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Tourisme : « On ne sait pas se rationner au niveau de l’offre » selon Jean Pinard

Sommes-nous prisonniers des imaginaires touristiques, qui renvoient aux voyages lointains ? Comment développer un tourisme plus vertueux ? Ces questions étaient au cœur d’une récente table ronde.

Une table ronde sur le tourisme durable, organisée le 20 mars par la plateforme Lokki, a mis en exergue les impacts positif et négatif du tourisme. En préambule, Clément Chevalier, consultant en transition énergétique, a dénoncé une certaine « Disneylandisation du voyage ».

« Tout le monde veut aller au même endroit et voir les mêmes choses », a-t-il relevé. Fustigeant au passage les conséquences de la concentration de flux touristiques sur l’environnement, à commencer par l’impact carbone.

Défense du tourisme populaire

De son côté, Jean Pinard, directeur du Comité régional du tourisme et des loisirs (CRTL) d’Occitanie, a tenu à contrer le tourisme bashing.

« Montrer du doigt des personnes qui « s’entassent » en août, dans des endroits aménagés comme La Grande-Motte, c’est injuste. D’autant que cette catégorie de population contribue peu au bilan carbone », a-t-il argumenté. « Tant que la mer sera à 24 degrés en juillet-août et à 11 degrés en novembre, il y aura plus de gens l’été. 40% des entreprises françaises ferment en août. » Le directeur du CRTL milite d’ailleurs pour la démocratisation du tourisme. Pour lui, il faudrait que 70% des Français puissent plier bagage, contre 60% aujourd’hui. Un taux qui ne décolle pas depuis 20 ans. 

L'Icon of the Seas, le plus grand paquebot de croisière au monde a pris la mer
Le nouveau plus grand navire de croisière au monde, l’Icon of the Seas de Royal Caribbean © Royal Caribbean

En revanche, Jean Pinard regrette la course au gigantisme, et donne comme mauvais exemple le nouveau paquebot de croisières géant, de près de 10 000 passagers. « Il n’y pas de limite. Nous ne sommes pourtant pas obligés de tomber dans une surenchère de l’offre, qui est de plus en plus carbonée. On ne sait pas se rationner au niveau de l’offre. »

Décarboner par le train…

La table ronde s’est concentrée sur l’impact environnemental des acticités touristiques, face au changement climatique. Avec cette question en filigrane : comment faire émerger l’offre et la demande durable, alors que les imaginaires touristiques renvoient souvent à des destinations lointaines, en avion ?

Selon une étude de l’Ademe, le secteur du tourisme génère 11% de l’inventaire national d’émissions de gaz à effet de serre, pour 7,5% du PIB français. Les transports constituent 77% de cette empreinte, à commencer par l’avion et la voiture. 

« Or arrêter de prendre l’avion ne signifie pas arrêter de voyager », a souligné Alisée Pierrot, cofondatrice de Mollow. Cette association aide justement les particuliers à privilégier les mobilités douces, en référençant 150 destinations accessibles sans avion ni voiture. « Aujourd’hui, nous avons un problème : le train reste plus cher que l’avion » a ajouté Clément Chevalier, lequel regrette l’absence de taxe sur le kérosène dans l’aérien.

… et l’aérien

« Au-delà des prix, il faut rendre sexy le voyage local et éco-responsable », a complété Guillaume Jouffre, cofondateur de la plateforme d’hébergements Greengo. L’expérience utilisateur doit être aussi fluide que sur Airbnb. En tant que voyageur, il faut que ce soit simple. Sur Greengo, ça marche. Nous avons plusieurs dizaines de réservations dans l’heure. »

La décarbonation de l’aérien représente un autre enjeu difficile et majeur, qui n’a toutefois pas été abordée lors des échanges. En 2023, le trafic mondial de passagers a atteint 94,1% du niveau enregistré en 2019

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