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Quand Jancovici théorise le quota de 4 vols par vie

Jean-Marc Jancovici explique par le détail sa vision d’un secteur aérien réduit à sa portion congrue. Une « théorisation » qui lui vaut une pluie de commentaires, pour ou contre.

Le président du Shift Project n’en démord pas. Dans un post publié sur LinkedIn, Jean-Marc Jancovici théorise même son quota de 4 vols dans une vie. S’attirant ainsi des adeptes (4200 « likes ») et 800 commentaires dont plusieurs objections. Nous avons d’ailleurs repris, plus bas dans cet article, des réactions d’internautes qui s’inscrivent en faux ou émettent des réserves.

La théorie de Janco : 10% du trafic pré-covid…

« C’est peu dire que l’évocation de 4 vols aériens dans une vie ne provoque pas un enthousiasme délirant dans le monde médiatique, écrit Jean-Marc Jancovici sur LinkedIn. Je ne vais pas ici chercher à répondre à toutes les réactions m’accusant d’être liberticide, insensé, ou totalitaire. Mais juste expliquer pourquoi 4 vols dans une vie et pas 10 ou 1.

Je pars du principe que ce « droit à l’avion » est mondial. Evidemment, peut-être qu’une large partie des personnes qui ont « mal » réagi considèrent que leur droit à l’avion est supérieur au droit encore inexistant des Somaliens ou d’une large partie des Indiens, et qu’il faut raisonner à partir des gens qui prennent actuellement l’avion et pas autrement.Il y a actuellement 8 milliards de personnes dans le monde. Avec 4 vols dans une vie ça fait 32 milliards de vols sur une vie. Admettons qu’une vie soit 70 ans. Ça nous amène à environ 450 millions de vols par an, soit 10% du trafic pré-covid (https://lnkd.in/eRnV47yR ) et presque 20% de l’actuel. »

… et surtout des vols long-courriers conservés

Mais actuellement « une moitié des vols sont raisonnablement courts (Europe-Europe, USA-USA, etc.). Et ce ne sont pas ceux qui seraient conservés si on avait un quota un peu bas, poursuit l’ingénieur. Donc ce seraient surtout des vols longs qui seraient conservés, et en termes de passagers/km, ça ferait entre 15% et 20% de l’actuel. (…)

Il se trouve que l’ordre de grandeur de la baisse des émissions qu’il faut opérer dans les décennies est supérieur à une division par 5 si on vise la neutralité carbone. (…) A plus long terme, on peut imaginer que les solutions techniques de rupture ne permettront pas de garder beaucoup plus de 10% du trafic aérien actuel si on intègre les concurrences d’usage (sur la biomasse et sur l’électricité) avec la décarbonation des autres secteurs.

L’ordre de grandeur de 4 vols dans une vie me semble donc correct (…). Que ce soit très très très loin des habitudes actuelles d’un certain nombre de gens qui s’expriment dans les médias est une autre histoire :). Cela signifie juste qu’ils n’ont pas encore compris que le pétrole EST le 20e siècle. Et qu’un monde décarboné ne sera pas vraiment l’actuel à 3 détails près. A nous de le rendre désirable quand même. »

Des contradicteurs

Nous avons recueilli quelques réactions à cette « théorie » de 4 vols par vie, toujours sur LinkedIn.

1. Pourquoi se focaliser sur l’avion ?

Nicolas Breyton : « Pourquoi vous focalisez vous sur le sujet le plus indécarbonable alors qu’on pourrait déjà se focaliser sur l’industrie lourde avec des gains énormes ? Parce qu’un avion ça se voit mais pas un four au fond d’une zone industrielle. => Prioriser d’abord le faisable à gros rendements.  Autre pb. Que se passerait t’il pour Airbus un des derniers secteurs industriels de notre pays? En industrie, il faut d’abord convertir / shifter avant de détruire. »

Gilles Baulard : « pourquoi dépenser autant dans 3% du problème ? »

2. Quid des destinations touristiques comme la Tunisie ?

Pour ma part, j’ai émis une réserve et une question (ci-contre), soumise à la sagacité de Jean-Marc Jancovici : Avec « 4 vols par vie », que propose-t-on comme futur aux Tunisiens, où le tourisme représentait avant le Covid environ 14% du PIB ? Pas l’agriculture, très consommatrice en eau, ce nouvel or bleu ? Sans l’activité touristique, les familles tunisiennes auront bien des difficultés, elles qui connaissent déjà une pénurie de pain… Ce serait un risque de crise économique aigu, la pandémie a déjà affaibli le pays et son peuple. »

Le patron du Shift Project a répondu : « A terme les Tunisiens vont devoir imaginer leur pays sans pétrole (c’est cela la neutralité carbone 🙂 ). Et quand il n’y aura plus de pétrole il n’y aura plus autant de trafic aérien qu’aujourd’hui (et même beaucoup moins) : les substituts ne fourniront pas les mêmes volumes – loin s’en faut. Ce n’est pas moi (et mes déclarations) le problème : c’est le fait que le pétrole n’est pas renouvelable ! Et que j’existe ou pas les tunisiens (comme tous les pays dont l’économie repose largement sur les flux internationaux de passagers) vont devoir gérer le problème. »

     Source : ministère de la Transition énergétique

3. A quand un quota d’Internet ?

David M : « A quand un quota de viande, d’Internet, de kms parcourus en voiture ? Effrayant comme raisonnement. Pour rappel, l’aviation c’est moins de 4% des gaz à effet de serre. Demandez également un quota de 1h d’électricité par jour dans le monde puisque c’est la source principale de gaz à effet de serre… »

Ce que confirme un document du ministère de la Transition énergétique. « En 2020, la production d’électricité reste le premier secteur émetteur de CO2 dans le monde, avec 42 % du total des émissions dues à la combustion d’énergie », explique-t-il page 40. « Elle est suivie par les transports (22 %) et l’industrie (20 %, y compris la construction). » Des données à considérer avec discernement puisque nous étions alors en pleine pandémie.

4. Pourquoi pas des dérogations ?

Valérie Christiane G : « Et là, ma maman qui habite de l’autre côté de l’Atlantique … décroche. J’entends et j’approuve le besoin de décroissance. De décarbonation. Mais que faîtes-vous Jean-Marc Jancovici des familles de migrants (et autres expatriés, Ndlr) ? Vous renvoyez tout le monde « chez eux » ? »

Virgile Bellaiche : « En attendant je pense que Jean-Marc aurait intérêt à mettre en avant des quotas supplémentaires dérogatoire pour les vols les plus « légitimes » type famille à l’étranger. Ça serait transitoire et bien plus juste qu’une simple discrimination sur la base du prix de marché du pétrole ou d’une taxe sur le kérozène. »

5. Des risques de « trafic » de vols

Pierre Schoysman : « Et puis, il existera aussi un trafic de vols : les pauvres revendant aux riches leurs droits de vols… » « Je vends mes 4 vols 100 000 euros pièce », s’amuse pour sa part Mickaël Houzet.

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14 commentaires
  1. Anonyme dit

    Le problème c’est que personne ne comprend que nous devons changer d’échelle pour éviter le pire… Et ce changement d’échelle passe par tout ce qui nous fait rêver par négligence de la nature…. Prendre l’avion pour aller passer des vacances à l’autre bout de la planète n’a plus de sens et devient bien plus inutile sur l’échelle du ratio utile/polluant que de se passer d’énergie électrique… Le constat est simple… Toutes les dernières réserves de pétrole doivent absolument être utilisées pour changer le modèle sinon après cela personne ne comprendra la mise au pli par le chaos…. Même cette pensée égoïste ne changera rien et le mode de consommation énergétique n’est qu’une partie du problème reste les modèles d’utilisation de nos outils du quotidien exclusivement en plastique et aussi la pétrochimie nécessaire à notre nourriture, déplacement et santé…. La vérité c’est qu’on n’y arrivera pas car la nature à fait une erreur avec nous…

  2. Eod dit

    Pourquoi devrait-on se préoccuper des Tunisiens ? On se préocupe de la planète pas d’un random pays. La Tunisie ne se préoccupe pas de nous non plus.

  3. Philippe dit

    C’est toujours fascinant de voir ou lire des gens qui donnent des injonctions aux autres en leur disant de se renseigner sur les chiffres tout en assénant eux memes des chiffres completement faux. Depuis 1999 et le rapport spécial du GIEC « Aviation and the Global Atmosphere » la part du transport aérien en termes d’emissions de CO2 n’a pas évolué (aux alentours de 2%) alors que le trafic a lui grandement décollé (si vous me permettez ce petit jeu de mots). Alors prétendre que ces 2% augmenteraient considérablement dans les années a venir est une foutaise car le secteur aérien arrive a decoupler sa croissance de trafic de ses emissions. Certes pas assez, mais la part des emissions du secteur n’evolue pas de façon proportionnelle a l’augmentation du trafic.
    Quant a Jean Marc Jancovici, autant il est expert en énergie, autant il ne connait pas grand chose au transport aérien (sur lequel il tape depuis des décennies), allant meme jusqu’a confondre la consommation d’un avion avec la capacite de son reservoir, comme si vous bruliez les 50 litres (ou plus) du reservoir de votre voiture pour aller acheter le pain a 5 km de chez vous…

  4. Geoun dit

    Et vous êtes qui pour donner des injonctions du type « le bonheur c’est chez soi » ?

  5. Serge Rochain dit

    Jancovici ne sait plus quoi inventer juste pour faire le buzz…. Et surtout pas reculer devant l’invraisemnlable.. Mais il a raison puisque ça marche auprès d’un public prêt à avaler n’importe quelle couleuvre, la plus large tranche de la population.
    Il faut voir son succès dans la simple calomnie des renouvelable avec un TGV qui s’arrêterait des que le vent baisse… Mais ce même TGV continue tout de même à rouler quand un réacteur nucléaire tombe en panne comme plus de la moitié en même temps l’hiver dernier quand le parc eolien et à flamme des allemands est venu à notre secours pour nous éviter un black-out quotidien.!
    Serge Rochain

  6. Allie dit

    A ceux qui avancent les chiffres, prenez garde aux échelles, géographiques et de temps. Les moins de 4% des émissions représentées par les vols aujourd’hui ne le sont que pour aujourd’hui, rappelons que les prévisions de trafic sont inexorablement à la hausse, ce pourcentage va donc nécessairement augmenter !
    Les évolutions technologiques de l’aérien n’iront pas suffisamment vite et ne seront certainement pas adoptées suffisamment rapidement pour faire courber la tendance vers le bas, or nous n’avons plus le temps : il faut donc éviter, réduire les vols, c’est aussi simple que cela !
    Alors à ceux qui crient au scandale à chaque publication de Jancovici, svp, renseignez-vous d’abord mieux sur les chiffres, et aussi sur leur représentation à travers le monde : en Europe, et en France particulièrement, nous sommes pour beaucoup responsables des taux les plus élevés. Et si vous n’avez pas écouté les infos ces derniers jours : c’est l’Europe qui subit le plus violemment le dérèglement climatique, plus de deux fois plus rapidement que le reste du monde.
    Et par pitié arrêtez de toujours vous comparer aux voisins, on n’a plus le temps pour ça, c’est chacun et maintenant que nous devons agir. Et oui, prendre l’avion, c’est un privilège dans la très grande majorité des cas, donc c’est parfaitement dispensable. Dominique n’a pas tort : si nous ne le faisons pas volontairement, il y a fort à parier que cela passera pas la contrainte.

  7. Anonyme dit

    Moi je pense à toute la nourriture qui est transportée aujourd’hui en avion et qui arrive de pays producteurs. Nourriture qu’il serait bon de supprimer de notre quotidien puisque par définition il ne s’en produit pas chez nous… Ananas, avocats, mangues, café, thé cacahuètes, (aie pour les apéritifs), bananes, le cacao, un certain nombre d’épices mais qui eux pourront voyager sur des trajets longs à la voile. S’il reste encore quelques saisons un jour il serait intéressant de regarder ce que nous mangerons l’hiver en France.
    Je crois comprendre que l’on produit certains de ces fruits en Europe du Sud…. mais à quel prix en eau.
    Il faut donc revenir à la marine à voile.
    Et pourquoi pas après tout.
    L’ utilisation de notre temps sera différent. C’est tout

  8. JUju dit

    On regarde le doigt du sage alors qu’il faut regarder l’objectif.
    Moi j’ai des ongles incarnés alors comme je souffre horriblement je demande un bonus pour prendre plus l’avion. Lamentable. On parle de la survie du vivant sur la planète le tourisme n’est qu’une illusion de bonheur, le bonheur se réalise chaque jour chez soi. Et notre ouverture sur le monde peut se réaliser différemment cas coup de milliers de kilomètres et les milliardaires sur la Croisette on fera sans.

  9. Francois dit

    Le problème n’est pas Jancovici. Le problème, c’est tous ces gens qui n’ont toujours pas compris que notre monde va changer drastiquement, quoi qu’on fasse… Je pense que d’ici quelques decennies (?) prendre l’avion ou pas, sera le cadet de nos soucis… Il y a 2 manières d’aborder cette transition: on y reflechit et on s’y prépare, ou on continue de la nier et on la subira.

  10. francis Reversé dit

    J’ai un petit fils dont on vient de fêter le 1er anniversaire. il a déjà pris 6 fois l’avion avec ses parents ! Sera-t-il prochainement interdit de vol !!!!

  11. NINA PETITHALGATTE dit

    Jean-marc Jancovici lance un pavé dans le ciel; il alerte sur la problématique de la pollution de l’aérien mais ne propose aucune solution acceptable ou envisageable…il fait le buzz ..c’est à la mode.

  12. dominique dit

    Qu’il se rassure, le pass carbone arrive à grand pas…

  13. TROPICAL MANAGEMENT dit

    JANCO s’auto-médiatise par des sujets grand public, en mettant les pieds dans l’espace comme un enfant dans la première flaque d’eau qu’il rencontre. Mais en réalité, il sait que dans l’avenir que le transport aérien sera le plus propre de toutes les options dans le cycle de CARNOT ; ses déclarations ont toutefois le mérite d’engager les compagnies plus rapidement dans le process de décarbonation.

  14. DUCHEL PATRICK dit

    Bonjour Pourquoi faut il supprimer l’avion ? je propose de supprimer les guerres qui tuent deux fois en direct et tuent dans le temps en polluant notre Planète. De plus l’activité du tourisme est une activité de paix de rencontre de partage. S’il faut prendre que 4 vols dans sa vie je ne veux pas plus de 4 guerres dans ma vie sur la Planète.

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