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100 milliards pour le train : ce que pensent les régions et l’aérien

Elisabeth Borne a promis 100 milliards au ferroviaire d’ici à 2040 pour rajeunir le réseau et entretenir les gares. Mais qui va payer ?

Il y a quelques semaines, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé un plan de 100 milliards d’euros d’ici 2040 pour le transport ferroviaire, qui permettra entre autres le lancement de « RER métropolitains » dans les grandes villes françaises. Ces 100 milliards correspondent à l’estimation des besoins par le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, qui envisageait cette dépense sur quinze ans. Bien sûr ils ne seront pas intégralement financés par l’Etat.

Le 12 avril, Jean-Pierre Farandou a proposé de taxer le secteur de l’aérien et le secteur autoroutier. Il a ainsi cité les « nouvelles fiscalités européennes autour des quotas carbone » mais aussi des taxes, qui pourraient peser sur les types de transport ayant un « impact plus négatif sur l’environnement ». « Je pense à l’aérien, je pense aux poids lourds et on a aussi les autoroutes qui sont une source de financement importante ». D’après lui, « une partie de la manne autoroutière pourrait servir à financer le ferroviaire ». Les collectivités locales devraient aussi être mises à contribution pour financer les projets de services express régionaux.

100 milliards pour le train : d’accord mais…

Pour les régions, financer le train ne pose pas trop de souci. Mais à certaines conditions. Carole Delga, la présidente de Régions de France et de la région Occitanie, nous explique : « Si les régions financent une partie, ce sur quoi nous sommes d’accord, il faudra une augmentation des crédits de l’Etat sur le ferroviaire. La subvention des infrastructures en France est de 45 euros par habitant en 2021 ». Loin de l’Allemagne (121 euros), de l’Angleterre (158 euros) ou de la Suisse (413 euros). « Nous souhaitons également un Plan Rail au niveau européen et des renégociations sur les concessions autoroutières pour aider au financement. »

Du côté de l’aérien, le financement du train passe un peu plus mal – doux euphémisme. Pour Pascal de Izaguirre, le président de la compagnie Corsair et de la Fédération nationale de l’aviation et de ses métiers (FNAM), la pilule passe mal. « Notre approche n’est pas à la polémique, explique-t-il. La taxation ne nous semble pas être la bonne solution. Il faut la décarbonation de l’ensemble des modes de transport. Nous nous inscrivons dans la complémentarité et dans l’intermodalité. D’ailleurs, beaucoup de compagnies de la FNAM ont un partenariat avec la SNCF (TGV Air, NDLR). »

Alourdir les taxations, « une mauvaise dynamique »

« Nous considérons donc que le président de la SNCF devrait promouvoir la décarbonation de tous les transports, complète Pascal de Izaguirre. Alourdir les taxations au détriment de tel ou tel secteur serait une mauvaise dynamique. L’intérêt général est que le transport aérien puisse aussi faire sa transition et on fait déjà des gros efforts pour cela. On espère qu’il y aura des solutions plus innovantes de la part des pouvoirs publics. Je regrette que nous ne mettions pas assez en avant les apports du secteur aérien. Il y a des besoins auxquels répond l’aérien et pas d’autres modes transports. »

Plutôt soft jusqu’ici, le président de Corsair finit par ajouter : « Certains acteurs des transports souhaiteraient taxer davantage le transport aérien, mais cela ne contribuera pas à la décarbonation du secteur (ce n’est pas ce qui est visé par les 100 milliards demandés par Jean-Pierre Farandou NDLR). Les émissions de CO2 de Géodis, filiale du groupe SNCF, sont égales à celles du transport intérieur français, les DOM compris. »

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