Londres Heathrow : Etihad récupère les slot d’Alitalia, ITA reste au sol
D’ici quelques jours, ITA, la compagnie qui va remplacer Alitalia, va perdre ses créneaux horaires à l’aéroport de Londres. Une catastrophe pour la nouvelle entreprise.
C’est un cadeau empoisonné qu’a laissé Etihad à la nouvelle ITA avant de partir. Mais il est de taille. ITA ne récupèrera pas les slots que possédait sa grande sœur Alitalia à l’aéroport d’Heatrow à Londres, un des aéroports les plus courtisés au monde.
Ces créneaux horaires d’Alitalia à Londres constituent une question controversée en Italie, qui traîne depuis près de 10 ans. Ils appartenaient à Alitalia, mais la compagnie les a vendus à son actionnaire principal, Etihad, sur fond d’accusations de bradage. Même si la valeur de la vente, 60 millions d’euros, a été décidée par un expert indépendant, selon les médias italiens notamment Il sole 24 ore.
Etihad dans un fauteuil à Londres
Fin août, la compagnie émiratie, dernier actionnaire privé d’Alitalia avant le redressement judiciaire, a repris tous les créneaux horaires. Cinq slots qu’Alitalia louait 10 000 euros par jour à Etihad.
Le 31 août, la demande de renouvellement des créneaux horaires pour la prochaine saison d’hiver a expiré. Depuis le golfe Persique, Etihad n’a cessé de presser Alitalia de présenter une demande. Cependant, aucune réponse n’a été reçue. La compagnie aérienne a décidé, par mesure de précaution, de reprendre les « couloirs » qu’elle louait pour ne pas les perdre.
En effet, avant la pandémie, les créneaux horaires d’Heathrow, comme ceux de nombreux autres aéroports très fréquentés, étaient attribués selon le principe intransigeant du « Use it or Lose it ». Si les slots n’étaient pas utilisées à au moins 50%, ils devaient être rendus à l’aéroport. Etihad devrait en théorie inaugurer des vols entre l’Italie et Londres pour ne pas perdre ces droits. Ce qu’elle n’a sans doute pas l’intention de faire. Car ces lignes sont coûteuses et actuellement déficitaires. Mais Etihad a obtenu un cadeau inattendu de l’Iata, l’association a en effet prolongé l’exemption de l’obligation d’utilisation des slots. Etihad pourra donc conserver les créneaux jusqu’à l’été prochain, sans avoir à se soucier d’y faire voler ses avions.
Un mariage qui a vite capoté
La nouvelle compagnie Ita, qui débutera ses vols à la mi-octobre, devra donc décider de ce qu’elle fera de Londres. Deux options : soit conclure un nouveau contrat avec Etihad pour louer les mêmes créneaux que l’ancienne Alitalia, soit les acheter directement à Heathrow. Avant le Covid, les créneaux de Londres étaient introuvables et très chers. Aujourd’hui, il y a plus de disponibilités, après que de nombreuses entreprises ont (momentanément) abandonné Londres.
Le mariage entre Etihad et Alitalia a été un échec, qui n’a jamais vraiment pris selon la presse italienne, avec des accusations réciproques : les Italiens reprochent à Abu Dhabi d’avoir pillé Alitalia (à commencer par la prétendue vente de créneaux horaires) ; les Émiriens ont été déçus par la gestion italienne.
Heathrow n’est d’ailleurs pas le seul problème londonien pour ITA : le 31 octobre également, les vols de Londres à Milan-Linate risquent d’être annulés. Cette fois, cependant, ce n’est pas la faute d’Etihad, mais du Brexit.
A lire aussi :
- Alitalia cessera de voler le 14 octobre, ITA ne reprendra pas les billets
- Ita, la nouvelle Alitalia, décollera le 15 octobre prochain
- ITA, la nouvelle Alitalia, ne volera finalement pas cet été
- Sauvetage d’Alitalia : la compagnie présente son plan aujourd’hui à l’Europe
- Alitalia : l’Italie pourrait accepter un sauvetage par Lufthansa
- L’Italie veut profiter de la crise pour nationaliser Alitalia
- Sans repreneur, Alitalia s’enfonce lentement dans la crise
- Sauvetage d’Alitalia : nouveau délai et prêt de 400 millions d’euros