L’Egypte au plus bas cet automne
Locomotive de l’hiver dernier, l’Egypte ne fait plus recette depuis l’attentat de Sharm el-Sheikh en juillet. Le gouvernement met en place un plan d’action pour aider les TO à promouvoir le pays.
La fascination éternelle exercée par l’Egypte auprès des Français va-t-elle être remise en cause ? Entre attentats et accidents, le Pays des pharaons est coutumier des fortes chutes de fréquentation… et des reprises tout aussi fulgurantes. Mais la crise de cet automne semble plus profonde, après une année 2004 record (465 174 touristes en provenance de l’Hexagone).
L’attentat de Sharm el-Sheikh l’été dernier a entraîné un coup d’arrêt brutal des ventes, ce qui est une réaction normale. Mais, semaine après semaine, elles n’ont pas repris, constatent en choeur les TO spécialistes comme les généralistes, qui enregistrent des réservations en baisse de 30 à 70 % par rapport à l’an dernier. Le calme est revenu, et avec lui les touristes italiens, russes et allemands. Mais les Français manquent toujours à l’appel, tant en mer Rouge que sur le Nil, déplore Nahed Risk, à l’Office de tourisme égyptien à Paris, qui met en cause les articles parus dans la presse française sur la sécurité des compagnies charters. Il n’y a pas eu cette levée de bouclier dans les autres pays européens, indique-t-elle. Aux attentats et à la psychose de l’aérien, se sont rajoutées la crise économique et les hausses de prix, notamment du pétrole, ajoute Hervé Vighier, PDG d’Etapes Nouvelles (leader avec 92 729 clients en 2004) dont les ventes ont chuté de 30 % par rapport à l’an dernier. Même s’il a réduit ses engagements de 20 %, le TO est l’un des rares opérateurs français à avoir conservé ses affrètements, avec deux vols sur Aigle Azur et Air Horizons (qui ont remplacé Lotus Air). Nous volons français, y compris sur les vols intérieurs, tient-il à préciser. Les autres TO ont recours aux consolidateurs, en particulier Air Masters, qui privilégie lui aussi les transporteurs tricolores…
A partir de quel prix les clients n’auront plus peur ?
Les voyagistes s’interrogent désormais sur les mesures à prendre pour relancer la destination. Certains refusent de s’engager dans une course aux promotions. L’Egypte est déjà bon marché ! Je me demande à partir de quel prix les clients n’auront plus peur !, fustige Floréal Gavalda, directeur de production chez Kuoni. Thomas Cook/Neckermann avait misé pour sa part sur la destination cet hiver avec un village-club à ses couleurs près d’Hurghada. Le rythme des réservations n’est pas celui que l’on espérait, regrette Serge Lamberti, directeur de production, qui va mettre l’Egypte en avant dans les 450 points de vente du réseau et emmener en éductour 200 de ses vendeurs en février.
STI mise quant à lui sur des produits innovants pour séduire une clientèle nouvelle, comme un Noël copte de 6 j/5 n, et a lancé un challenge de vente sur son site Internet professionnel. Pour dix dossiers réalisés jusqu’à fin janvier, les vendeurs gagnent une croisière pour deux, avion compris, explique Pierre Banlin, directeur commercial du voyagiste.
Un petit coup de pouce pour les vols charters
De son côté, le gouvernement égyptien a repoussé à mai 2006 l’augmentation de 25 % du prix des entrées sur les sites archéologiques, qui était prévue au 1er novembre. Et en attendant la campagne de communication que l’OT doit démarrer au début de l’an prochain, des aides financières ont été mises en place pour encourager les vols charters, notamment à destination de Louxor et Sharm el-Sheikh. Le gouvernement a annoncé une subvention de 2,5 dollars par client, confirme Hervé Vighier. Fidèle à sa politique, Etapes Nouvelles n’hésitera pas à se singulariser en lançant prochainement des promotions pour relancer la fréquentation.
