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L’édito de Dominique Gobert : payer pour polluer ? Drôle d’idée…

Grande surprise en découvrant dans mon propre journal cette enquête absolument ahurissante concernant le calcul des empreintes carbones pour les voyageurs transportés en aéronefs. Non seulement c’est édifiant, mais aussi inquiétant !

J’avoue en être, en quelque sorte, tombé des nues, ce qui ne manque pas de classe pour un voyageur aérien. Car, ce que révèle cette brillante étude menée par ma cheftaine adorée, selon que l’on utilise tel ou tel calculateur, le volume de vos émissions Co² (en empruntant un aéroplane) peut varier du simple au double, sans pour autant affoler qui que ce soit.

Tiens, faut que je demande à mon camarade Rial ce qu’il en pense, lui qui plante des arbres à chaque déplacement de ses clients…

Car je ne savais pas que de grosses têtes, extrêmement pensantes avaient conçu des « calculateurs de Co². Enfer et damnation, comme on dit dans les vieux Tintin.

Si j’ai bien tout compris, il existe plusieurs sortes de calculateurs : ceux qui voient le verre à moitié pleins et ceux qui voient le verre à moitié vide.

Les résultats sont particulièrement étonnants. Ainsi, le calculateur de l’Ademe, auquel font référence de nombreux voyagistes, ainsi que cette bonne Association ATR (Association pour un tourisme responsable) annonce des chiffres absolument record lors des tests effectués en début de semaine.

Dominique Gobert, éditorialiste

Tandis que le calculateur de la DGAC, cette bonne vieille Direction générale de l’aviation civile, donne par défaut pour un trajet équivalent moitié moins que l’Ademe de quantité d’émissions.

Pourquoi ? Une histoire de trainées dans le ciel dont je n’ai pas tout compris, mais qui se nomme aussi « forçage radiatif additionnel ». Tout un programme.

Air France, qui a au moins le mérite d’avoir développé son propre calculateur, reste grosso-modo dans les normes de la DGAC. Ce qui n’est pas trop étonnant, Air France étant le petit protégé de la noble institution.

En restent deux autres, dans cette enquête, celui de l’OACI et celui de Good Planet, avec des chiffres qui portent davantage à sourire qu’à prendre vraiment au sérieux.

Tout ceci pourrait paraître amusant si… ces taux d’émissions, variés et rigolos ne faisaient pas l’objet de marchés très sérieux sur l’achat et la vente de quotas d’émission de Co².

Il existe en effet un marché sérieux et apparemment très lucratif consistant à vendre « entre amis » des droits d’émission. Ainsi, durant la crise pandémique, le marché des émissions carbone de l’aérien s’est un peu refroidi, ce qui est assez normal tant les avions n’ont pas trop volé. En revanche, avec la reprise, le marché risque de prendre des couleurs, notamment par le Système d’échange de Quotas Aérien en Europe (SEQE EU), lequel n’est pas encore tout à fait opérationnel mais devrait l’être fin 2023.

En revanche, il me paraît tout à fait nécessaire d’harmoniser les violons en termes de calculateurs, car ces quotas d’émission seront (sont déjà) payants. A environ 50€ euros la tonne de Co² émis, il vaudra mieux faire appel au calculateur de l’OACI plutôt que celui de l’ADEME ou de Good Planet.

Et, quand je vois la fumée des gaz d’échappement des chars soviét… pardon, russes, ça doit être au moins du Crit’air 6. Poutine à intérêt à se dépêcher parce que ses chars ne pourront plus circuler à Paris à partir de l’année prochaine, à moins d’acheter des quotas de pollution. Ce qui ne sera pas tout à fait évident (et merci à mon camarade Nicolas pour cette judicieuse remarque).

Mais payer pour polluer, est-ce bien raisonnable ?

PRECISION IMPORTANTE (publiée le 28 février) : Suite à nos échanges avec son ingénieur expert, service Transports et mobilité (et à la publication de cet article), l’Agence de la transition écologique (Ademe) nous a informés qu’elle avait modifié l’affichage des résultats par défaut, lesquels sont donc désormais alignés sur ceux de la DGAC. « La calculette Ademe a été améliorée afin de présenter par défaut les résultats des calculs pour les vols dans la version ‘sans prise en compte des trainées’, tout en laissant la possibilité de les faire apparaître en cochant la case après avoir cliqué sur le ‘?’ », nous a écrit l’Ademe. Pourtant, dans son rapport sur le bilan des émissions de gaz à effet de serre du secteur du tourisme en France, publié en 2021, l’Ademe prend bel et bien en compte les traînées.

2 commentaires
  1. LAMIC dit

    Bonjour, Monsieur Gobert a oublié de demander à Monsieur Rial, combien d’arbres il fallait planter quand c’est l’ADEME qui a raison ? Afin de pouvoir s’exonérer totalement (voyages 100% décarbonés) des émissions réalisées lors des voyages des clients des voyagistes, notamment ceux qui sont membres d’ATR ?
    Nous prônons depuis longtemps la limitation des émissions mais constatons que certaines de ces agences, voire la plupart, continuent de commercialiser des séjours de 8 jours (6 jours sur place) sur de nombreuses destinations.
    Quant aux plantations d’arbres, tous les scientifiques sérieux vous diront qu’elles ne constituent pas la panacée en termes de compensation carbone et qu’il vaudrait beaucoup mieux empêcher la déforestation…
    Comment ? Là est toute la question.
    Pour l’heure, on a bien compris qu’il s’agissait de communication destinée à ne rien changer aux programmes qui se vendent bien, faire en sorte que le voyageur soit déculpabilisé, et puisse s’octroyer un droit à polluer en conservant sa bonne conscience.
    Jean-Pierre Lamic, Président de l’Association des Voyageurs et Voyagistes Eco-Responsables – auteur.

  2. Jean Francois Rial dit

    Salut mon Dominique, voici mon avis qui est tres simple. Ce sujet est connu depuis longtemps. On va le simplifier en explications. Soit tu ne calcules que le co2 emis et là c’est la DGAC qui a raison. Soit tu calcules tous les gaz à effet de serre emis( et évidemment c’est ce qu’il faut faire car ce sont bien eux qui comptent pour le rechauffement), et là c’est le double et l’Adaeme qui a raison. C’est simple en fait!JF Rial

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