L’édito de Dominique Gobert : Volotea, pas bienvenue en Corsica

La prochaine attribution de Délégation de service public (DSP), concernant la desserte de la Corse, sera attribuée pour la période 2024-2027. Et bien évidemment, elle suscite bien des convoitises. Pour le moment, c’est Air Corsica (soutenue par Air France) qui dispose de cette DSP avec les avantages, mais aussi les contraintes que cela exige, particulièrement sur les routes principales, entre Orly et Marseille vers Bastia et Ajaccio.

Surprise, survenue en juillet dernier : la low cost espagnole, Volotea, qui assure depuis quelques années des liaisons aériennes vers l’île, a officiellement déposé une candidature sur les liaisons citées plus haut.

Avec une demande de compensation financière, selon nos confrères de Corse Matin, de 50 millions d’euros. De quoi séduire le comité d’attribution, alors qu’Air Corsica exige, elle, 96 millions d’euros.

Inutile de dire que U Corsu est très colère et ne veut absolument pas de cette compagnie non seulement étrangère, mais de surcroît espagnole et à la réputation peu flatteuse en termes de service, dit le Syndicat des travailleurs corses (STC), appuyé par les syndicats de pilotes d’Air Corsica.

Juste pour expliquer, une délégation de service public comporte pour la compagnie bénéficiaire un cahier des charges drastique, dont l’obligation d’offrir un tarif « fixe » pour les résidents corses. En compensation, la compagnie reçoit de la part de la région une compensation financière, demandée par la compagnie lors de la candidature. En l’occurrence, 50 millions d’euros pour Volotea contre 96 millions pour Air Corsica. Du simple au double, en quelque sorte…

Et ce n’est justement pas simple, loin de là. Du côté corse, la mobilisation est en place. « Volotea est tout le temps en retard, annule parfois ses vols, laisse les passagers en plan… Le transport de voyageurs qui ont des rendez-vous médicaux à Marseille ou celui d’enfants voyageant seuls ne souffre pas ce type d’anomalie. La Corse n’a sûrement pas envie d’un service low cost », s’insurge François Cipriani, représentant du STC. Et Romain Subrini, représentant du syndicat des pilotes, d’ajouter : « De toute façon, on ne laissera pas faire ».

Certes, c’est bien joli d’affirmer ainsi. Certes, Air Corsica est l’émanation de l’Etat corse, actionnaire principal et quelque part « partie prenante » dans la Commission d’attribution. De plus, si Air Corsica ne dispose plus de cette DSP, son avenir semble plutôt compromis… de même que l’avenir de ses quelque 700 salariés.

En toute objectivité, ce qui est le propre d’un éditorialiste de talent (!!!), il n’est pas surprenant que Volotea présente une telle offre. N’est-elle pas une de ces compagnies à bas coûts, dans la mesure où les règles du travail sont loin d’être sa tasse de thé ? Avec un service au passager qui n’est pas non plus sa priorité ?

N’oublions pas non plus que la consonance politique dans ce dossier est loin d’être négligeable, malgré la possible « intervention » de Bruxelles dans ce genre d’affaires.

Et je fais confiance à Luc Béréni, président d’Air Corsica, pour mener à bien cette opération, quitte à accepter quelques concessions.

U Corsu est toujours fraîchu !

*Pinzu, en Corse, signifie « le porteur de béret », référence drolatique aux français du continent. Par extension, tout ce qui est étranger à la Corse. Traduction gratuite de Dom Gobert !