovici aussi. Cette baisse correspond à un Covid… par an et de manière additionnelle. » Un défi colossal qu’il a partagé avec les équipes de Vie Sauvage début septembre. Le voyagiste compte effectivement abaisser son empreinte carbone de 5% par an jusqu’en 2034. Soit 56% sur dix ans.

« Nous ouvrons la boîte de Pandore »

Pour le TO spécialiste des safaris en Tanzanie et de Afrique de l’est, l’avion représente 97% des émissions de gaz à effet de serre. Alors comment décarboner son TO, qui affiche un chiffre d’affaires de 4,7M€ en 2019 pour 1100 clients ? Jean-Christophe Guérin évoque plusieurs pistes, exploratoires : allonger la durée des voyages, monter en gamme, développer des destinations en vol direct et des mobilités douces.

Monter en gamme, vraiment, sans faire un changement de classe de réservation qui alourdirait l’empreinte carbone ? « Nous sommes au tout début du chemin. Nous ouvrons la boîte de Pandore. » Il faudra surtout vendre des activités moins carbonées. Réduire la place des safaris classiques en Afrique de l’Ouest. « Mais nous en ferons toujours. Les parcs nationaux permettent aussi la préservation de l’environnement. »

Garder les équipes malgré la décarbonation

Modéliser la décarbonation ne veut pas dire entrer en décroissance, ajoute le patron. « Nous avons envie de garder tout le monde à bord. Notre activité pourrait même croître. »

L’indicateur clé qui guidera ses efforts s’appelle « l’intensité carbone pour 1000 euros de marge brute ».

« Cette intensité carbone me permet de faire vivre les équipes et de faire tourner l’entreprise. Nous devons baisser notre intensité carbone, de 4,2 tonnes par tranche de 1000 euros de marge brute, à 1,56 tonne en 2034. » Soit passer d’une empreinte de 4207 tonnes en 2019, à 1900 tonnes en 2034. Et respecter alors l’Accord de Paris sur le climat.

« Nous serons déjà à 3,22 tonnes en 2023 », ajoute le patron. Et ce, notamment grâce au lancement, en pleine pandémie, de voyages bas carbone sous la marque Fika.

Réduire, un objectif d’ATR

Dans sa stratégie de décarbonation, Vie sauvage est accompagné par l’Ademe (projet Act). « A terme, notre objectif, c’est de mettre notre démarche en Open Source pour les autres membres ATR. » Le voyagiste n’en aborde pas moins le sujet avec humilité.

« A l’horizon 2024, assumons la réduction », a pour sa part déclaré Julien Buot. Le directeur d’ATR encourage d’ailleurs ses 80 membres à mener un bilan carbone, pour enclencher ensuite une trajectoire de décarbonation.

« Ouvrons la réflexion tous ensemble sur la réduction, a renchéri Antoine Richard, président de l’association. Engageons-nous dans cette voie, sans pour autant baisser les ventes. ATR veut s’emparer du sujet et définir une trajectoire commune. » Et le patron du voyagiste Double Sens d’ajouter : « Il faut retrouver l’utilité de nos voyages. Soyons fiers de ce qu’on fait. »

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