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L’édito de Dominique Gobert : faut-il aller dans les pays qui méprisent les humains ?

Le 10 décembre, on célébrait la Journée mondiale des droits de l’homme, des droits humains plus exactement. C’est bien, mais est-ce vraiment une réalité ? Et, pour le secteur, une question majeure…

Faut-il, en tant que touriste, se rendre dans les pays qui, non seulement ne respectent pas les droits fondamentaux de tout être humain, mais en plus les méprisent et les répriment physiquement ? J’ai posé la question de nombreuses fois, à tous les professionnels que je connais. Et j’avoue ne pas avoir la réponse, parce que souvent, entre économie, morale, politique et obligation de gagner sa vie, le fossé est tellement large…

Dominique Gobert, éditorialiste (DR:JP Leclerq)

Il y a quelques années, alors que j’écrivais quelques balivernes dans une case concurrente, j’avais exprimé mon total désaccord envers le régime des Maldives, ce pays, disent les bien-pensants, qui est un « paradis sur terre ». J’écrivais, et je me cite « un régime totalitaire, qui méprise toute référence aux droits de l’homme et à la liberté, qui instaure la peine de mort, y compris pour les enfants à partir de sept ans… Et pour qui le tourisme représente plus de 80% de son PIB, ne mérite pas que l’on y aille se faire dorer la pilule ».

Que n’avais-je pas écrit là ! J’ai pris une volée de bois vert. Seul, Jacques Maillot, fondateur de Nouvelles Frontières, était monté au créneau, conseillant aux touristes de ne pas se rendre dans ce pays et surtout, appelant les tour-opérateurs, je cite, à « mobiliser l’ensemble des touristes pour que chaque touriste devienne un véritable ambassadeur de la défense des droits de l’homme, de la démocratie, de la liberté ». Magnin, Rial et quelques autres avaient approuvé. Les choses ont suivi leur cours. Les Maldives n’ont jamais autant accueilli de touristes… et la vie continue.

C’est un exemple, mais il y en existe des centaines sur la planète. Combien de fois suis-je allé en Afrique, dans des pays aux régimes les plus improbables les uns que les autres ? En Russie, un pays sympa sous un régime de fer où Poutine se fout des droits de l’homme à un point rare.

Je suis allé en Iran, il y a cinq ans, l’époque où les barbapoux faisaient semblant de pratiquer une ouverture… totalement fallacieuse. J’avais l’impression, comme souvent, d’y apporter un peu de paix, d’humanité et d’échanges entre êtres humains, libres et égaux.

Combien d’autres destinations ? Le Qatar, ce petit pays qui est en train de racheter, à coup de dollars, le monde, chez qui les droits de l’homme ne sont qu’une aimable plaisanterie, attire non seulement les touristes mais également les instances internationales. D’ailleurs, le prochain congrès Selectour se tiendra à Doha l’année prochaine.

Alors, et je suis triste d’écrire ça, faut-il « tourister » dans tous ces pays où règne un tel mépris de l’humanité ?

J’aimerais tellement répondre « oui, parce que ça peut aider les populations à trouver une vie meilleure ». Mais j’avoue ma totale incompétence.

6 commentaires
  1. Anonyme dit

    Le grain est semé et prospère. Au moins il y a une réflexion. Merci Dominique. Il y a longtemps (années 2000) j’avais proposé à René-Marc Chikli et Jean-François Rial de réagir par des communiqués à la condamnation de Florence Cassez à 96 ans de prison au Mexique. Cela ne s’est pas fait en raison de l’intervention du Président Sarkozy dans le dossier, mais ils s’étaient montrés ouverts, et à l’époque, c’était courageux et tout à fait avant-gardiste! Je leur en suis encore reconnaissant. Michel Blanchard.

  2. je pense donc je suis dit

    bonjour

    Donc à vous lire , une question se pose :  » les touristes étrangers doivent ils visiter la France,ce pays ou les gilets jaunes ont été éborgnés ? doivent-ils visiter ce pays ou si votre avis diffère de la doxa officielle , vous êtes vilipendé ? »……Cher Dominique, c’est stupide de se poser ces questions, car, dans ce cas, vous allez nul part. Et puis , vous avez une opinion de vous-même qui ne laisse pas de places à l’humilité. En effet, je lis « Je suis allé en Iran, il y a cinq ans, l’époque où les barbapoux faisaient semblant de pratiquer une ouverture… totalement fallacieuse. J’avais l’impression, comme souvent, d’y apporter un peu de paix, d’humanité et d’échanges entre êtres humains, libres et égaux. » . Je vais etre franc avec vous : les pays dit  » non-democratiques » sont souvent les plus fascinants (Laos, Birmanie, Iran, Corée du Nord), mais il ne s’y trouve peut etre pas vos plaisirs occidentaux

  3. Jean Charles C dit

    Bel article. On parle ici de destinations mais il faut aussi citer les compagnies aériennes. J’en connais plusieurs dont l’actionnaire majoritaire est l’état d’origine mais qui méritent d’être boycottée au vu de ce qui s’est passé dans ces pays ces dernières années (Éthiopie, île Maurice, etc…)

  4. Altus Allister dit

    « J’ai un rêve, (j’aime bien quand, ça démarre en trombe !) Imaginez un monde où l’on pourrait parler sans retenue (et avec une petite pointe de méchanceté) du réseau Selectour, surnommé affectueusement les épiciers du tourisme, sans risquer une censure quasi-automatique et être catalogué comme indésirable au sens propre comme au figuré. Sauf bien sûr, si vous chantez les louanges de ce réseau et de leurs lumineux dirigeants. Mais au nom de la liberté d’expression, je m’exprime ! (déjà entendu mais je la garde !)
    Il est vrai que Selectour n’est pas vraiment pointilleux sur le respect des droits de l’homme lorsqu’il s’agit de choisir des destinations pour leurs congrès. En 2022, la Jordanie occupe la 68e place, le Qatar la 70e sur 177 selon Human Rights. Et devinez quoi ? La Corée du Nord deviendra envisageable pour 2025. Quand le président de ce réseau déclare et que vous citez dans votre édito du 1er décembre : « N’oubliez jamais, martèle Laurent, que l’objectif, c’est l’argent », je suppose que pour lui, la dignité humaine se mesure à la productivité ou à la capacité de travail d’une personne. Alors là, je comprends mieux le choix des destinations pour les congrès. Mon rêve ? Un réseau Selectour qui choisisse ses destinations de congrès avec autant de soin que vous apportez à la rédaction de vos éditos, mais bon, on peut toujours rêver, non ? »
    Cher Mr Gobert, quand vous écrivez avec une naïveté touchante dans votre édito du 21 novembre : « Chez nos professionnels (et pardon Adriana), on en a ! Et ça fait du bien » eh bien non, en tant que professionnel du tourisme, ça me fait flipper !
    Peu m’importe que vous diffusiez ou non ce message, de toute façon, mon humble avis n’arrivera jamais jusqu’à Selectour et leurs dirigeants « lumineux ». Mais bon, au moins ça m’a donné ma dose de satisfaction personnelle comme un bon petit café le matin (même si c’est un café décaféiné, on ne va pas se mentir).
    Altus

    1. Dominique Gobert dit

      Désolé, cher Altus, je ne pensais pas particulièrement au réseau Selectour. A Jérusalem, il y a trois ans, c’était aussi un beau challenge.

  5. Avalos Sylvia dit

    Bonjour Dominique, ça fait du bien de te lire ! pour ma part depuis 10 ans je ne propose pas les Maldives … Il y a tellement d’autres endroits au monde  » paradisiaques » .. et pour bien d’autres destinations je suis en porte -à -faux avec ma conscience et j’essaye d’assumer chaque jour ces contradictions .

    Sylvia
    Fondatrice Anapia voyages

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