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Les salaires des agents de voyages sur le grill

Une profession plutôt jeune et largement féminine, des salaires qui progressent tout doucement…, L’Echo a enquêté et dresse le profil de votre profession en 2004.

Sandrine habite à Vendôme, une petite sous-préfecture de 20 000 habitants. Depuis près de trois ans, elle est responsable d’une agence affiliée à un réseau volontaire. Elle partage son quotidien avec deux collègues, une vendeuse de dix ans son aînée, et une débutante qu’elle forme au métier ! Malgré les contraintes (il faut être toujours disponible, vérifier les comptes, dynamiser son équipe et mettre en place la politique commerciale), Sandrine aime son métier et a une pêche d’enfer ! Et ce n’est pas un hasard si ses responsabilités ont rapidement évolué. Elle gagne 1 392 E brut par mois, alors qu’elle n’a que 28 ans. Ce n’est quand même pas le Pérou lorsqu’on a la responsabilité d’un point de vente !, remarque-t-elle, non sans raison. Car c’est de notoriété publique : dans le tourisme, la paye est plutôt maigre au regard de l’investissement personnel et des diplômes requis.

Etes-vous mieux rémunérés à Paris ou en province ? Comment évolue-t-on dans le métier ? Acceptez-vous de bouger pour gagner plus ? Pour en savoir plus, L’Echo touristique a enquêté auprès d’un panel de vendeurs.

Une écrasante majorité de femmes

Première constatation, la féminisation du métier se poursuit inexorablement. Les femmes représentent 95 % des répondants. Ces tendances se confirment sur le terrain. La gente féminine représente 84 % de l’effectif dans le réseau de distribution de Nouvelles Frontières, 82 % chez Fram Agences, 80 % chez Leclerc Voyages, 75 % chez Go Voyages ! On voit de moins en moins de candidatures masculines, la féminisation du secteur commence dès l’école, constate Bernard Boisson, directeur général de Leclerc Voyages. En revanche, on retrouve plus d’hommes au fur et à mesure que l’on progresse dans la hiérarchie, rap- pelle Sophie Dammanne, directrice des ressources humaines de Fram Agences.

S’il y avait, il y a encore trois ans, beaucoup de CDD dans la profession, ce n’est semble- t-il plus le cas. Selon les résultats de notre enquête, 97 % d’entre vous sont en CDI. Les réductions d’effectifs après le 11 Septembre pourraient expliquer cette tendance, nombre d’entreprises ayant décidé de supprimer les CDD pour alléger leur masse salariale. Par ailleurs, 72 % d’entre vous affirment être passés aux 35 heures.

Sans surprise aussi, la pyramide des âges : 47 % ont moins de 30 ans. A l’inverse, 5 % seulement ont plus de 50 ans. Des proportions qui correspondent aux statistiques des entreprises : l’âge moyen est de 36 ans chez Fram Agences. Chez Go Voyages, la moitié des salariés a de 25 à 34 ans, 32 % moins de 25 ans. Selon l’Association professionnelle de solidarité du tourisme (APS), chaque point de vente compte en moyenne 3,26 salariés : un chef d’agence, un vendeur ayant trois à quatre ans d’expérience (24/25 ans en moyenne) et un débutant.

Une revalorisation de la grille de salaires dérisoire

Ce fléchissement de la courbe des âges entre 35 et 40 ans pourrait s’expliquer par l’arrivée de contraintes familiales, qui suscitent des départs (on se marie et on a des enfants), d’autant plus importants que le salaire n’est pas très motivant. En effet, 58,8 % d’entre vous déclarent une rémunération brute mensuelle inférieure à 1 500 E. Seulement 11,7 % gagneraient de 1 800 à 2 000 E, et 10,2 % plus de 2 000 E. Des salaires qui correspondent à la grille établie par le Snav et qui a été revalorisée au ler janvier 2004, à la suite d’un accord signé avec deux syndicats (CFTC et CGT-FO). L’augmentation demeure toutefois dérisoire : les niveaux II, III et IV ont été relevés de 1 %, et les niveaux V à X de 2 % (voir grille ci-dessous). Cela ne suffit pas à rattraper le Smic, revalorisé chaque année. Depuis le 1er juillet 2004, les quatre premiers niveaux sont à nouveau inférieurs au salaire minimum officiel !

Cette augmentation semble avoir été répercutée par une majorité d’entreprises. Chez NF Distribution, tous les salaires ont été majorés de 50 E en février. Selon notre panel, vous seriez 60,6 % à avoir été augmentés dans les deux dernières années. Pour autant, les augmentations demeurent minimes pour la majorité d’entre vous, autour de quelques dizaines d’euros. 20 % des vendeurs augmentés annoncent toutefois une progression de 100 E mensuels et 2,5 % auraient même touché le jack pot, avec des augmentations de plus de 350 E.

Améliorer sa rémunération ne signifie pas nécessairement évoluer. 40 % d’entre vous déclarent avoir été augmentés sans changer d’agence, d’employeur ou de fonction. Mais les augmentations sont alors généralement faibles.

Dans un grand groupe plutôt que dans une petite agence

Certains agents de voyages de cinquante ans sont toujours au comptoir. Ils aiment ça et sont capables de trouver des tas d’idées pour animer les ventes. Pour autant, ils gagnent bien leur vie car ils sont commissionnés sur des objectifs, nuance Jean-Luc Dufrenne, directeur de Génération Voyages/Afat Voyages.

Tout existe en effet, y compris au sein de la même entreprise. Chez NF Distribution, le salaire d’un vendeur de niveau III fluctuait (hors ancienneté) entre 1 112,88 E et 1 928,97 E en 2003. Pour un niveau V, il oscillait de 1 469 E à 2 447,35 E. Quant à celui d’un chef de comptoir, il variait entre 1 963,29 E et 3 276,08 E au niveau VIII, soit une diffé- rence de 67 %, qui ne serait pas liée à la situation géographique ou à la taille des agences, mais aux incentives individuels. Reste qu’en général, pour gagner plus, mieux vaut travailler dans un grand groupe que dans une petite agence. D’après les réponses à notre questionnaire, vous êtes 52 % à bénéficier d’un 13e mois, 50 % à avoir des Chèque-Restaurant, 44 % une mutuelle. Enfin 25 % d’entre vous touchent une prime. Chez Fram Distribution, les vendeurs ont par exemple depuis un an un intéressement, corrélé aux résultats du point de vente. Chez Go Voyages (voir p. 32), les salariés touchent une prime qui peut atteindre trois mois de salaire ! Chez Nouvelles Frontières Distribution, le commissionnement sur les ventes peut aller jusqu’à 2 000 E par an : les vendeurs sont commissionnés à 0,4 % à partir de 760 000 E de volume d’affaires réalisé dans l’année, 0,6 % jusqu’à 900 000 E et 0,8 % pour plus d’un million. Ainsi, 354 vendeurs ont tou- ché une prime en 2003, en moyenne de 466 E.

L’heure est à la sécurité !

Avez-vous changé d’emploi pour gagner plus ? Vous n’êtes que 27 % à répondre par l’affirmative. Ce sont toutefois ceux qui ont pu (ou voulu) bouger qui ont bénéficié des plus fortes augmentations. Il semble donc que vous ayez moins la bougeotte ! 44 % d’entre vous affichent plus de cinq ans d’ancienneté, 15 % plus de dix ans. Pourtant, changer d’employeur était presque un sport national au début des années 2000. La mise en place des 35 heures, conjuguée à la forte croissance et à l’explosion d’Internet, avait alors créé un appel d’air. Mais depuis, les aléas économiques ont calmé les ardeurs. Autre constatation : la mobilité est d’abord un phénomène urbain. Dans les petites villes, les salariés restent fidèles à leur agence car trouver un poste dans un autre point de vente relève du casse-tête. A moins de quitter sa ville. Résultat, on préfère rester, même sans évoluer. La forte féminisation de la profession contribue encore à renforcer cette faible mobilité, obligations parentales oblige…

Evoluer, c’est vraiment un choix personnel

Cette situation constitue un problème pour les réseaux, qui regrettent que leurs employés ne sautent pas plus sur les opportunités. Les agents de voyages sont assez plan-plan finalement. Ils refusent de bouger, même s’il s’agit d’une évolution intéressante, constate Sophie Dammanne, DRH de Fram Agences. Car, même pour progresser, vous n’irez pas jusqu’à déménager (55,9 % des vendeurs refusent de changer de ville, selon le panel). A moins qu’il ne s’agisse de suivre votre conjoint. C’est rare, mais en même temps normal. Il est très compliqué de changer de région, surtout lorsque le salaire est considéré comme une rémunération de complément, commente Bernard Boisson chez Leclerc Voyages.

Evoluer, c’est vraiment un choix personnel, ajoute Christine Maury, chez NF. Elle cherche en permanence des chefs de comptoir, y compris à Paris, où elle n’arrive pas à recruter des vendeurs volants (pour pallier les absences d’une agence à l’autre), malgré une prime mensuelle de 280 E. NF accorde une série d’avantages à ceux qui partent dans une autre région, par exemple une prime de déménagement. Malgré tout, de moins en moins de vendeurs acceptent de bouger, même lorsqu’il y a une promotion à la clé. Certains chefs de comptoir ont ainsi refusé de devenir directeurs régionaux, même avec l’attrait du salaire, regrette-t-elle.

Malgré la morosité économique, des postes sont donc à pourvoir en permanence un peu partout. Rien n’empêche de vous manifester avec des candidatures spontanées. Paradoxalement, la faible mobilité générale constitue un atout pour les vendeurs les plus dynamiques, qui peuvent progresser rapidement. Alors, à vous de jouer !

Changer d’employeur était un sport national

au début des années 2000. Depuis, les aléas économiques ont calmé les ardeurs.

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