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L’édito de Dominique Gobert : bonjour tristesse

Encore une semaine que l’on voudra sûrement oublier très vite dès que toute cette folie aura, enfin, pris fin ! Conférence hebdomadaire de Jean-Baptiste Lemoyne, première chute d’un voyagiste, et encore et toujours Begougne de Juniac, patron de Iata, qui persiste… et signe !

C’est devenu une habitude, comme quoi la vie continue, le mardi, c’est pas ravioli, c’est le point hebdomadaire organisé par Jean-Baptiste Lemoyne, notre secrétaire d’Etat en charge du Tourisme. Note positive, il ne reste « plus » qu’une petite dizaine de milliers de français à rapatrier et ce n’est pas facile.

L’édito de Dominique Gobert : désolé, c’est encore moi !
Dominique Gobert, éditorialiste

Et comme au ministère on se veut positif, on réfléchit déjà au « rebond », le jour d’après comme on dit dans les bons films catastrophe. Car il va bien falloir y songer, alors que toute l’économie mondiale est quasi exsangue. La nature aura fait son ménage, il va maintenant falloir réaménager… intelligemment ! Mais, comme me le confiait un grand professionnel du tourisme, faut pas se leurrer, rien ne reprendra avant janvier… 2021 !

Et puis, que dire de l’arrogance manifestée par Iata et son inénarrable directeur général. Alors que voyagistes et distributeurs, à l’instar des compagnies aériennes, sont totalement à l’arrêt, l’association exige le paiement de tous les billets émis mais pas volés, dans la mesure où toutes les compagnies sont clouées au sol. Begougne de Juniac aura mis une quinzaine de jours à répondre aux professionnels français, après que ces derniers, par la voix de leur syndicat, aient demandé à cette association un « aménagement » du BSP. Demande totalement légitime, vis-à-vis du droit européen, lequel régit encore le transport aérien et qui oblige les compagnies à rembourser les clients en cas de vols non accomplis. Ce qu’ont fait certains transporteurs, Ryanair notamment, pourtant peu enclinte (laissez, je préfère à encline) à lâcher trois ronds, ou encore Qatar Airways, par exemple…

La réponse d’Alexandre de Juniac est affligeante : en clair et pour faire court, « pas question. On vous offre des ‘avoirs’, c’est déjà bien et circulez, y’a rien à voir ». Avec, cerise sur le clafoutis, cette superbe remarque : « prouvez-nous que vos clients veuillent être remboursés et ne veulent pas d’un avoir » !

Grotesque, et pour tout dire méprisant à un point inqualifiable, même si dans sa missive, Juniac exprime et je cite « que Iata réitère son entier soutien à l’ensemble des acteurs du secteur du transport aérien, dont les agents de voyage, dans le contexte économique et sanitaire sans précédent que nous traversons en raison de l’épidémie de Covid-19 qui touche durement les passagers et toute la filière de l’industrie dans le monde entier ». Et de poursuivre : « s’agissant plus directement de votre demande liée aux remboursements des billets d’avions annulés, nous attirons votre attention sur le fait qu’il appartient aux compagnies aériennes de déterminer lorsqu’un tel remboursement est légitime, sachant qu’il existe une grande variété de situations auxquelles ces compagnies font face dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, selon que l’annulation résulte d’un choix du passager ou est imposée par la compagnie aérienne :  • dans le premier cas (annulation par le passager lui-même), il convient de vérifier les conditions tarifaires attachées au billet d’avion annulé (remboursable ou modifiable) pour déterminer si le passager est légitime à formuler une demande de remboursement; • dans le second cas (annulation du vol par la compagnie aérienne), la compagnie aérienne a le droit de proposer (i) le remboursement du billet, (ii) le réacheminement vers la destination finale, (iii) un report du vol ou (iv) l’émission d’un bon de voyage… ».

Il y en a 7 pages…

Bien évidemment, Begougne de Juniac ne tient absolument pas compte des « voyageurs d’affaires », lesquels n’ont aucun besoin d’un « avoir » pour un rendez-vous à l’autre bout du monde annulé depuis belle lurette ! Il est quand même incroyable, pour ne pas dire scandaleux que Iata ose facturer des billets émis, pour des vols à venir… et qui n’auront jamais lieu !

Hélas, pour avoir posé la question à Jean-Baptiste Lemoyne, ce dernier est bien embarrassé. Pour le moment, il n’a aucune marge de manœuvre. Quant à Bruxelles, pour le moment ce serait plutôt du « Courage, fuyons ».

J’aurais préféré terminer sur une note joyeuse… Roger Pinson, que tous les « vieux » professionnels du tourisme connaissaient bien, est mort, dans la nuit de jeudi à vendredi, emporté par le Covid-19. Nous nous connaissions, un peu, Roger et moi. Je l’ai vu pour la dernière fois l’année dernière, autour d’une tablée de dinosaures qui aimaient et aiment toujours encore rigoler, profiter des plaisirs de la vie. Comme à son habitude, Roger, qui était devenu sourd comme un pot, ce qui l’empêchait d’entendre souvent toues les bêtises émises par le monde, avait ses yeux pétillants, sa petite moustache vibrionnant et sa bonne humeur incommensurable. Roger, les plus jeunes ne le savent sûrement pas, est à l’origine, après avoir œuvré au sein d’Air France, de la naissance de Jet tours et ses dérivés, Eldorador, Jumbo, etc… Roger Pinson, qui était loin de ressembler à ce bel oiseau, c’était un vrai mec, solide en amitié, drôle et… gentil !

Salut, Roger !

Bonjour, tristesse, comme l’écrivait si bien Françoise Sagan.

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