L’édito de Dominique Gobert : quand les vaches rotent, les avions ne volent plus
J’aime la propension qu’ont la plupart des personnalités publiques à se féliciter de tout. Prenons par exemple le cas de mon ministre favori, Clément Beaune, le ministre délégué chargé des Transports.
Cet homme de bien vient de se féliciter. Pourquoi ? Ben, je vais vous le dire : il vient de réaliser, une première « mondiale » (sic), un énorme pas dans le cadre de la décarbonisation du transport. Croyez moi, c’est du lourd : le décret interdisant en France les liaisons aériennes entre deux villes distantes de moins de 2h30 lorsque le train permet cette même liaison. Ce qui concerne en réalité trois points : Paris Orly Nantes, Bordeaux et Lyon.
Le ministre a de quoi se féliciter… pour un décret qui ne signifie strictement rien. Vers Nantes, il y a belle lurette que le train a remplacé l’aéroplane. Pour Bordeaux, il suffit de prendre un vol au départ de Roissy CDG et le tour est joué.
Par ailleurs, quid des liaisons entre, par exemple, Lyon et Marseille, soit un vol de 55 minutes ? Ben rien, et pourtant, il y a pléthore de trains directs !
Pas grave, ministre Beaune se félicite et je cite : « Je me félicite de la publication du décret rendant effective l’interdiction des lignes aériennes intérieures quand il y a une alternative de moins de 2h30 en train. Il s’agit là d’une étape essentielle et d’un symbole fort dans la politique de réductions des émissions des gaz à effet de serre. Cette mesure est une première mondiale qui s’inscrit pleinement dans la politique du gouvernement d’encourager le recours à des modes de transport moins émetteurs de gaz à effet de serre ».
Félicitations !
D’ailleurs, on sent une réelle envie de la part de nos voisins européens de procéder aux mêmes mesures… Mais notre pays a toujours été un leader, c’est bien connu. De plus, si je ne m’abuse, le décret n’a qu’une durée d’effet (de serre !) de trois ans. Après, on fait quoi ?
Et, étant d’humeur taquine ce matin, toujours sur le sujet de réduction des gaz, voilà également une excellente suggestion venue de la Cour des Comptes le 22 mai dernier : la France devrait diminuer son cheptel de vaches. Celui-ci est trop élevé pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre.
Oui, authentique et j’avoue d’ailleurs m’avoir trompu : ce ne sont pas les pets des bovins qui polluent. Non, ces aimables animaux font des rototos (authentique) qui contribuent « à 45% des émissions agricoles françaises ».
Et donc, selon la Cour des Comptes, Le respect des engagements de la France en matière de réduction des émissions de méthane (…) appelle nécessairement une réduction importante du cheptel. Conclusion, d’après les comptables de la Cour, les consommateurs ne devraient pas manger plus de 500 grammes de viande par semaine » !
Que l’on se rassure cependant : des esprits très inventifs sont en train d’élaborer (c’est aussi authentique) un masque à vaches, destiné à filtrer les rototos de ces charmantes bestioles.
Comme le chantait Brassens, « une jolie fleur dans une peau de vache, une jolie vache déguisée en fleur ».
