L’édito de Dominique Gobert : Proxima, le rêve de Rachel Picard
Depuis que nous avons un ministre du train, pour ne pas dire de la SNCF, ce mode de transport prend de plus en plus de place dans le paysage touristique français. Les compagnies européennes s’installent sur nos rails et Rachel Picard aimerait aussi s’établir face à la SNCF.
Elle s’est battue durant des années, notre bonne vieille SNCF, afin de conserver non seulement son monopole, mais également son pouvoir absolu sur le transport en commun (ce qui n’est pas commun) du pays. L’Europe, qui n’a pas que des défauts, heureusement, semble avoir réussi à instaurer enfin la concurrence sur le transport ferroviaire.
Pas facile et rien n’est encore gagné. L’Italie, grâce à Trenitalia, aura été la première à se glisser sur les rails du marché français, non sans difficultés.
Renfe, espagnole, arrive à grand renfort de caténaires, lesquels, espérons-le, tiendront le choc face à cette déferlante. Sans vouloir apparaître comme un esprit cynique et dubitatif, il faut espérer que le réseau ferré de France aura à cœur d’apporter un véritable service et un entretien sans faille.
Tout ceci est bel et bien. Car cette concurrence, pour l’instant très timide et limitée à quelques routes « grande vitesse », va en principe contribuer à un retour de tarifs « équilibrés », contrairement à ceux pratiqués par la SNCF actuellement. Mais il est vrai que notre bonne société des chemins de fer argue que, grâce à ses tarifs surdimensionnés, elle lutte aussi contre le surtourisme.
J’avoue cependant avoir été légèrement surpris (pas trop, on n’est jamais à l’abri d’une surprise) en découvrant le « retour » de Rachel Picard, bien connue du monde du tourisme et du secteur ferroviaire.
La dame au si joli sourire entend lancer sa propre compagnie ferroviaire. Il est vrai qu’elle a des références dans ce domaine, après avoir occupé pendant quelques années la direction générale de Voyages SNCF. Elle y était d’ailleurs très douée, beaucoup plus que durant sa présidence de Thomas Cook France. Son caractère entier et sa vision de l’entreprise, à l’époque, n’avaient pas tellement plu aux dirigeants du groupe Thomas Cook. Dommage d’ailleurs, si elle était restée, la catastrophe aurait peut-être été évitée.
Proxima, c’est le nom du rêve de Rachel Picard, lequel n’a rien de surgelé, bien au contraire.
Comme elle le dit, non seulement les trains de la SNCF sont bondés et il reste encore bien des clients à trouver. Notamment ceux qui, faute de trains, utilisent encore leur automobile pour se déplacer.
Pas faux.
Pas facile non plus. Une compagnie ferroviaire, c’est pas simple et il en faut des paquets de sous. Même en gagnant le Jackpot de l’Euromillions, on est loin du compte. Sans compter toutes les embûches auxquelles il sera nécessaire d’échapper.
En revanche, cette « initiative » ne pourra être que bénéfique aux clients, lesquels ont toutefois un peu de mal à choisir et surtout à s’habituer à la fin d’un monopole.
Dernière question : que va dire Bruxelles alors qu’Elisabeth Borne a promis de lever 100 milliards d’euros au bénéfice du train ? Chacun aura-il sa part ?
Donc, on n’est pas encore sortis de l’auberge et Rachel a un peu de temps devant elle pour lever les fonds nécessaires à la naissance de Proxima.