L’édito de Dominique Gobert : SNCF, roule ma poule
Après Air France, qui annonce des bénéfices records, c’est au tour de notre bonne vieille SNCF de pavoiser en présentant, elle aussi un résultat net bénéficiaire de plus de 2 milliards d’euros. Joie ?
Qui l’eut cru (oui cuit) ? Nos entreprises françaises, et non des moindres, font des bénéfices. Air France, SNCF, Total Energies… Tiens, ça faisait longtemps, juste une digression au sujet de cette dernière, plus de 20 milliards de bénéfices et la déclaration de son président, Patrick Pouyanné tenant plus de la communication grand guignolesque, qui entend « plafonner » le prix du carburant à 2 euros le litre.
Quant on sait que cette magnifique entreprise est soutenue très largement par des fonds de pension américains, ces milliards vont participer à payer les retraites… des retraités yankees. Roooh !
Or donc, la SNCF dégage plus de 2 milliards de bénefs. Il est vrai que la reprise du TGV, une vente de billets record durant l’été 2022 et surtout sa filiale Geodis, transporteur routier en camions, ça aide ! Ce qui n’empêche toutefois pas l’entreprise d’être endettée de plus de 24 milliards d’euros. Bien sûr l’Etat, donc le contribuable, participe à « réduire » la dette en absorbant chaque année quelques milliards.
J’avoue, n’étant pas un grand expert (j’en vois qui rient), ne pas trop comprendre la logique d’annoncer des bénéfices quand on doit des sommes pharamineuses. Mais bon. Et tant qu’on y est, je suppose que les grèves quasi traditionnelles de la société de fer ne rentrent pas dans les comptes.
Ce qui me laisse supposer que, au vu de ces résultats, les syndicats vont très certainement monter au créneau afin de réclamer leur part de ces bénéfices.
En fait, ce n’est même pas une supposition, mais bien une certitude. Les syndicats jugent en effet très « insuffisantes » les proposition de la direction en ce qui concerne les salaires de 2023.
Sans oublier non plus la situation sociale particulièrement tendue, les cheminots participant largement à la lutte contre la réforme des retraites.
Nous allons très certainement en voir la couleur le 7 mars prochain, « journée d’action » instaurée par l’ensemble des syndicats français, jour de « blocage » de la France…
Pour les clients en revanche, pas d’espoir : le tarif moyen des billets a globalement augmenté de 5% en janvier 2023. Malgré ces résultats, si l’on en croit Sieur Farandou, PDG de la SNCF, il n’y a pas de réductions tarifaires prévues au programme. Pouyanné – Farandou, même combat !
Reste maintenant à envisager l’avenir. Quid de la crise énergétique, les tarifs incroyables de l’électricité, acteur fondamental de la production ferroviaire.
Farandou, lucide, prévient chez nos confrères de France info : « En 2023, le coût de production du TGV va augmenter de 13% ».
Allez, un petit effort, le bénéfice sera vite bouffé… pardon, absorbé.
Roule, ma poule.
Du point de vue du client, dont je suis, je dirais cher Dominique que la SNCF se fout du monde et qu’il y a même abus de position dominante. Concernant les tarifs, la SNCF, par sa pratique du yield management peut à son gré organiser la pénurie de sièges, en limitant les rames, et ainsi faire monter les prix. Il n’y a aucune transparence. Elle vient de porter à 19 euros la pénalité d’échange ou d’annulation à moins de 7 jours. Au début, c’était 3 jours et 5 euros!! La SNCF encaisse donc 1-une pénalité, 2-le tarif du nouveau billet, forcément plus cher, 3-revend le billet que vous avez annulé à moins de 7 jours plus cher également à un nouvel usager. Résultat: elle se paie trois fois. Michel Blanchard.