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L’édito de Dominique Gobert : il s’appelait Jean-Robert Reznik…

On dit qu’un grand voyage commence toujours par un petit pas. Jean-Robert Reznik, lui, a fait son dernier pas vers le grand voyage éternel. Les plus jeunes d’entre vous ne le connaissait pas, mais c’était une personnalité hors du commun dans notre petit monde.

Nous nous sommes connus il y a bien longtemps, une époque où j’étais jeune journaliste et lui déjà un personnage « majeur » sur le marché du tourisme français.

Il m’avait accordé un entretien, chez lui, dans un somptueux hôtel particulier du côté de la Porte de Saint-Cloud à Paris. Pourquoi le courant était-il passé entre nous ? Je n’en ai aucune idée. Pourtant, sous ses airs de « grand seigneur », c’était (j’ai du mal à en parler au passé) un homme profondément humain, au cœur gros comme un soleil brillant en plein désert. Il m’a offert son amitié et depuis bientôt 40 ans, il n’y a jamais dérogé.

Dominique Gobert, éditorialiste (DR:JP Leclerq)

Combien de fois m’a-t-il mis « sur la piste » d’informations ? Combien de fois m’a-t-il permis d’avoir accès à son carnet d’adresses, aussi fourni qu’un dictionnaire ? Oh, bien sûr, comme beaucoup de grands personnages de cette profession, il m’a enfumé, comme le dit souvent Président Mas, lui aussi adepte de ce sport amusant. Mais qu’importe, c’était le jeu.

Club Med, Jet tours, Air France, Accor (c’est pas dans l’ordre), JRR en a été un des acteurs de premier plan. Son CV est étonnant. Sa vie est un roman, parfois tragique, parfois lumineux, parfois sulfureux. Le tourisme, sa raison d’exister.

L’Asie a été pendant des années sa destination de prédilection. Accor, et bien entendu Club Med, lui doivent en partie leur expansion pour le moins grandiose.

Il sera resté près de 21 ans au Club Med, lui qui avait une grande idée descClubs de vacances. Une histoire d’amour un peu compliquée avec Gilbert Trigano auquel il aurait bien vu lui succéder. Seulement, voilà, il y avait le fils… « Tu comprends », aurait dit Gilbert à Jean-Robert, « j’aurais aimé que tu prennes la tête de l’entreprise. Mais tu ne t’appelles pas Trigano » !

Entretemps, JRR avait eu d’autres idées, comme le développement du tourisme en Tunisie. Au Maroc également, où il avait fini par s’installer, à Marrakech. C’est là d’ailleurs que, toujours amical, il avait tenu à me présenter lors d’un forum Dominique Strauss-Kahn. Cette brève rencontre constitue un souvenir marquant. JRR me présente, DSK, l’œil bovin et le regard atone, me tend une main poisseuse et pâteuse, me regarde comme si j’étais un étron tout frais sorti du derrière d’un chameau (ou dromadaire). Et émet un vague borborygme genre « groupmfiii » et tourne le dos.

JRR m’a fait un clin d’œil ! C’était tout lui.

Nous nous sommes revus il y a quelques mois, au cours de l’un des déjeuners traditionnels d’APG à Paris. Sous son chapeau bizarre couvrant ses maigres cheveux longs, le regard toujours aussi facétieux derrière ses petites lunettes rondes, il est venu vers moi, m’a serré l’épaule et simplement dit « c’est bien ce que tu fais » !

Dans ma grisaille de l’hiver, j’ai vu sa petite silhouette s’éloigner tranquillement le long de l’avenue de La Tour-Maubourg.

Je ne savais pas qu’il entamait son dernier voyage.

Il repose depuis la semaine dernière auprès de sa maman, à Marrakech…

PS : Très belle biographie ici

5 commentaires
  1. François Filloux dit

    Plutôt un éloge funèbre qu’une épitaphe 🤔

  2. Obadia dit

    Merci Dominique, cette épitaphe sonne vraiment juste, n’en déplaise à certains 👏👏

  3. Francis Marechal dit

    Magnifique témoignage en pj..!
    Merci de l’avoir transmis .

  4. François Filloux dit

    Ce que j’aime chez les thuriféraires c’est leur façon de se mettre bien avant sur la photo à côté du défunt. Ce n’est pas de vous qu’il s’agit Dominique Gobert , parlez de l’homme qu’il a été et non de ce que vous avez été pendant les rares moments de votre existence. Que la vanité sorte de votre corps un instant .
    Je sais que je ne serai pas publié mais au moins en interne pourrez vous lire mon commentaire.

    1. Dominique Gobert dit

      Il n’est pas dans mes habitudes d’appliquer la censure, cher François.

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