Le PDG de Qatar Airways douche les espoirs de neutralité de l’aérien
La production de carburant durable est insuffisante et l’utilisation de l’hydrogène fait face à des obstacles selon le PDG de Qatar Airways.
Le PDG de Qatar Airways, Akbar al-Baker, a douché mardi les espoirs de voir l’industrie de l’aviation atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, en se disant « très sceptique » sur cet objectif. La production de carburant durable est insuffisante et l’utilisation de l’hydrogène est confrontée à des obstacles importants, a déclaré le patron de la compagnie du Golfe, lors d’un Forum économique au Qatar.
Pointées du doigt par les défenseurs de l’environnement, les quelque 300 compagnies revendiquant 83% du trafic aérien mondial et réunies au sein de l’Association internationale du transport aérien (Iata) se sont engagées en 2021 à réduire à zéro les émissions de carbone issues de leurs activités d’ici à 2050. « Je ne pense pas que nous soyons en mesure d’atteindre cet objectif », a déclaré Akbar Al-Baker. « Tout le monde en parle, mais soyons réalistes », a-t-il ajouté.
Le président d’Emirates sceptique aussi
Il y a quelques semaines, Tim Clark, le président d’Emirates, autre géant du Golfe, avait lui aussi mis en doute la capacité des transporteurs aériens à augmenter significativement leur recours aux carburants durables, fabriqués à partir de biomasse, d’huiles recyclées ou d’hydrogène vert.
« Vous ne ferez pas voler un A380 vers Los Angeles, avec 500 passagers à bord brûlant 200 tonnes de carburant, avec autre chose que du carburant fossile pour le moment », avait-il dit aux journalistes à Dubaï. Pour Akbar al-Baker, « la production de carburant durable est insuffisante et les projets d’hydrogène n’en sont qu’à leurs balbutiements ».
« La technologie de l’hydrogène n’arrivera à maturité que dans la seconde moitié du siècle, c’est-à-dire après 2050, ce qui signifie que nous n’atteindrons pas ce qui a été promis ». « Je suis très sceptique quant à cet objectif », a-t-il affirmé.
Plus de 2% des émissions mondiales
Sa concurrente Emirates a annoncé en avril la création d’un fonds de 200 millions de dollars pour financer la recherche et le développement de carburants alternatifs et d’autres « technologies » visant à réduire les émissions de CO2. Mais pour le PDG de Boeing, Dave Calhoun, les carburants durables sont « la seule chose qui puisse faire bouger l’aiguille » d’ici 2050.
Les nouveaux avions sont « généralement 20 à 30% plus performants en termes d’émissions », mais « la seule chose qui permette d’atteindre le niveau zéro est le carburant d’aviation durable », a-t-il affirmé lors du forum à Doha. Selon l’Agence internationale de l’énergie, le secteur de l’aviation a produit plus de 2% des émissions mondiales de CO2 en 2021.
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